Halo : Les Mondes de verre

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Glasslands
Informations
Auteur :
Éditeur audio :
Nombre de pages :
445
Langue :
Anglais
Date de sortie :
25 octobre 2011

Halo: Glasslands est le premier tome de la Trilogie Kilo-Cinq, une série écrite par Karen Traviss. Faisant suite de Halo: Ghosts of Onyx, il suit en parallèle les aventures de trois groupes de personnages : l'unité Kilo-Cinq, le Sangheili Jul 'Mdama et les survivants de la Bataille d'Onyx, emprisonnés dans un Monde Bouclier Forerunner.



Synopsis

Après une longue et brutale guerre ayant fait des milliards de victimes sur Terre et dans ses colonies, l'Alliance Covenante s'est enfin écroulée. Pour la première fois depuis des décennies, la paix semble possible. Mais malgré la fin des combats, la guerre est loin d'être finie : elle continue juste loin des regards. Les services secrets de l'UNSC, l'ONI, ont recrutés l'unité Kilo-Cinq, constituée d'ODST, d'un Spartan_II, et d'une I.A. diabolique, afin d'accélérer l'insurrection Sangheilie. Pendant ce temps, l'Arbiter, transfuge devenu chef des Covenants Séparatistes, lutte pour empêcher une guerre civile de déchirer son peuple.

À l'autre bout de la galaxie, une femme que tout le monde pense morte sur Reach est en fait bien vivante. Le Dr. Catherine Halsey a transgressé les lois pour concevoir les Spartans-II, et elle continuera à passer outre pour les sauver. Égarée avec l'Adjudant-Chef Mendez et une équipe de Spartans dans une bulle de sous-espace cachée au cœur de la défunte planète Onyx, elle découvre un Monde Bouclier gardant d'anciens secrets : une technologie Forerunner capable de tout changer pour l'UNSC et l'humanité.

Alors que Kilo-Cinq rejoint la traque d'Halsey, le violent passé de l'humanité s'éveille sur la planète rebelle Venezia, où se cachent tout ceux qui n'attendent qu'une occasion de se révolter contre l'autorité de la Terre, et un de ses plus dangereux terroristes possède un douloureux lien avec Halsey et Kilo-Cinq, qui mettra à l'épreuve la loyauté de chacun.


Résumé

Le prologue reviens rapidement sur les derniers évènements de la Bataille d'Onyx, avant de faire le point sur la situation à l'intérieur du Monde Bouclier : les survivants (le Dr. Catherine Halsey, l'Adjudant-Chef Mendez, les Spartans-II Frederic-104, Kelly-087 et Linda-058, ainsi que les Spartans-III des équipes Saber, Ash-G099, Olivia-G???, Holly-G003, Dante-G188, Mark-G???, et Foxtrot, Lucy-B091 et Tom-B292) se retrouvent face à problème de nourriture, ne savent toujours pas comment réveiller la Team Katana de leur sommeil et surtout, ignorent comment sortir. Ils décident donc d'explorer le monde bouclier.

L'histoire commence sur la colonie de la Nouvelle Llanelli, dans le Système Brunel, où se tient une réunion entre le Capitaine Serin Osman et le Sangheili Avu Med 'Telcam, assistés par le spécialiste des élites Evan Phillips. 'Telcam, chef des Serviteurs de la Vérité Constante, passe un pacte avec le Capitaine : en échange d'armes permettant de fomenter une rébellion contre le gouvernement mis en place par Thel 'Vadam, que 'Telcam considère comme un hérétique aux croyances, aucune action guerrière ne sera entreprise à l'encontre de l'UNSC. Le pacte conclu, les deux humains rentrent sur Terre à bord de l'UNSC Battle of Minden.

Au HIGHCOM Facility Bravo-6, dans la ville dévastée de Sydney en Australie, le capitaine Osman discute avec son mentor, l'Amiral Parangosky, chef de l'ONI, de la formation de l'unité Kilo-Cinq, ainsi que de la possible survivance d'Halsey. La mission de Kilo-Cinq serait en priorité de catalyser la rébellion Sangheilie, puis d'assister les équipes de recherche autour d'Onyx si quelque chose venait à être trouvé. Pendant ce temps, deux ODST de l'équipe, Vaz et Mal, font un détour par un bar en ruine pour honorer la mémoire d'un camarade, puis rejoigne leur point de rendez-vous où ils rencontrent Lian Devereau, pilote ODST, et Naomi-010, une Spartan-II. Ils sont rejoints et débriefés sur leur mission par le capitaine Osman, le professeur Phillips et l'amiral Parangosky, puis sont présentés à leur vaisseau, l'UNSC Port Stanley et à l'I.A. qui les accompagnera, Black Box, l'assistant personnel de l'amiral. En chemin pour leur mission, le groupe reçoit un signal de détresse du vaisseau UNSC Ariadne, en panne en orbite de la planète Venezia. Mais les forces au sol refusent de les aider. Le Port Stanley continue sa route, mais note de revenir aider le vaisseau.

Sur Sanghelios, Jul 'Mdama, un ancien commandant de flotte ayant des difficultés à revenir à une vie calme, assiste à une réunion des chefs de clans organisée par Thel 'Vadam. Durant celle-ci, Thel prône la reconstruction de leur civilisation, marquée par leur dépendances aux autres espèces durant le Covenant, et la paix avec les humains. Mais Jul pense que la destruction des humains doit être une priorité, et se monte contre l'ancien Arbiter. Mais Thel manœuvre habilement, en mettant en avant leur droit d'essayer de le tuer si ils ne sont pas en accord avec lui, suivant la tradition selon laquelle seuls les Kaidons capables de se défendre eux-mêmes sont aptes à défendre leur peuple. Jul, dépité, mais ayant été approuvé par son confrère Forze, retourne sur les terres de Mdama, et assiste à un attentat contre une antique relique Forerunner sur des terres voisines, puis découvre peu de temps après les terres de ses voisins en ruines, et les dirigeants, Relon et Jalam, sauvagement assassinés. Le crime est signé : les Serviteurs de la Vérité Constante ont punis les hérétiques pour leur affront aux reliques des dieux. Jul, malgré les avertissements de son Kaidon, Levu 'Mdama, voit dans les moines extrémistes de parfaits alliés pour renverser Thel 'Vadam. Jul et Forze se rendent alors à Ontom et y rencontrent les moines dans leur temple rempli de reliques Forerunners. Ils réussissent à former une alliance, et réussissent à faire sortir clandestinement le vaisseau Unflinching Resolve de son quai grâce à la complicité de son commandant : Buran, avant de le cacher sur les terres de Mdama.

Dans le monde bouclier, le groupe arrive près de tours Forerunners. En les explorant, le groupe perd Lucy qui, en allant vérifier une zone, se retrouve projetée dans un hangar. La situation est problématique, car le mutisme post-traumatique de Lucy l'empêche d'appeler à l'aide, et les radars et communications ne fonctionnent pas dans le monde bouclier. Elle rencontre des formes de vie qu'elle pense hostiles, et blesse accidentellement un Huragok. Lucy, bouleversée par son acte, rencontre alors d'autres ingénieurs, dirigés par Prone to Drift. Ce dernier, détectant la Spartan comme un Dépositaire, la pense "cassée" et souhaite la "réparer". Les deux individus réussissent à communiquer quand le Huragok bricole un écran et un clavier, et Lucy surmonte son mutisme en se forçant à constituer des phrases compréhensibles. Elle apprend alors que les Huragoks peuvent communiquer avec l'extérieur du monde bouclier, mais qu'ils s'y refusent, ainsi que de se montrer aux autres survivants. Dehors, le reste du groupe recherche activement leur disparue, et arrive dans une ville.

Le Port Stanley sur de sous-espace à proximité de la Nouvelle Llanelli, et y dépose une partie du groupe et un Warthog pour retrouver 'Telcam ou point de rendez-vous pour échanger les armes. L'échange fait, le groupe découvre un survivant de la vitrification de la planète : Tom Muir, et le ramènent au Port Stanley, sous quarantaine. Ils se déplacent ensuite dans la région de Reynes, pour y extraire un agent de l'ONI, Mike Spencer, placé dans un poste d'observation de Sanghelios peut avant la fin de la guerre, et travaillant avec des indicateurs Kig-Yars. Alors qu'ils s'apprêtent à quitter la planète, les Rapaces les attaquent pour leur voler leur matériel, mais les rapaces sont éliminés. Le Port Stanley revient près de Venezia, pour échanger Muir et Spencer avec l'UNSC Monte Cassino, et secourir l'Ariadne, mais celui-ci est détruit par des canons orbitaux. Alors que le Monte Cassino s'approche de l'épave pour chercher des survivants, Venezia le contacte et le somme de s'éloigner sous peine d'être également détruit. Le vaisseau de l'UNSC ignore leurs sommations et les canons orbitaux font de nouveau feu, mais le Monte Cassino esquive et détruit les canons. Peu après l'échange de passagers, le Port Stanley repère un vaisseau Brute, le Piety, et découvre qu'ils transportent un précieux chargement : un Huragok. Le Piety est abordé, Kilo-Cinq élimine l'équipage et capture Requires Adjustment, avant de découvrir que le chargement devait parvenir à leurs alliés des Serviteurs de la Vérité Constante. Ils échangent alors les corps des Brutes par ceux des Rapaces récupérés lors de l'escarmouche sur la Nouvelle Llanelli, et les équipent avec des armes humaines pour faire passer les attaquants pour des mercenaires, puis laissent le vaisseau continuer sa route.

Peu de temps après, sur Sanghelios, 'Telcam et et Jul assistent à l'arrivée du Piety et s'attendent déjà au pire, la Brute Manus ne répondant pas aux appels. Ils découvrent alors le massacre, et se laissent prendre à la supercherie des humains. Plus tard, Jul insiste pour suivre 'Telcam lors de son rendez-vous avec ses mystérieux fournisseurs, mais celui-ci refuse catégoriquement. Intrigué, Jul le suit discrètement, et découvre que ses fournisseurs sont les humains qu'il exècre. Ayant découvert le paradoxe de leur relation, il tente de s'enfuir mais est prit en embuscade par Vaz, Mal et Naomi, et capturé.

Dans le monde bouclier, le groupe retrouve enfin Lucy, qui a réussit à convaincre Prone to Drift qu'ils ne seraient pas hostiles. L'ingénieur s'enquiert alors de la situation à l'extérieur du monde bouclier, découvrant que le plan de préservation a fonctionné correctement, et montre au reste du groupe le hangar Forerunner, dont l'abondance de découverte technologique enthousiasme Halsey. Il leur révèle également que le monde bouclier est une bulle temporelle, et que le temps s'écoule plus vite au-dehors, ainsi que ce sont eux qui ont récupérés la Team Katana et les ont placés en stase pour les maintenir en vie. Enfin, il leur annonce qu'il maintient une communication avec l'extérieur. Mendez demande d'envoyer un signal, mais Prone refuse, voulant avoir confirmation que les objets à l'extérieur ne sont pas hostiles. Mais la réticence de l'huragok agace Halsey, qui en deviens trop brusque avec l'ingénieur. Lucy, insupportée par l'attitude d'Halsey, la frappe au visage de colère, avant de se rendre compte de son geste. Ce nouveau choc émotionnel lui fait rompre son mutisme, mais Halsey engage alors une joute verbale avec Mendez, la première défendant l'incompétence et l'inconscience des meneurs du projet SPARTAN-III permettant l'intégration de soldats instables, le deuxième assurant que le programme reste plus propre que le programme SPARTAN-II et que les Spartans-III restent des soldats viables. Frederic intervient et sépare les deux parties. Prone, ravi que Lucy soit "partiellement réparée", permet alors une communication avec l'extérieur. Halsey entre alors en contact avec l'Amiral Parangosky.

Sur le Port Stanley, Jul 'Mdama, emprisonné, subit un interrogatoire par Evan Phillips, qui joue sur les valeurs Sangheilies pour lui soustraire des informations, pendant que Requires Adjustment retire des données de l'armure de l'élite. Alors que Osman se demande si elle doit faire part de son prisonnier à 'Telcam, elle reçoit de nouveaux ordres. Elle doit d'abord accompagner l'Amiral Hood, qui se rend dans l'état de Vadam pour s'entretenir avec Thel 'Vadam, puis elle devra emmener son équipe récupérer Halsey. L'unité se retrouve sur l'UNSC Iceni, et accompagne Hood jusqu'à ce qu'il signe un traité de paix entre les humains et les élites d'une poignée de mains. Thel se prend également d'intérêt pour Phillips, qu'il invite à faire une visite culturelle sur Sanghelios. Au terme de leur rencontre, Hood invite Thel a être présent lors de la cérémonie commémorative qui aura lieu sur Terre en l'honneur des morts de la guerre et celui-ci accepte.

Dans le monde bouclier, la conversation entre Halsey et Parangosky continue. Halsey révèle la présence d'artefacts Forerunners dans le monde bouclier, et elle apprend la disparition de Cortana et John-117, ainsi que la mort de sa fille Miranda Keyes, ce qui fait naître un sentiment de culpabilité chez elle. Prone accepte ensuite de faire revenir le monde bouclier dans l'espace normal, et créée trois nouveaux ingénieurs pour assister les humains, son équipe devant rester en fonctions dans la structure. Mendez fait ensuite la demande à Parangosky de renommer le monde bouclier "Ambrose" en l'honneur de Kurt-051, dont Ambrose était le faux nom. Mais Halsey préféra augmenter cet hommage, en donnant le véritable nom du Spartan : Trevelyan.

Un peu plus tard, le Port Stanley, l'UNSC Glamorgan, l'UNSC Belleisle et l'UNSC Dunedin se retrouvent à proximité de l'anomalie spatiale d'Onyx. Le monde bouclier passe alors dans l'espace normal, et Kilo-Cinq y pénètre. Les survivants sont récupérés, et Halsey mise en état d'arrestation. Alors que les Spartans seront envoyés à Sydney pour un débriefing, le docteur sera transféré dans l'UNSC Compton-Hall. Jul est également transféré dans le monde bouclier, devenu le Centre de Recherche de l'ONI Trevelyan, et jure de se venger de l'unité Kilo-Cinq. Sur le Port Stanley, Naomi demande à Vaz de lire et de lui rapporter ce que contient son dossier personnel, n'ayant pas le courage de le lire elle-même, alors que les autres Spartans refusent d'en apprendre plus sur leur passé. L'ODST découvre alors que, lors de la mort du clone de Naomi, sa mère s'est suicidée, et son père, fou de chagrin, imagina une théorie du complot et se persuada que la morte n'était qu'un clone de sa fille. Sidéré par une telle cruauté, Vaz voulut tuer Halsey, mais Black Box l'en dissuada.

Plus tard, au Hillside Memorial, où sont présent Kilo-Cinq ainsi que les survivants du monde bouclier, Osman apprend sa promotion, l'envoi de Spencer comme espion sur Venezia, devenu un foyer de la rébellion, le voyage de Phillips vers Sanghelios, et est informée du projet Infinity. Sur Sanghelios, Phillips, équipé d'une caméra reliée au Port Stanley, visite les plus anciennes constructions Sangheilies, et constate que les combats ont commencés sur Sanghelios.

Sur la station de recherche de l'ONI Ivanoff, autour de l'Installation 03, Halsey subit un interrogatoire de Parangosky, durant lequel elle lui annonce que toute l'UNSC la croit morte, en lui présentant une plaque mortuaire à son nom, l'accuse d'avoir conçu des clones des Spartans sans qu'elle en soit informée, pour soulager sa conscience, et lui annonce finalement non seulement qu'elle est entrée en possession de son journal, mais également qu'elle sera placée sur le programme SPARTAN-IV.

Vaz et Mal sont envoyés sur Venezia, afin de rencontrer Spencer, qui se fait passer pour un insurrectionniste dans la Nouvelle Tyre. L'informateur présente des photos des plus dangereux terroristes de la planète, et Vaz reconnaît alors Staffan Sentzke, le père de Naomi. Sur Sanghelios, Phillips attire les foules Sangheilies par sa capacité à parler leur langue et à résoudre facilements les casse-tête Arum. Dans l'un d'eux, il découvre un message venant des Serviteurs de la Vérité Constante. 'Telcam l'invite alors dans son temple, et lui demande des informations à propos de Jul 'Mdama. Phillips déclare ignorer qui il est, puis deux explosions retentissent et coupent la caméra. Le Port Stanley entre alors en état d'alerte, et doit retourner chercher Vaz et Mal, avant de se rendre sur Sanghelios pour tirer l'affaire au clair.


Traductions

Traductions de forerunner343i

Prologue

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Novembre 2552, emplacement non défini. DERNIER LIEU SOUS-ESPACE VERIFIE: LE COEUR DE LA PLANÈTE ONYX.

C'est une belle journée ensoleillée. Les branches de chêne se balancent doucement dans la brise et l'air a un parfum de fleur inconnue.

Et nous sommes pris au piège.

N’avez-vous jamais couru et ne vous êtes-vous jamais caché comme un gamin? Toujours claquer la porte du placard derrière vous, rire parce que vous étiez sûr que l’on ne vous retrouverait jamais, puis réaliser que vous vous étiez enfermée? Avez-vous paniqué ou bien poussé un soupir de soulagement ? Je suppose que tout dépend de ce dont vous vous cachiez.

Nous nous sommes cachés de la fin du monde.

Pour ce que nous en savons, c'est déjà arrivé. Il n’y a personne qui sait que nous sommes ici. Nous pourrions être les derniers êtres vivants de la galaxie - moi, l’Adjudant-Chef Mendez, et un détachement de Spartans. Correction: trois de mes Spartans - Fred, Kelly et Linda- et cinq autres qui sont tout autre chose, cinq autres dont je ne savais même pas qu’il existaient jusqu'à il y a une semaine, et s'il y a une chose que je ne peux pas supporter, c'est ne pas savoir.

Vous vous me l’'expliquerez, chef. J'ai tout le temps aujourd'hui. J'ai plus de temps que je ne sais quoi en faire.

Mendez sort quelque chose de sa poche de pantalon et le regarde fixement comme un pèlerin regarde une sainte relique avant de l’y remettre.

"Vous pouvez lire le Forerunner,n'est ce pas Dr Halsey ?" dit-il, impassible. Nous ignorons encore ce qui pèse sur nous en ce moment, aucun de nous ne dit ce qu’il pense vraiment. Il a ses secrets, et j'ai les miens. "Connaissez-vous le symbole de garde-manger? Ce serait bon à savoir. " Il a les yeux fixés sur un soleil qui ne saurait être là, installé dans un ciel artificiel qui du bleu d'été en pleine journée à un ciel sombre et sans étoiles durant la nuit. Nous ne sommes pas sur Onyx, ni dans cette dimension, de toute façon Adjudant-Chef, c'est le bunker le plus avancé jamais construit." Je ne suis pas sûr de qui je suis en train de rassurer, lui ou moi. "Une civilisation suffisamment avancée pour construire une bombe capable de vider une galaxie de ses habitants ne pourrait pas oublier la nourriture. "

C'est une journée magnifique à l’intérieur de cette sphère de Dyson, et au-delà de ses murs . . . eh bien en fait, je ne sais pas. Nous étions à Onyx. Maintenant, nous sommes quelque part dans le Sous espace. Chaque fois que je pense que j’ai compris la technologie Forerunner, quelque chose d'autre surgit et me surprend. Ils doivent avoir partagé notre sens de la beauté ou nous ont légué le leur, parce qu'ils ont fait de cet environnement un paradis rural; les arbres, l'herbe, les rivières, tout est reproduit presqu’à la perfection.

Mendez tapote sa poche, comme pour vérifier s’il est toujours là. «Mieux vaut espérer qu'ils ont prévu le ravitaillement. Ou nous devrons vivre de la terre. "

"Nous avons de l'eau à volonté. C'est déjà ça. "

Mendez m’a connu il y a de ça très longtemps. Au cours des années, il a perfectionné cette expression qui ressemble presque à de la déférence. Presque. Il s'agit en fait de dégoût. Je le sais maintenant. Je peux le voir.

Mais tu n'es pas en mesure de me donner des leçons d’éthique, n’est-ce pas ? Je sais ce que tu as fait. La preuve est en face de moi, ici. Je le lis sur leurs figures.

Mendez s'éloigne dans la direction des deux équipes de reconnaissances qui attendent sous les chênes. Les Spartans II, mes protégés et le projet d’Ackerson, ces Spartans III qui ont l’air impatient de faire quelque chose d'utile. Ils ne gèrent pas bien l'oisiveté. Nous avons fait de la guerre le seul objectif de leur vie.

Maintenant, nous ne savons pas s’il y a encore la guerre à l'extérieur, ou même des gens à combattre dans la galaxie tout entière. Mais ce n'est pas grave. Mes Spartans sont en sécurité ici. C'est tout ce qui compte. Protégés de toutes choses et même du pouvoir destructeur du halo Je ne sais pas si c'est le paradis ici mais ça y ressemble. Un paradis qui a peut-être déjà eu des locataires. Nous allons trouver le moyen de nous sortir d’ici.

Soudain Mendez dit : «D'accord, les Spartans, le camp est sécurisé, nous allons donc secouer et voir ce qu'il y a dans le coin." Mendez sort son fusil et se penche sur Fred. "Conservez les rations jusqu'à ce que nous saurons s'il y a quelque chose à becqueter dans le coin. "

« Dans quelle direction monsieur ? »

«Tout droit. Contrôle radio régulier. " "Les priorités sont dans cet ordre de sécuriser la zone, trouver un approvisionnement alimentaire, et trouver un moyen de faire revivre l'équipe Katana et les autres." Fred-104, a été nommé lieutenant à 41 ans par le Spartan Kurt-051 juste avant que ce dernier meurt, empêchant les Covenants d’atteindre le noyau d’Onyx.

Combien de Spartan-III Ackerson a-t-il donc bien pu créer ? Cinq sont déjà en suspension ici, avec trois autres hommes que nous ne pouvons pas identifier, mais nous n’avons encore aucune idée de comment ouvrir leurs caissons Forerunners de Sous-Espace. Ils vont avoir une sacrée histoire à raconter lorsque nous réussirons à les en sortir.

Fred prit la parole. "Considérez cela comme une connaissance. Nous les Spartans-II devons apprendre à nous familiariser avec vous les Spartan-III de sorte que lorsque nous sortirons d'ici, nous serons prêts à combattre efficacement ensemble. Kelly, Dr Halsey, Tom et Olivia-vous êtes avec Mendez. Linda, Lucy, Mark, Ash avec moi. On y va. "

Comme Fred se tourne pour partir, je capte son regard. Il n'a jamais été très doué pour cacher ses sentiments, mais il ne peut pas me les cacher à moi de toute façon. Je suis ce qui se rapproche le plus d’une mère pour mes Spartans – et ils le savent. Il ferme les yeux comme s'il pouvait bloquer ne serait-ce qu’une fraction de seconde, la douleur qu’il supporte. Nous avons enterré nos morts ici. Deux de ces Spartan-III, encore dans l'adolescence, encore des enfants . . . et Kurt qui ne s'est jamais rendu dans la sphère.

Je pensais que vous étiez déjà mort, Kurt. Maintenant, je vous ai perdu deux fois.

Fred tape sur l'épaule de Lucy. "Tu vas bien, Spartan?"

Elle lui donne un clin d'œil distrait. Elle parait inquiétante, engoncée dans son armure SPI qui trouble sa silhouette –mi humaine, - mi ombre et trop traumatisée pour parler. Mendez a formé ces enfants. Il savait. Il savait ce qu’Ackerson faisait avec mes recherches. Il faisait partie de ce plan depuis le début : échanger des vies contre du temps. Ah quel gâchis !

Et je n’oublierai jamais cela Adjudant, jamais.

Kelly ralentit et se met à marcher à côté de moi. Je n’ai plus vingt ans et je n'ai certainement pas la foulée d'un Spartan de deux mètres, ou même d’un Spartan III de « seulement» un mètre quatre-vingts. Mon Dieu, ils sont trop petits. Comment peuvent-ils être déjà des Spartans ?

«Vous êtes encore tombé sur votre pied, Dr Halsey», dit Kelly. "Peut-être un terrier de lapin. Saviez-vous ce que c'est que cet endroit ? "

«Tu devrais essayer d’arrêter de me regarder comme si je savais tout."

"Vous pensez que nous allons perdre cette guerre. Mais je sais que nous pouvons gagner. "

«Je me forge mon opinion à partir de ce que j’ai déjà vu. Mais cela ne me dérangerai pas d'avoir tort pour une fois. "

Jusqu'à quel endroit devais-je aller mesure pour sauver mes Spartans ? Cet endroit. Je les ai attirés vers Onyx, l'endroit le plus sur auquel je pouvais penser, parce que je savais qu'ils n'auraient jamais abandonné leur poste autrement. Je leur ai menti pour les sauver.

J'ai fait des choses terribles, monstrueuses, des choses criminelles, qui étaient nécessaires, mais je l'ai fait pour eux. Je les ai enlevés alors qu’ils n’étaient que des enfants. J’ai mené des expériences sur leurs corps jeunes et vierges d’enfants en vue de leur donner force, endurance et intelligence. Pour qu’ils survivent. La moitié d'entre eux furent tués. J’ai fait d'eux des soldats mécaniques, sans vie, obéissants sans discuter aux ordres les plus fous et les plus dangereux de l’Amirauté .

Ce qui a du être fait a été fait mais je regrette aujourd’hui.

Il n'y a pas de dieu nous attendent pour nous juger quand nous mourons. Il n’y a ni paradis ni enfer, seulement la douleur ou les bons souvenirs que nous laissons derrière nous. Mais je ne veux pas le pardon de la société, ou de Mendez, ou même le mien. Je veux juste faire ce qui est bon pour ces hommes et ces femmes, dont la vie a été gâchée par moi. Seul leur pardon peut me donner l'absolution. Je commence à oublier que nous sommes pris au piège dans une sphère dans les plis d'une autre dimension, parce que mon cerveau commence à s'habituer à dire des mensonges bénins. Je regarde à travers une mer d'arbres deux élégantes structures saillantes couleur d’or au-dessus de la canopée à quelques kilomètres.

"C'est très impressionnant, docteur," dit-elle. "Hé, chef, vous pensez que c’est quoi ?"

"Mieux vaudrait que ce soit la cantine." Mendez garde un œil sur les arbres comme s'ils étaient remplis d’ennemis. "Ou un moyen de sortir d'ici. N’oubliez pas que c’est encore l’enfer à l’extérieur !. "

Il a raison. Gagnées ou perdues, les guerres ne s’arrêtent jamais. Je pense que nous avons déjà perdu. Si l’Alliance n’a pas encore envahie la galaxie alors cette forme de vie qu'ils appellent les Parasites l’a déjà fait, ou encore les gigantesques Halos ont fait feu et ontdébarraser la galaxie de tout ses habitants. Mais si nous gagnons …

Même si nous gagnons, la galaxie sera toujours pleine de dangers inconnus.

Je me demande où John est maintenant. Et Cortana. Et. . . Miranda.

Miranda? Je ne l'ai pas oubliée. N’est-ce pas ?</toggledisplay>

Chapitre 1 (VF) :

<toggledisplay hidetext=[Masquer]> CHAPITRE UN - Traduction par Forerunner343i

Un Dieu qui crée des instruments est toujours un Dieu. Nous ne pouvons pas imposer de qualification a ce qui est divin ni prétendre deviner ses intentions.

(Ancien Maréchal Avu Med ‘Telcam du Neru Pe’Odosima – Serviteurs de la Vérité Constante– à propos des révélations de la nature des Forerunners)

EX-COLONIE NOUVELLE LLANELLI, SYSTEME BRUNEL : JANVIER 2553.

C’était un immonde bâtard, et la tentation de l’abattre à l’endroit où il se tenait était presque plus forte que ce que Serin Osman pouvait supporter.

C’était également un acte plutôt dérangeant. Ses bras gesticulaient comme s’il était engagé dans un discours emphatique sur la politique ou la religion ou quoi que ce soit qu’ils jouaient à la place du football, ses mâchoires en forme de feuille de trèfle successivement claquant, successivement ouvertes puis fermées, comme un piège à gin. Osman l’observait depuis la baie de chargement de la navette, son fusil posé sur le panneau de contrôle. Les affaires pouvaient devenir incontrôlables avec un extra-terrestre de deux mètres cinquante bien avant que vous ne le sachiez. Elle était prête à supprimer la chose avant qu’elle n’écrase Philippe.

Il pouvait en effet parler leur langue, même si certains sons défiaient de simples mâchoires humaines. Elle se demandait à quoi cela ressemblait pour eux. Il rendait des signes au Sangheili, et bien qu’elle ne put entendre la conversation celle-ci avait l’air de fonctionner. L’extra-terrestre fit ce truc bizarre avec ses mandibules inférieures, pressant les deux côtés ensemble pour imiter une mâchoire humaine et essayant de produire des sons mieux articulés.

Ainsi la tête à charnières imitait également. C’était bon signe. Un bon signe dans un mauvais marché. Non, pas un mauvais marché : un sale marché. Osman descendit de la baie, soucieuse de garder son fusil à proximité de sa jambe afin qu’elle ait l’air prête mais pas menaçante. Philippe lui jeta un regard par-dessus son épaule, semblant inconscient du risque.

Je ne quitterai jamais cette chose là des yeux. Mon Dieu, qu’apprennent-ils à ces académiciens à propos de la sécurité personnelle ?

Elle s’appuya contre le montant de la porte et attendit, jetant un œil à sa montre pour contrôler l’heure de Sydney. Autour d’elle, les ruines de Nouvelle Llanelli avaient l’air d’une réprimande. Les morts la frappaient sur son épaule, horrifiés : Et vous êtes en train de parler à ces bâtards, maintenant ? Sur nos tombes ?

Un rayon de soleil transperça les nuages et fit apparaître un reflet lumineux sur un lac au loin. Non… ce n’est pas un lac. Son cerveau avait fait le lien et fait la mauvaise supposition. Elle sortit son datapad de la poche de sa veste d’une main, et vérifia. Il n’y avait pas une goutte d’eau à des centaines de kilomètres sur le Factbook de l’aac1. La surface réflective était un sol sablonneux vitrifié, poli comme un miroir, des hectares de ce qui avait une fois été du seigle et des pommes de terre.

Lorsque les Covenants vitrifiaient une planète, ils ne faisaient vraiment que ça.

Philips fit un geste à son attention et la divertit de cette pensée inconfortable que la planète lui faisait un reproche. Il fit de grandes enjambées jusqu’à la navette, apparemment content de lui.

« Le Prêtre veut vous parler », dit-il. « Je lui ai dit que vous étiez le boss. Son Anglais est assez bon, alors allez droit au but. Et ne l’appelez pas un ‘Elite’. Utilisez le nom correct. C’est important pour eux.»

Osman se releva de la cloison avec sa hanche. « Un Prêtre ? »

« N’en tenez pas rigueur. » Philippe – Le Professeur Evan Philippe, un autre académicien respectable qui avait été enrôlé par l’ONI – retrouva son air sérieux. « Ils m’ont dit qu’il était dévot, mais je n’avais pas réalisé à quel point il l’était. »

« Ça risque de poser problème ? »

« Ça pourrait être un bonus. »

«Oui, ils ont tendance à respecter un plan. »

« Je voulais dire qu’il s’agit d’un fondamentaliste. La Vérité Eternelle. Une très, très vieille conception de la foi. »

« Soufflez-moi. Je ne suis pas anthropologiste. »

« On dit qu’ils ont amassé des reliques Forerunners originales depuis l’époque de leur premier contact. Leur équivalent des ‘doigts de saint’.

« Génial, ça doit être mon anniversaire. » Osman ne savait pas vraiment quand c’était. Aujourd’hui semblait être un jour aussi bon qu’un autre. « Peut être qu’ils ont quelques schémas dans un tiroir poussiéreux ou un truc du genre. »

« Venez, ne le faites pas attendre. »

« Comment se comporte-t-il avec les femmes ? Je ne me rappelle pas avoir jamais vu une femelle Sangheili. Est-ce qu’ils les gardent enfermées ou quelque chose comme ça ? »

« C’est loin d’être aussi simple. » Philippe lui fit signe de le suivre. « Les femmes exercent un grand pouvoir politique sur les enjeux de la lignée. Quand vous aurez quelques heures à tuer, je vous expliquerai. »

Elle n’en avait pas, et cela pouvait attendre. Elle marcha en direction du Sangheili, se préparant mentalement à ne pas l’appeler ‘Elite’ ni ‘bâtard de tête à charnières meurtrière’.

Osman était plus grande que la moyenne, et à un mètre quatre-vingt-dix[1] elle n’était pas habituée à devoir lever la tête pour parler à quelqu’un. Mais le Prêtre la dominait d’un mètre, comme un monument dans son armure dorée. Pendant quelques instants elle se retrouva en train de faire face à un visage d’un manque de traits inquiétant, avant de fixer son regard sur les yeux noirs et les petits naseaux évasés juste en dessous. Le Prêtre reniflait son odeur. Troublant qu’il n’essaye même pas de le cacher.

« Capitaine Osman », dit Philippe avec prudence, tournant la tête d’arrière en avant entre elle et le Sangheili. « Laissez-moi vous présenter à Avu Med ‘Telcam, émissaire des Serviteurs de la Vérité Eternelle. Il était autrefois Maréchal mais il a… renoncé à emprunter la voie des infidèles et lavé son nom, car ils ont apporté honte et misère sur la nation Sangheili… et ils méritent d’être empalés. » Il semblait citer avec beaucoup de précautions, jetant des coups d’œil réguliers au Sangheili, comme s’il lui demandait confirmation. Il lança à Osman un regard lui intimant de ne pas dire de bêtises. « Il pense par là à l’Arbiter. »

‘Telcam renifla à nouveau. Osman pouvait le sentir également. Une odeur légèrement tannée, comme les sièges d’une voiture neuve. Ce n’était pas désagréable.

« Osman, capitaine de vaisseau. ‘Telcam comprendrait. « Ainsi vous savez que je tiens ma parole. On peut discuter ? » Elle adressa à Philippe un regard signifiant ‘fous-le-camp’. Il n’avait pas à entendre ce qu’elle avait à dire, et cela autant pour son propre bien que pour celui de la Terre. « Pouvez-vous nous laisser dix minutes, Professeur ? »

Philippe acquiesça et s’éloigna. C’était pour cette raison qu’Osman n’aimait pas la coopération des spécialistes. S’il avait su ce qu’elle allait faire, il lui aurait probablement tenu un discours sur la morale.

Je peux être en train de le sous-estimer, bien sûr. Mais son travail est terminé. Ce n’est plus son problème désormais.

‘Telcam pencha sa tête d’un côté. Osman devait faire un effort pour comprendre, mais ce n’était pas plus dur que de se concentrer sur un signal radio brouillé. En réalité la créature parlait très bien l’Anglais.

« Capitaine, mon peuple a été puni car ils n’avaient pas la foi », dit-il. Un fin filet de salive se formait sur son visage à chaque fois qu’il utilisait un son sifflant ou un F. ça n’avait pas l’air facile d’articuler avec cette quadruple mâchoire. « Le traître Tel ‘Vadam et ses semblables affirment désormais que les Dieux sont des menteurs, et qu’à ce titre ils doivent mourir. Nous avons été sous l’emprise de races bâtardes assez longtemps. Nous avons laissé les faux prophètes des San’Shyuum corrompre notre pure relation avec les divinités. Maintenant nous devons faire pénitence et ramener la nation Sangheili sur la bonne voie. Alors que pouvez-vous bien désirer de nous ? Souhaitez-vous convenir d’une trêve ?

« Comment aviez vous prévu d’éliminer ‘Vadam et les autres… traîtres ? »

«Il nous reste peu de vaisseaux actuellement. Peu d’armes également. Mais nous possédons notre dévotion. Nous trouverons un moyen. »

Osman remarqua l’épée énergétique accrochée à sa ceinture. On en a un bien ici. Un maniaque lourdement armé, soucieux du respect de ses Dieux. Merveilleux. Je peux conclure un marché avec ça. Elle essaya de trouver un véritable terrain d’entente, au cas où il sente de la peur ou de la tromperie en elle. Une once de vérité dans un tissu de mensonges fait des merveilles.

« Qu’en pensez-vous si nous vous fournissons des armes ? »

Il recula brutalement sa tête. « Et pourquoi feriez-vous cela ? Le traître se range du côté des humains contre ses propres frères. »

« Les humains jouent avec le hasard. Je parie que votre camp va gagner. Les amis morts ne sont d’aucune utilité. »

« Ah. » ‘Telcam émit un faible son, ressemblant à cheval soufflant entre ses lèvres. Une fine pluie tomba sur elle et elle se retint de s’essuyer. Elle sentit un relent ou quelque chose ressemblant beaucoup trop à de la nourriture pour chien. « Faiseur de roi. C’est notre politique. Vous nous aidez à prendre le contrôle de façon à connaître votre ennemi et pensez que vous pourrez ensuite nous contrôler. »

« Vous voyez, nous ne serons jamais amis, Maréchal. Mais nous pouvons nous accorder à rester hors du chemin de l’autre et à mener une existence séparée. Trop de vies ont été perdues. Cela doit cesser. »

‘Telcam se pencha encore, comme s’il faisait une inspection de l’uniforme. « Vous avez des colonies par ici. Cela fait partie de la guerre. C’est la cause de notre rivalité. »

« Certaines de nos colonies ne nous aiment pas beaucoup non plus. Les humains tuent également les humains. »

« Comme vos vies sont embrouillées. »

« Ma foi, vous parler très bien Anglais »

« J’étais traducteur autrefois. J’interprétais vos communications pour mon vieux capitaine. Je parle de nombreuses langues humaines. »

Bon, ça expliquait un sacré nombre de choses. Philippe ne le savait visiblement pas, en tout cas il ne l’avait pas dit, mais Osman décida de ne pas lui en parler car sa tâche consistait en une seule chose : obtenir une audience avec le chef des dissidents Sangheili, qui semblaient vouloir déchirer tout traité de paix. Il avait eu de la chance d’aller aussi loin sans se faire arracher la tête.

« Bien, Maréchal, je pense que nous pouvons nous aider l’un l’autre à garder nos factions instables dans le droit chemin. » Osman se tourna légèrement pour garder Philippe dans son champ de vision, juste au cas où il se rapproche et en entende trop. « Ca demandera sûrement une certaine discrétion, car nous ne pouvons pas être vus comme vos alliés. Mais un empire Sangheili instable ne nous est d’aucune utilité, et un empire humain instable représente une menace pour vous. Compris ? »

« Et certains de mes frères pourraient ne pas comprendre ma volonté de parler aux infidèles. Ainsi nous nous accordons des faveurs, vous et moi. »

« En effet. Pour le plus grand bien. » Osman s’arrêta le temps d’un battement et s’assura qu’elle ne clignait pas des yeux. Les Sangheilis avaient un sens militaire de l’honneur, et la vérité qu’elle s’apprêtait à annoncer au milieu des mensonges allait dans un certain sens vers sa propre satisfaction. « Si je pensais que ‘Vadam survivrait en tant que meneur, je traiterai avec lui à la place. »

Elle n’était pas sur que les Sangheili sachent sourire. S’ils savaient, elle ne savait pas à quoi cela pouvait bien ressembler, pas avec cette quadruple mâchoire. Mais l’expression de ‘Telcam changea légèrement. Les muscles de sa tête reptilienne se relâchèrent un instant.

« J’ai une condition », dit-il.

« Je pensais bien. »

« Vous blasphémez à propos des Dieux. Vous répandez de vils mensonges à leur sujet. Cela doit cesser. »

« Nous vous avons simplement montré ce qu’étaient les Halos. » Et merde. Allez, réfléchit. Il y a moyen de s’en sortir. « Nous n’avions pas l’intention de dénigrer vos croyances. »

« Donc les Halos sont des machines de destruction. Ainsi vous dites que les Dieux eux-mêmes ont été tués par ceux-ci. » ‘Telcam se pencha au dessus d’elle, presque nez-à-nez. Il était si près qu’elle ne pouvait pas focaliser son regard sur ces dents semblables à des canines. Elles voyaient simplement des formes floues dans des gencives violacées. « Votre Dieu a choisi de mourir pour vous et c’est précisément pour cela que vous le vénérez, n’est-ce pas ? Et c’est pour la même raison que vous dites qu’il vit. Cette soi-disant preuve à propos des Halos ne signifie rien. Pas même pour vous. »

Et il utilise le pluriel. Les Halos.

Osman supposait qu’il souhaitait la mettre d’accord avec lui, afin de le rassurer sur le fait que les Dieux pouvaient être à la fois morts et éternels, comme un chat de Schrödinger[2], afin de ramener des certitudes dans sa vie. Elle connaissait cette sensation, mais la dernière chose qu’elle souhaitait était de faire un débat théologique avec un extraterrestre lourdement armé pesant cinq ou six fois sa masse. Elle se retint de dire que son nom était Osman et qu’il pensait à la religion de quelqu’un d’autre.

« Nous avons eu des scientifiques qui clamaient avoir réfuté l’existence de Dieu, et d’autres qui affirmaient qu’on ne pouvait rien prouver », dit-elle prudemment. « Mais cela n’a fait aucune différence pour quelque religion que ce soit. La foi est quelque chose d’indépendant. »

« Donc vous comprenez. » ‘Telcam se recula. « Si vous nous armez… si vous restez loin de nos mondes… alors lorsque nous prendrons le pouvoir et rétablirons le droit chemin, nous vous laisserons seuls. »

« C’est d’accord », dit-elle. Elle tendit presque sa main pour valider cet accord mais se ravisa. « Je vous contacterai bientôt. »

Le Sangheili se retourna et se rendit vers son vaisseau sans rien ajouter. Il était facile de les regarder en ne voyant que des animaux disgracieux avec des jambes étrangement bovines, et non une force supérieure qui avait presque mis la Terre à genoux. Philippe s’approcha d’elle en marchant mais ne demanda pas ce qui s’était passé. Son expression indiquait qu’il était sur le point de le découvrir.

« En avons-nous fini ? »

Osman acquiesça. « C’est un ennemi que nous n’aurons pas à combattre avant un moment. » Elle lui donna une tape amicale. « Bon travail. Je n’aurai jamais pensé que l’on puisse parler avec l’un d’eux, encore moins que l’on parvienne à un accord. On vous le doit bien. »

« J’admets que c’est satisfaisant de mettre la théorie en pratique. Et merveilleux d’avoir un accès unique à l’espace Sangheili tout frais payés, bien sûr. Bon vieil ONI. Mes impôts, bien dépensés.

Osman retourna à la navette, soudain consciente des petits fragments de verre craquant sous ses chaussures. Bordel, ce ne sont pas des bouteilles cassées. C’est de la vitrification. « Vous ne pensez donc pas que vos crédits académiques ont été souillés en vous associant avec nous, sales petits agents secrets. »

« Bien sûr que non. Je ne suis pas naïf à ce point. Je sais ce que vous préparez. Ne me le dites pas, c’est tout. Je dois être capable de nier avec un visage impassible.

Donc il n’était certainement pas stupide, et l’ONI n’était pas en train de faire quoi que ce soit que d’innombrables gouvernements aient fait au fil des siècles, pour leur propre intérêt. Elle aurait dû s’attendre à ce qu’il comprenne. « Et que sommes nous en train de faire, exactement ? »

« Oh, je pensais que je vous aidais à établir des voies diplomatiques avec la démographie difficile à atteindre des Sangheilis… »

« Vous m’avez demandé de ne pas vous le dire. »

« C’est vrai, je l’ai donc fait moi-même. » Il lui adressa un clin d’œil. « Bien, vous avez mis une selle sur le dos de cette bête. Maintenant vous avez intérêt à vous assurer de ne pas en tomber. »

Ils s’installèrent dans leur siège et elle vérifia les voyants du panneau de contrôle avant de passer la main à l’IA. Phillips sifflait, le bruit caché par sa respiration, comme s’il était heureux d’être encore en vie. Osman pensait qu’il serait réticent à rentrer mais il avait visiblement obtenu ce qu’il voulait – un article scientifique éblouissant, une recherche méritant récompense, peut-être même un livre bien rentable – que personne d’autre parmi ses connaissances n’avait, et cela semblait lui suffire.

Il ne reviendrait pas ici. Il le savait certainement. L’ONI le considérait comme un atout à usage unique.

« Rappelez-vous seulement que l’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami, Professeur », dit-elle, ouvrant une liaison comm’ sécurisée. « Il est mon ennemi qui est simplement confronté un obstacle. »

Phillips éclata de rire. « Que de douceur, innocente petite fleur. Vous n’avez jamais travaillé à l’académie, n’est-ce pas ? Sentimentaux comme un prédateur à la préhistoire. Des querelles, des complots, de la vengeance. La routine. »

« J’imagine. » Le voyant de communication sécurisée clignota et Osman baissa la voix. « Osman, m’dame. Le Professeur Phillips et moi sommes de retour. »

« Merci de me le faire savoir, Capitaine. » L’Amiral Margaret Parangosky n’élevait jamais la voix, et elle n’avait jamais besoin de le faire. « Je suppose que les affaires ont marché. »

Osman pouvait traduire ces tournures de phrase à la Parangosky assez facilement. Avez-vous mis en place l’insurrection Sangheili ? Voila ce qu’elle signifiait. Peu de gens en dehors de la Navy et des échelons supérieurs du gouvernement savait qui était Parangosky, et à plus forte raison ne savaient la craindre. Osman suspectait qu’elle était la seule personne dans l’entourage de l’Amiral qui se ferait toujours pardonner même si elle échouait. Mais elle n’était pas pressée de le vérifier.

« Tout va bien, m’dame », dit-elle.

« Remerciez le Professeur Phillips pour moi. Faites bon vol. »

Osman se déconnecta et l’IA reprit le contrôle. La navette trembla sur ses amortisseurs alors que les moteurs atteignaient leur puissance maximale. Dans quelques heures, ils devraient être au rendez-vous avec le Battle of Minden et se diriger vers la Terre, où la mission s’arrêterait pour Phillips mais ne ferait que commencer pour elle.

Jusqu’ici tout va bien.

« Est-ce que j‘aurais une médaille d’or ? », demanda-t-il ?

« Peut être un cookie en plus. »

« Où est le meilleur restaurant Turc à Sydney ? »

« Je ne sais pas. »

« Oh, vraiment ? Désolé. »

Ça la prenait toujours de court. Elle n’avait jamais dit qu’elle avait des racines Turques, et – surprenant pour une femme si habituée à mentir pour gagner sa vie – elle ne pouvait pas se résoudre à monter une histoire de couverture pour elle-même. Elle autorisait simplement chacun à faire des suppositions basées sur son nom et son teint Méditerranéen. Son vrai nom n’avait pas été Osman, du moins d’après ce qu’elle en savait, et elle n’avait pas l’intention d’utiliser son accès aux fichiers classifiés de l’ONI pour découvrir qui elle était vraiment. Elle pouvait seulement être qui elle était maintenant.

Phillips l’aurait traitée de manière totalement différente s’il était écrit Spartan-019 sur son badge d’identification. C’était mieux si personne ne savait ce qu’elle était, et ce qu’elle n’était pas.

« Oui, j’ai été absente pendant trop longtemps », reprit-elle, à regret. « Mais je peux sentir un bon imam bayildi à une dizaine de mètres.

Tout le monde pouvait le faire. Ce n’était pas vraiment un mensonge. Phillips se frotta les mains, mimant le délice à la pensée de nourriture qui ne provenait pas d’un pack de rationnement. La navette s’éleva encore, faisant progressivement disparaître New-Llanelli de leur vue, et Osman jeta un dernier regard sur le moniteur, en direction de ce lac de sable vitrifié.

C’est pour cette raison que j’ai le droit de briser les règles. Pour être sûr que cela ne se reproduira jamais.

Osman était certaine d’avoir entendu cet argument auparavant, au moins trente ans plus tôt, mais elle ne pouvait pas se rappeler si c’était avant ou après avoir rencontré le Dr Halsey.

« L’Académie », dit-elle. « Oui, c’est un monde cruel et ancestral, n’est-ce pas ? »

  • [1] Un mètre nonante pour les Suisses ;D
  • [2] Expérience philosophique selon laquelle le chat est à la fois mort dans une dimension, et vivant dans une autre.


RUE MARK DONALDSON, SYDNEY, AUSTRALIE

JOUR DE LA FETE NATIONALE AUSTRALIENNE, DEUX MOIS APRES LA BATAILLE DE LA TERRE, 26 JANVIER 2553

Il restait juste un mât intact sur le front de mer fracassé du port de Sydney, et un ouvrier vêtu d’un casque et d’une salopette orange gravissait péniblement un engin de maintenance pour le rejoindre.

Cela représentait une hauteur suffisante pour pouvoir tomber sans s’en remettre.

Le Caporal Vaz Beloi errait sur un tronçon de poutre qui avait autrefois fait partie d’une passerelle, essayant d’obtenir une meilleure vue. Un morceau de tissu bleu foncé pendait de la poche arrière de l’ouvrier. Vaz ne distinguait pas de baudrier de sécurité, mais il ne restait pas grand-chose du bâtiment délabré auquel se sécuriser.

Et ils disent que les ODSTs sont fous.


Il observa l’homme avec une curiosité renouvelée. Mal Geffen le rejoignit et s’appuya sur ce qui restait du rail de sécurité de la passerelle. Il craqua alors que sa masse appuya dessus.

« Viens, on a seulement une heure. » Mal fit un geste irrité avec son poignet, brandissant sa montre, puis fronça les sourcils à la vue de quelque chose sur sa manche. « Bordel, je suis déjà couvert de merde. On ne peut pas se pointer dans cette tenue. Il s’agit de l’Amiral.’ »

« Ca passera », répondit Vaz, distrait par l’ouvrier téméraire. Il leva un doigt en guise d’avertissement. « Attends, je dois voir ce que fait ce gars. »

Il savait que Mal n’était pas irrespectueux. Il était juste nerveux à l’idée d’être convoqué par l’ONI sans explication, et Vaz le comprenait, mais ils avaient une autre mission à accomplir. Une visite à Sydney était rare.

Et on a fait une promesse. Amiral ou pas.

Un petit attroupement observait depuis la rive, un mélange d’ouvriers et de pompiers qui déterraient toujours des corps coincés sous les gravats, deux mois après le bombardement. L’ouvrier, désormais vacillant sur le haut du support mobile, se jeta en direction du mât et parvint à hisser la drisse. Il y accrocha le drapeau et tituba pendant un moment avant de tirer sur le câble pour révéler les étoiles blanches de la Croix du Sud sur fond bleu, avec une unique étoile dorée du Commonwealth sur fond vert.

Tout le monde applaudit. Un bateau-navette dans le port fit entendre son klaxon.

Mal semblait sur le point de faire quelque chose, ses lèvres bougeant comme s’il était en train de compter. « Bien joué, Oz. Sept cent soixante cinq non perdues. » Il poussa Vaz dans le dos et s’éloigna à grands pas. « Dépêche toi, on doit trouver le bar. Si on ne le fait pas maintenant, on n’aura pas d’autre chance avant plusieurs années. »

Vaz observa l’ouvrier redescendre l’engin, pour regagner une relative sécurité avant de se sentir capable de se détourner et de rejoindre Mal.

« Ok, et pourquoi sept cent soixante cinq ? », demanda-t-il.

« Sept cent soixante cinq années depuis que les premiers immigrants se sont installés ici. Aujourd’hui est le jour de la fête nationale Australienne. » Ils traversèrent une passerelle temporaire, qui enjambait un cratère de la largeur de la route. Elle vibra sous leurs chaussures comme un sol à ressorts. « Tu comprend pas perdues, n’est-ce pas ?

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« Je comprend très bien », se hérissa Vaz. « C’est quoi ton problème ? »

« Désolé, camarade. La crainte de Parangosky. »

Tous les deux avaient déjà effectué plus d’une centaine de largage derrière les lignes ennemies et accepté qu’ils puissent ne pas survivre au suivant, mais la perspective d’être transporté devant une très vieille femme au dos voûté et possédant de nombreux galons les avait maintenu éveillés chaque nuit de la semaine écoulée. Même les ODSTs se méfiaient de Margaret Parangosky.

« Elle est âgée de plus de quatre vingt dix ans », déclara Vaz. « Aucune de ces histoires à son propos ne peuvent être vraies. Elle les répand juste pour impressionner. Comme le faisait ma grand-mère. »

« Ecoute, on a convenu qu’on ne jouerait plus aux devinettes à ce sujet. On le saura bien assez tôt. »

« C’est toi qui a lancé le sujet. »

« Très bien, elle ne nous a pas invité pour du thé et des médailles, n’est-ce pas ? Ca sera une engueulade. »

« Quand tu engages des ODSTs pour accomplir un travail pour toi, tu demandes une escouade. Ou une compagnie. Voire un bataillon. »

« Tu sais à quel point l’ONI est paranoïaque. Top-secret-manger-avant-de-lire. » Mal balaya d’autres saletés de sa manche en fronçant les sourcils. « Ah, nous y voilà. Il s’agit juste d’une réunion sanglante. Ce n’est pas comme si nous nous lancions à l’assaut d’un front de mer. »

Mais pourquoi nous ? Vaz jeta un nouveau regard au plan touristique. « Cette chose est sans utilité. Je ne peux voir aucun monument. »

Mal fouilla dans sa poche et en sortit un ancien compas qu’il avait toujours avec lui. « On asse aux techniques rurales, Vaz. Retour aux sources. Si on ne peut pas trouver un bar, on ne mérite pas l’uniforme. »

Il n’y avait aucune âme vivante en vue, pas même un flic ou un ouvrier à qui demander son chemin. Un bourdonnement d’activité – des bulldozers, des marteaux à bascule, des foreuses – provenait d’une rue assez éloignée. La banque qui aurait du se trouver au coin de la rue n’était plus qu’un enchevêtrement de poutrelles métalliques et de maçonnerie effondrée.

Il n’y avait aucun signe de la place pleine de terrasses de cafés, non plus, et le centre commercial qui aurait dû se trouver sur la gauche de Mal ressemblait à un nid d’abeille dont la couche de cire aurait été retirée. Tout ce qu’il pouvait voir était une procession de parois composites, s’élevant désormais à peine du sol. Un ruban de sécurité rouge et blanc voletait entre des poteaux d’acier.

« Vous avez l’air perdu, les gars. »

Un garde d’une société de défense civile surgit comme une cible lointaine de derrière une barrière, à environ cinquante mètres, et Vaz faillit dégainer un fusil qu’il ne portait pas. Il était dur de s’adapter à un lieu où il n’y avait aucun danger.

« Ouais, je pense qu’on l’est », répondit Vaz.

« Vous cherchez Bravo-Six ? » Le garde voulait dire le QG de l’UNSC. « Mauvais direction, fils. »

« Non, un bar », reprit Mal. « Le Parthénon. »

« Il a été détruit. Le garde consulta sa montre comme s’il pensait qu’il était un peu tôt pour prendre un verre, puis étudia l’uniforme de Mal, scrutant l’insigne représentant une tête de mort avec un froncement de sourcils perplexe. « Qu’êtes vous donc, des marines ? »

« Des ODSTs. » Mal fit une pause. Le gars ne semblait pas comprendre. « Orbital Drop Shock Troopers[1]. Oui, des marines. »

« Oh. Ceux-là. »

« Alors, comment se rend-on au Parthénon ? », demanda Vaz.

« Je vous l’ai dit. Il n’en reste que des débris. Ils sont en train de nettoyer le site. »

« On ne veut pas boire. On a autre chose à y faire. »

Le garde jeta à Vaz un regard en biais. Peut-être que l’homme trouvait que son anglais n’était pas très compréhensible à cause de son fort accent. « Continuez simplement dans cette direction », finit-il par dire, en indiquant une rue à quarante cinq degrés et en découpant les mots de manière à bien se faire comprendre. « Vous verrez l’arrêt de bus. C’est à deux rues au nord de là. »

Vaz commença à suer alors qu’il s’en allait. On était au milieu de l’été et son uniforme le faisait crever de chaud, non qu’il eût la possibilité de se montrer en chemise. Mal avait, d’une certaine manière, encore l’air propre, à l’exception de la poussière de ciment qui recouvrait ses coudes et ses bottes.

« Qu’est-ce qui nous fera office de boisson ? », questionna Mal.

« J’en sais rien. Peut-être qu’on peut juste dire ce qu’on a à dire, et en rester là. »

Ils avaient promis à Emanuel que, si jamais ils passaient à Sydney, chose que Vaz pensait alors très improbable, ils trouveraient son bar préféré et lèveraient un toast à sa mémoire. Ça avait surtout été une question de principe. Les ODSTs ne pensaient pas au fait d’être tués comme une hypothèse. Il s’agissait plutôt d’une question de temps.

Ça ne rend pas les choses plus faciles, ceci dit. Ça ne veut pas dire qu’il nous manque moins.

« Ah », dit Mal. Aussitôt qu’ils tournèrent au coin de la rue et levèrent le regard vers la route, ils purent voir les bulldozers à l’ouvrage. « Prêts pour la reconstruction. »

Certains membres de l’équipe de nettoyage s’arrêtèrent pour les observer longer la ligne centrale de la route. Vaz compta les tronçons de parois internes et en déduisit que le 21, Rue Strathclyde se dressait autrefois là où se trouvait désormais un cratère délimité par les restes de quatre colonnes Doriques de couleur turquoise. Mal les survola du regard, avec un air inhabituellement sinistre. « Manny n’a jamais eu bon goût pour les bars », dit-il calmement. « Pauvre bougre. »

L’un des ouvriers du bâtiment ôta ses gants et se fraya un chemin à travers les débris dans leur direction, la tête baissée et les yeux cachés par la visière de son casque. Ce n’est que lorsqu’il leva les yeux que Vaz réalisa qu’il s’agissait en fait d’une femme, une rousse agréable à regarder. Il essayait parfois d’imaginer à quel point il avait dû passer pour un étranger aux yeux d’un civil ces jours ci, mais il pouvait supposer d’après le léger froncement de sourcils qu’il avait suscité ce matin qu’il ne se présentait pas comme le charmant jeune homme que l’on pouvait rencontrer derrière une porte. Il décida de laisser Mal parler et resta en arrière pour observer l’intérieur du cratère. Un bassin d’eau stagnante s’étendait au fond comme un miroir, chargé de moustiques.

« Que peut-on pour vous, camarades ? », demanda la rouquine.

Mal désigna le cratère. « Est-ce qu’il s’agissait du Parthénon ? »

« Ouais. Mieux vaut rester à l’écart. Comme vous pouvez le constater ce n’est pas l’heure de l’apéro. »

« On a une promesse à tenir envers un ami qui n’a pas survécu. »

La rouquine pencha la tête sur un coté. « On est censés garder les gens à distance de cette rue. Des réglementations de sécurité. Vous savez de quoi le conseil est capable. Mais ce qu’ils ne savent pas ne les gênera pas. »

Vaz tapa du pied. Ils avaient une demi-heure pour lui rendre hommage, puis se rendre présentables pour se présenter à Bravo-Six. « On veut juste lever un verre à sa mémoire, m’dame. Ensuite on s’en ira. »

La rouquine inspecta Vaz, ses mains sur les hanches. « Avez-vous amené une bouteille ? »

C’était une bonne question. Ils s’étaient attendus à voir le bar ouvert, et non détruit, et ils n’auraient pas assez de temps pour trouver une taverne, comme l’appelaient les locaux. Mal haussa les épaules, prenant son air de je-suis-juste-un-adorable-coquin qui marchait habituellement sur les femmes. La rouquine lui rendit un sourire triste et se retourna vers son équipe, sa main tendue comme pour demander un outil. L’un des hommes ramassa un panier repas sur le siège d’un camion benne et lui jeta une bouteille en plastique. Elle la tendit à Mal avec respect.

« Le mieux que l’on puisse faire, marines », dit-elle. « Allez-y, mais ne tombez pas et ne vous rompez pas la nuque. »

Après tous les sauts que Mal avait effectués, ça aurait été une ridicule façon de mourir. Mal lut l’étiquette et sourit.

« Du jus de fruit. Il verrait le côté amusant de tout cela. Merci, joli-cœur. »

L’équipe de nettoyage s’éloigna légèrement, mais ils observaient toujours. Vaz était embarrassé. C’était comme de se soulager en public. Donc, que faisaient-ils maintenant ? Tous les vagues plans pour se faire marteler et se souvenir d’Emmanuel étaient partis en fumée, et Parangosky attendrait.

Mal dévissa le bouchon et tendit la bouteille à Vaz. Il but une gorgée – fruits de la passion ou quelque chose comme ça, tiède et pétillant – et la lui rendit. Mal en prit une également, et tint la bouteille comme s’il s’agissait d’un verre de champagne millésimé.

« Emanuel Barakat », prononça-t-il. « Helljumper. Frère. Un des meilleurs. Tu nous manques, Many. »

Vaz oublia le public d’ouvriers. Tout ce qu’il pouvait voir était l’eau ruisselant d’une conduite principale jusque dans la mare au fond du cratère. « Ouais, Many. Repose en paix. »

Mal rendit la bouteille à la rouquine. « Merci encore. On va vous laisser tranquille maintenant. »

« Pas de soucis. Je suis désolé pour votre ami. » Elle marqua un temps d’arrêt. « Tout est fini, alors ? La guerre est terminée ? »

« Je ne sais pas. » Mal se retourna et commença à partir, Vaz lui emboîtant le pas. « Mais c’est assez calme par ici pour la première fois, d’aussi longtemps que je puisse me rappeler. »

Ils firent quelques pas sur la route avant que les applaudissements ne commencent. C’était une chose très étrange. Vaz pivota, puis il les vit, une douzaine d’hommes et femmes en chasubles aux couleurs vives et en bottes, frappant des mains et les observant. Et il ne s’agissait pas simplement d’une réaction au commentaire de Mal à propos de la guerre, d’ailleurs. Les ouvriers les applaudissaient eux.

Personne ne prononça un mot. Vaz n’aurait pas réussi même s’il avait su quoi dire. Ils atteignirent le bout de la rue avant que Mal n’ouvre la bouche.

« C’était généreux de leur part. »

Vaz n’était pas sûr de savoir s’il parlait du jus de fruit ou des applaudissements. Mais peut-être que la guerre était bel et bien terminée. Partout où ils s’étaient arrêtés au cours des derniers jours, à chaque magasin et à chaque point de transit, l’atmosphère était un étrange mélange de crainte, de confusion et d’allégresse. Les civils se faisaient déjà à cette idée. Il s’était attendu à ce que ce soit comme dans les actualités lors de la fin de la Grande Guerre Patriotique, avec des gens dansant dans les rues et escaladant des lampadaires pour hisser des drapeaux, mais cette guerre n’avait duré que six ans, malgré des batailles très sanglantes. Les gens en 1945 – et 2090, 2103 et 2162 – pouvaient se rappeler à quoi ressemblait la paix, et savaient ce qui leur avait manqué.

Mais aujourd’hui il y avait deux générations qui ne pouvaient se souvenir d’un temps où la Terre n’était pas en guerre avec l’Alliance Covenant. Personne n’avait encore signé d’acte de capitulation ni de cessez-le-feu, cependant. Vaz ne prenait rien pour garanti.

Mal accéléra le pas et Vaz le suivit, décidant de ne pas lui dire qu’il avait une tâche de boue séchée sur son pantalon. Il le saurait plus tard. Ils firent demain tour en direction de la route intacte la plus proche pour appeler un taxi. Même dans une cité réduite à un tas de décombres, il y avait toujours possibilité de gagner de l’argent en transportant du personnel de l’UNSC, et le complexe Bravo-6 était l’un des rares endroits à avoir été épargné par l’attaque. Le chauffeur qui les embarqua leur lança juste un coup d’œil par le rétroviseur central et ne dit rien pendant un moment. Lorsqu’il croisa le regard de Vaz, il détourna les yeux.

« Etiez-vous là quand les Covenants ont attaqué ?, demanda Vaz, essayant de se montrer sociable.

« Ouais », acquiesça le chauffeur. « Caché dans les égouts. Je ne savais même plus où j’étais quand j’en ai émergé ». Il se lécha les lèvres. « Tout est fini, comme le répètent continuellement les infos ? Je veux dire que vous devez le savoir mieux que n’importe qui, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas », répondit Vaz. Mais l’Alliance a l’air de s’être divisée. Peut être que c’est la même chose ? »

Ça ne l’était pas, et il le savait. Cela signifiait seulement que les certitudes du Nous et Eux seraient remplacées par un ramassis de problèmes provenant de milieux imprévisibles, tout comme cela avait toujours été sur Terre. Les aliens étaient bien plus proches des humains que ce que tout le monde voulait admettre.

Mais, comme les humains, ils pouvaient tous être supprimés avec les armes adéquates, également. Cela ne changerait pas. Vaz était content qu’il y ait encore des choses auxquelles se rattacher.

« Prépares toi », dit Mal alors qu’ils montraient leurs papiers à l’agent de service. « Entraînes toi à faire ton grand et beau sourire pour Celle Qui Doit Être Obéie. Quoiqu’elle veuille, ce n’est que douleur. »

[1] En Français, TCAOs : Troupes de Choc Aéroportées Orbitales.


SPHERE DE DYSON FORERUNNER – DERNIERE POSITION CONNUE, ONYX : APRES TROIS HEURES DE RECONNAISSANCE.

Catherine Halsey tourna brusquement la tête et fixa les buissons.

Elle réalisa qu’elle était la dernière à réagir au bruissement des feuilles. Mendez, Tom, et Olivia avaient déjà leurs fusils pointés sur la même cible et Kelly les fixait attentivement tout en avançant dans leur direction. Quelque chose de petit et de vert bondit sur le tronc le plus proche pour grimper en s’accrochant à l’écorce et les observa.

« Pas beaucoup de viande là-dessus, j’en ai peur ». Kelly abaissa son arme. C’était un lézard avec une tête étroite, semblable à celle d’un oiseau, et une crête froncée. Pendant un instant il s’arrêta, la crête hérissée et absolument immobile, puis redescendit le tronc pour s’évanouir dans les arbustes. « Au moins, cela confirme l’existence d’une chaîne alimentaire. »

« Tant qu’on est tout en haut », murmura Olivia.

Halsey souhaita qu’elle ait encore son arme de poing. Bien qu’elle respectât la technologie Forerunner largement supérieure, ils n’avaient pas été là pour garder la boutique pendant très longtemps, et il était impossible de dire ce qui avait évolué depuis qu’ils avaient laissé cet endroit se gérer seul. Il y avait là des plantes qu’on ne trouvait absolument pas sur Terre. Si la faune provenait de tous les mondes visités par les Forerunners, alors tout était possible.

Elle n’avait pas besoin de le faire remarquer. Tout territoire inconnu était présumé potentiellement hostile.

Mendez fit une pause et fouilla dans ses poches. « Pourquoi ? »

« Pourquoi quoi ? », questionna Tom.

« Pourquoi les Forerunners ont placé des arbres et des animaux ici ? Juste pour rendre le coin plus paisible alors qu’ils organisaient l’Holocauste, ou est-ce une sorte de zoo ? » Mendez tapota sur sa radio et Halsey entendit soudain le grésillement et le sifflement de l’antenne de réception. « Lieutenant ? Ici Mendez. On voit des formes de vie sauvages maintenant. Des lézards. Y a-t-il quelque chose de votre côté ? »

La patrouille de Fred suivait actuellement un trajet parallèle, à environ un kilomètre. « Pas encore. Mais il y a des fleurs sur certains arbres, donc je suppose qu’il y a des insectes pollinisateurs dans le coin. »

« Des insectes, des oiseaux… de petits mammifères. »

Halsey ne supportait pas les suppositions. « Ou il se pollinisent eux-mêmes. » « Certaines plantes ressemblent à des variétés Terriennes, mais jusqu’à présent nous n’avons pas… vu quoi que ce soit confirmé comme comestible. » Fred semblait gravir quelque chose, s’arrêtant pour souffler. « Continuez d’observer. »

Ils étaient dispersés en formation de patrouille, avec Mendez à leur tête et Kelly sur l’aile. Halsey prit soudain conscience d’être l’intruse plutôt que la chef ici, la théoricienne qui avait créé une génération de Spartans mais n’avait jamais réellement servi, et toutes les petites actions de soldats que les Spartans semblaient faire automatiquement – scanner constamment les branches des arbres, se retourner et faire quelques pas en arrière pour vérifier leurs arrières, aussi souvent – lui jaillirent en pleine visage. Elle ne se déplaçait tout simplement pas de cette façon, et pas seulement parce qu’elle trimbalait un sac qui semblait s’alourdir de minute en minute et qu’elle portait une jupe comme fardeau. Cela ne faisait seulement pas partie de son sixième sens, comme cela l’était pour eux.

Cela la déstabilisait. Personne ne s’attendait à la voir se comporter en Spartan, même si elle avait entraîné l’une de leurs générations. Elle ne savait pas pourquoi cela la troublait. « Un oiseau ? », demanda Tom à personne en particulier, désignant la chose du doigt. Il leva les yeux. « Je suis incapable de le dire, même avec un scope. » Halsey suivit son geste pour voir quelques minuscules points noirs dansant paresseusement passer loin au dessus d’eux. Quelque chose dans leur mouvement n’avait rien d’un vol d’oiseau. Cela lui rappelait celui d’une chauve-souris, mais en plus lent. « Si c’en est, ils ne volent comme aucune des espèces aviaires que je connais », reprit Kelly. « On est sur le point de faire un sacré banquet. »

Ils se déplaçaient à travers de l’herbe à hauteur de genoux, ondulant sur des dunes parsemées d’arbres, dont certains étaient constitués de chênes terrestres qui semblaient se trouver de partout. D‘autres avaient des troncs gris boursouflés et de minces couronnes d’un rouge profond, qu’Halsey ne reconnut pas du tout. Cependant cela ne répondait toujours pas à la question de l’Adjudant, à savoir s’il s’agissait uniquement d’un ornement ou faisait partie d’un projet de conservation.

Combien s’attendaient à s’abriter ici ? La population Forerunner entière ? Ou juste les puissants et les bons ? Et pour combien de temps ?

Le silence était aussi peu familier que la végétation, couche sur couche de faibles sons sauvages qui fusionnaient dans le bruit confus d’un paysage totalement étranger. Les humains avaient leur propre forme de bruit ambiant qu’ils considéraient comme ordinaire, jugea Halsey, et ils en étaient inconscients jusqu’à ce qu’ils ne l’entendent plus. Elle remarquait l’absence de ses repères désormais : ni son d’oiseau, ni bourdonnement du trafic, ni survol d’avion. Cela la fascinait. Chaque son semblait soudain amplifié. Les armures des Spartans cliquetaient alors que leurs armes les frôlaient à chaque pas. Mendez tendit la main dans son dos et sortit quelque chose de la poche de sa ceinture, ce qui fit râper son équipement contre la sangle.

Puis quelque chose toucha l’épaule du Dr Halsey. Elle glapit et pivota d’un coup. « Désolé, m’dame. » C’était Olivia, l’une des Spartans III. Elle tenait quelque chose entre son pouce et son index. « C’était en train de grimper dans votre dos. C’est peut être inoffensif, mais je préfère être sur mes gardes ici. »

Le cœur de Halsey tambourinait dans sa poitrine. Elle n’avait même pas réalisé que la fille se trouvait derrière elle. « Pour l’amour de Dieu, ne me surprenez plus comme ça. »

Elle se sentit idiote aussitôt qu’elle l’eût dit. Olivia ne réagit pas. Mais lorsqu’Halsey jeta un coup d’œil circulaire, embarrassée, elle aperçut Mendez lui jeter un long regard, sans ciller. Elle pouvait voir ce qu’il portait maintenant – son péché mignon, un cigare Sweet William, ou du moins les quelques centimètres qu’il en restait. Il le fit rouler entre son pouce et son index, quelques courts instants comme un chapelet avant de le remettre dans sa poche.

« Allons marcher un bout ensemble, vous et moi, Docteur », dit-il, faisant demi-tour et remontant la file en direction d’Olivia. « Allez-y, O. Prenez la tête. »

‘O’ devait être le surnom d’Olivia. Halsey se sentit à nouveau mise à l’écart, et non la matriarche. La fille retira son casque d’une main pour observer de plus près la créature qui se tortillait entre ses doigts, une chose semblable à une coccinelle d’environ dix centimètres de long, rayée de bandes oranges vifs, et dotée d’une longue pointe effilée en guise de queue. Olivia ne devait pas être âgée de plus de seize ou dix-sept ans. Elle avait une peau douce et brun sombre, ainsi que de délicates courbes qui amenèrent Halsey à suspecter qu’elle soit originaire de la Corne de l’Afrique.

« Juste une queue. Pas de dard. » Olivia relâcha l’insecte puis remit son casque. « Mais on ne sait jamais. »

Halsey regarda autour d’elle. Kelly avait désormais reculé assez loin, et Tom s’était déplacé à bonne distance sur la droite. Halsey se rendit compte que les Spartans leur avaient immédiatement laissé, à elle et à Mendez, suffisamment de place pour se battre, apparemment sans aucun geste ou mot échangés. C’était un bon témoignage de la prise de conscience partagée de la situation.

« Y a-t-il quoi que ce soit que vous souhaitiez me dire, Docteur ? », demanda posément Mendez. Il sortit à nouveau son bout de cigare et le coinça sur un côté de sa bouche sans même l’allumer. « Parce que nous avons été terriblement civils jusqu’à maintenant. »

Vous saviez. Vous le saviez même rudement bien. « C’est votre dernier ? », demanda-telle.

« Il m’en reste trois. Je me rationne pour le bien de la mission. »

« Vous parlez comme un fumeur. »

« Ne vous en faites pas. Je ne l’allumerai pas à coté de vous. »

« Toujours le rôle du gentleman. »

Mendez était un homme qui cachait bien ses pensées, mais il était raisonnable de supposer que moins il exprimait d’émotions, ce qui n’en représentait que peu dans le meilleur des cas, plus il cherchait à les dissimuler. Il lui adressa simplement cet habituel regard mort. C’était sûrement la dernière chose que de nombreuses troupes Covenants avaient pu voir. « Okay, m’dame, si vous ne voulez pas ouvrir le dialogue, je vais le faire. Vous êtes, je le sais, choquée qu’il y ait une génération entière de Spartans que vous n’ayez pas suivi ou dont vous ignoriez l’existence. » Mendez retira le cigare de sa bouche et le remit dans sa poche. «  Maintenant, alors que je suis ravi de discuter de tout cela, je vous demande de faire une chose. Traitez les Spartans III de la même façon que vous traitez les autres. Si vous avez un problème avec le programme, Docteur, venez me le dire en personne. Pas à eux. Ils sont de la Navy. Ils ont mérité le respect. »

Il avait dit cela de la façon habituelle avec laquelle on faisait des reproches polis, avec une petite pique supplémentaire pour avoir manqué de respect à des hommes et femmes en uniforme. Suis-je vraiment grossière à ce point ? Oui, sûrement. Halsey retint l’indignation qui couvait en elle depuis qu’elle avait aperçu pour la première fois de complets étrangers sur Reach, qui avaient l’audace de porter l’armure Mjolnir des Spartans.

Toutes les pièces du puzzle étaient rassemblées. Parangosky répertoriant Onyx comme territoire hors-limites, Mendez disparaissant de sa vue toutes ces années durant, Ackerson pillant ses données à peu près à la même époque… tout ce dont elle avait eu besoin était les enregistrements vidéos et les informations transmises par Cortana pour intégrer Halo et le Parasite dans l’équation, et ensuite elle obtenait un ensemble assez fiable de repères. Parangosky devait avoir eu une assez bonne idée de ce que pouvait être Onyx, même si elle ne connaissait pas la vraie nature de la menace et ne pouvait accéder à aucune de ces informations.

C’était pour cette raison qu’Halsey avait choisi Onyx. Il ne s’agissait pas seulement de supposer qu’il y avait des Spartans ici, des Spartans qu’elle devait sauver. C’était également un pari sur les minutieuses précautions de survie des Forerunners.

Je suis chanceuse. Mais la chance se provoque.

« Je n’ai pas de problème avec eux, Adjudant, sinon je ne serais pas venu les sauver, n’est-ce-pas ? », répondit-elle. Cela devait paraître très messianique. Elle le regarda son regard se faire plus dur. « Mais il n’est pas facile de découvrir que quelqu’un avec qui vous avez travaillé pendant des années a gardé quelque chose de si important loin de vous. »

« C’était classé secret-défense, m’dame, et ce n’était pas à moi de déterminer qui était habilité à les connaître. J’ai juste suivi des ordres légitimes. « Il lui lança à nouveau ce regard, les yeux froncés, comme s’il s’apprêtait à lui cracher dessus. « Mais vous en saviez plus sur Onyx que ce que vous êtes en train de me raconter. »

« Je suis simplement en train de faire le rapprochement. Je suis les miettes de pain. » « Et je suis sûr que vous êtes si douée que vous nous refusez toute information dont nous avons besoin pour rester en vie. »

Ouch. « Mon unique but est de sauver les Spartans. Je pense que vous pouvez me faire confiance sur ce point. »

Mendez détourna le regard en silence et continua de marcher. Halsey réalisa soudain qu’elle marchait au même rythme, peinant à le suivre. J’aurais vraiment souhaité porter le pantalon. Et être en meilleure forme. Nous avons le même âge, pour l’amour de Dieu. Elle suivait son commandement. Il était l’individu dominant désormais, car ceci était son environnement naturel – le matériel, le danger – et non le sien. Elle n’aimait absolument pas cela. « Qui vous a ordonné de ne pas me révéler l’existence du programme Spartan-Trois ? », demanda-t-elle. Il était possible que ça n’importe guère, mais elle devait savoir. Le Colonel Ackerson avait piraté ses données confidentielles, mais cela ne signifiait pas qu’elle ne devait régler ses comptes qu’avec lui. « Ackerson ? Parangosky ? Ou les deux ? »

« On m’a seulement dit à qui je pouvais le dire. Mais je ne vous en aurais pas parlé quoi qu’il en soit. » Non, il n’était plus l’Adjudant tel qu’elle l’avait connu, celui qui détournait le regard et gardait ses conseils : tourner autour d’Olivia avait réellement provoqué sa colère. « Vous auriez passé votre temps à répéter que l’on n’avait pas d’assez bons candidats, et auriez tenté de retarder le programme. Et je vous aurais répondu que le comportement faussait de simples résultats génétiques.

« Je sais tout cela. Je – »

Halsey n’avait pas de radio personnelle, mais tous autres en possédaient une. Mendez se détourna subitement et répondit à un appel qu’elle ne pouvait entendre. « Avancez. » Ce devait être Fred. « Où ? »

Où. Le mot fit danser Halsey d’un pied sur l’autre. Il s’agissait d’instinct pur. Mais lorsqu’elle surprit le regard de Kelly, la Spartan regardait en l’air. « Mon dieu, il a raison », approuva-t-elle.

Halsey pouvait le voir maintenant. Il y avait un point noir dans le ciel d’un bleu parfait, qui grossissait de secondes en secondes. Quelque chose fondait sur eux. Tom était le plus près d’elle. « M’dame, à terre ! »

C’était une chance : si quelqu’un avait les réflexes inégalés et la vitesse manifeste pour l’atteindre, c’était Kelly. Mais Tom atteignit Halsey de plein fouet et la plaqua au sol, alors même qu’un cylindre gris anthracite de la taille d’une bouteille de vin fouettait l’air de si près qu’elle le sentit sur son visage. Pendant quelques instants elle ne put voir où il était passé. Elle voyait seulement le bord inférieur de la visière de Tom, se demandant comment elle pouvait être encore en vie.

Cette armure SPI était de conception légère et pauvrement équipée. Dieu merci. Les troiscent kilos de l’armure MJOLNIR l’auraient tuée. Mais Tom était étalé de tout son long sur elle, la protégeant de quoi que ce soit qui avait décidé de les prendre pour cible. Il l’avait renversée. « Ca va, ça va. » C’était la voix de Kelly. Halsey entendit le clic de son fusil d’assaut. « Je l’ai en ligne de mire. Tout va bien. »

Tom se redressa et tendit la main à Halsey pour l’aider à faire de même. Kelly avait son fusil pointé sur le cylindre, en vol stationnaire et silencieux, deux mètres au dessus du sol. « S’agit-il d’une variante de mini sentinelle ? », questionna Mendez. « Car si c’en est une, on a déjà vu les gros modèles. Et vous savez ce qui se passe lorsqu’elles s’assemblent. » Pendant un court instant, Halsey fut totalement distraite par l’engin gris mat et oublia complètement ce moment d’indignité passé allongée dans l’herbe. Il ne s’agissait pas d’une machine défensive telle que les Sentinelles mortellement dangereuses auxquelles ils avaient été confrontés à la surface. Il donnait l’impression d’attendre quelque chose, bien qu’il leur ait foncé dessus comme un guerrier. Halsey se rapprocha malgré la gêne que cela procurait à Kelly, et regarda à l’intérieur. De multiples lumières – non, des symboles illuminés qu’elle savait déchiffrer – étaient visibles, deux bleus et un autre vert pâle. Ceux de couleur bleue clignotaient. Cela aurait très bien pu être un détonateur, bien sûr. Les Forerunners auraient pu recourir à de nombreux moyens pour éviter que des formes de vies non désirées contaminent ce sanctuaire. Halsey ne se rendait toujours pas compte que la tolérance apparente des humains par la sphère était bien plus que de la chance.

« Je ne cherche même pas à supposer ce qui pourra se passer si je flingue cette chose », dit Kelly. « Et sa petite taille ne signifie pas qu’elle n’est pas létale. Pas vrai, O. ?» Olivia surgit soudain de nulle part. Halsey ne l’entendit pas arriver. L’âge devait finalement la rattraper.

« Est-ce qu’on doit… le capturer ? », demanda Olivia. « On est censés récupérer de la technologie ici. »

Kelly s’approcha, lentement et précautionneusement cette fois-ci. Elle était à un doigt du cylindre quand il s’éleva suivant une parfaite trajectoire verticale, et s’évanouit avant qu’elle puisse le viser à nouveau.

« Merde, j’ai fini par être devancée », jura-t-elle. « Oh, la honte. » Mendez observait à distance, ses lèvres remuant. Il parlait à l’escouade de Fred via la radio. Halsey sentit son estomac gargouiller, lui rappelant leur priorité absolue. « Cette chose va revenir », dit-elle. « Et j’aimerais la prendre en vie. » Elle se tourna vers Tom, qui avait retiré son casque et se grattait le cuir chevelu. Il était aussi jeune que les autres Spartans III, avec une chevelure brune et une ecchymose sur le menton qui virait au jaune sur les bords. « Est-ce lorsque Kurt t’a mis K.O que tu as eu ça ? »

« Oui. » Tom fixait un point entre ses bottes et cligna des paupières. « Je ne l’aurais jamais laissé retenir les Elites à lui seul. »

« Ca va aller ; je sais que tu ne l’aurais pas fait. » Halsey se demanda si elle redoublait d’efforts parce que Mendez l’avait réprimandée ou si elle ressentait vraiment une pointe de regret. « Sauver quelqu’un est naturel. Aucune personne proche à ce point n’y pense. N’est-ce pas ? »

Tom haussa simplement les épaules. « Inutile de faire des suppositions, m’dame. Vous êtes la seule ici à pouvoir lire le Forerunner, pas vrai ? »

« Merci, Spartan », répondit-elle. Je le pense vraiment ? Oui, je crois. « Je vais essayer de vous dégoter un steak. »


QUARTIER D'ANALYSES DES MENACES, BRAVO-6, Sydney : 26 Janvier 2553.

Mal Greffen n'avait jamais aimé les couloirs, en particulier ceux très peu éclairés. C'était une drôle de phobie pour un homme qui prenait son pied à faire des chutes libres dans des lieux des plus sombres encore inconnus ou qui sautait à partir de l'orbite basse pour atterrir directement derrière les lignes ennemies dans le fameux cercueil de gloire. Il avait abandonné l'idée de sonder cette peur. Il savait juste qu'il n'aimait pas ce qu'il pouvait voir, ou ne pouvait pas voir dans ce cas. Au bout du passage, les doubles portes se distinguaient par des lumières d'urgence, du genre de celles qu'on a à suivre en cas d'incendie.

« T'es toujours avec moi Vaz ? »

Les bottes de parade de Vaz claquaient sur le sol. « Je t'avais prévenu que ça allait te rendre sourd... »

« C'est à cause de la cabane de jeux. »

« La quoi ? »

« C'est là où l'orchestre des cuivres de la flotte a pour habitude de faire des jeux de guerre et de faire des exercices de cas théoriques sur table. » La voix de Mal faisait écho. Il se mit à chuchoter lorsqu'ils arrivèrent à un poste en face des portes. « La cabane de jeux. Tu sais. Là où les enfants jouent aux adultes. »

Ils fixèrent le panneau de sécurité. Vaz haussa les épaules, l'air toujours misérable. (Mal allait avoir du mal à lui faire oublier cette tarte inutile qu'il avait reçue. Il essayait encore. Le gamin avait besoin de le faire.)

« Souris, ça aurait pu être une strip-teaseuse dans un cake, » vanna Mal. Il n'avait toujours aucune idée du pourquoi ils étaient ici. Ça n'allait pas être une célébration, ça c'est sûr. « Une surprise party pour les héros victorieux. »

Vaz pausa sa paume de main sur le panneau de sécurité à l'entrée, indifférent. « Ouais. C'était à mourir de rire. »

Les portes de sécurité s'ouvrirent et Mal ne traîna pas. L'odeur du produit de nettoyage et du tapis moisi le frappa. La pièce semblait ne pas avoir été utilisée depuis des années, ses murs tapissés de cartes et de panneaux d'affichages montraient des lieux de crise qui n'étaient plus actifs depuis des décennies : des colonies de la Terre dans une douzaine de systèmes, mettant en scène des conflits entre humains. La guerre était alors plus simple, c'est en tout cas ce que lui racontait son grand-père. Il marcha autour des tables rassemblées pour former un rectangle, laissant traîner ses doigts sur leur surface qui tentait d’imiter le chêne, sans succès, mais sans trouver de poussière du tout.

« Êtes-vous ici pour les sandwiches gratuits ? Parce qu'il n'y en a plus aucun. » C'était la voix d'une femme. Mal pensa à une Canadienne, du Nord Est. Elle fit irruption de derrière l'un des tableaux fourre-tout où les généraux fantaisistes avaient déjà comptabilisé des MAC 1 lors de batailles de contre-insurrections qui n'étaient jamais arrivées ; elle avait à peu près trente ans, d'origine asiatique, portait une combinaison de vol avec un écusson de pilote et des galons de sergent.

Et l'écusson d'un ASCO du 10ème Bataillon. L'un d'entre nous. Alors ça c'était quelque chose.

On pouvait lire sur l'étiquette DEVEREAUX L. Soit elle ne savait pas qu’il s’agissait d’une opération à trois, soit elle revenait tout juste d’une sortie.

« Vous n'êtes pas une strip-teaseuse, » lança Mal.

« Non, et vous, en êtes-vous un ? Si oui, je veux qu'on me rende mon argent immédiatement. »

« Nous ferions mieux de garder nos vêtements alors. » Mal tendit sa main pour une poignée de main, laissant les formalités de côté. « Mal Geffen. Et lui c'est Vaz. Vazily Beloi. Ce n'est pas un strip-teaseur non plus. Une idée du pourquoi sommes-nous là sergent ? »

« Lian Devereaux. » Elle parcourut Vaz du regard. Mal espérait qu'elle était juste en train de le contrôler, car Mal était toujours prêt à démarrer au quart de tour et demander ô diable ce qu’elle trouvait de si intéressant. Les civils regardaient ses cicatrices. Les ASCO le savaient mieux que personne, et Vaz n'avait pas besoin qu'on lui rappelle qu'il était en triste état, comme il en avait l'habitude. « Non », dit-elle. « Pas la moindre idée. »

Mal resta silencieux un moment, il jeta quelques coups d’œil pour évaluer l'environnement. C'est une sorte de test psy' nan ? Le genre d'étude qu'on fait pour voir à quel point nous sommes choqués et savoir comment ils peuvent nous aider à aller mieux. Cela ne prenait pas longtemps aux petits comptables pour sortir de leurs trous une fois la guerre finie. Devereaux inclina la tête sur le côté et lança à Vaz un regard du genre moqueur, mais peu rassuré à la fois. Peut-être n'avait-elle même pas remarqué les cicatrices. « Vous ne seriez pas les gars qui ont volé un Spirit pour vous échapper d'Imber ? »

[1] Mort Au Combat

« Les ingénieurs avaient laissé les clés sur le contact, » s'amusa Val. « Alors on l'a pris pour faire un tour. »

« Mais où est-il à l'heure actuelle ? »

Mal lui fît un clin d’œil. « Ça c'est notre secret et c'est au Corps d’armée de le découvrir. » Les portes s’ouvrirent et cela coupa court à la fanfaronnade concernant l'abandon du vaisseau Covenant. C'était un problème commun avec la plupart des salles de réunion et des bureaux à Bravo-6. Ses pièces étaient insonorisées, et personne ne pouvait entendre si quelqu'un arrivait, jusqu’au moment ou il était trop tard pour s'en rendre compte. La plus grande, effrayante femme que Mal ait jamais vue entra dans la pièce.

Même sans l'armure Mjolnir, il était évident de savoir ce qu'elle était. C'était la toute première fois que Mal voyait un Spartan sans son armure. Il trouvait qu'elle semblait encore plus incroyable et irréelle dans son uniforme de l'UNSC que dans son armure. Il jeta un œil sur sa chemise et sa manchette pour connaître son grade.

« Bonjour, Premier maître. » Il avait un grade supérieur, mais il avait toujours besoin de pencher la tête en arrière pour la regarder dans les yeux. Seigneur, elle devait mesurer au moins deux mètres. « Ravi de voir que la Navy a pu se tirer du lit avant le repas. »

Mal espérait pouvoir plaisanter grossièrement tout en étant gentil avec elle. C'était la façon de faire entre les différentes branches, l'habitude en somme. Mais la Spartan se contenta de le regarder, impassible. Il ne parvenait pas à distinguer si elle était vraiment blonde ou si elle avait les cheveux totalement gris.

« Naomi-Zero-Un-Zero, personnel » dit-elle. « Je suppose que nous attendons l'Amiral Parangosky. »

« Apparemment. » Mal ne la comprenait pas du tout. C'est une sacrée Valkyrie. Vraiment.

« Ouais on l'attend tous. »

Mal se faufila vers les panneaux et simula un soudain intérêt pour les listes des acronymes des unités griffonnées sur le calendrier des incidents. Vaz et Devereaux le rejoignirent. Le trio avait déjà formé un groupe sans même s'en rendre compte.

« C'est parti, » murmura Mal. « Ils vont nous raconter des balivernes et nous coller à tous une balle dans la nuque. Ces monstres de soldats. »

« Ah, c'est que des histoires, » lança Devereaux. Elle ne semblait cependant guère convaincante. « Mais si c'est vrai, je suis sûre que c'était franchement pas volontaire. » Naomi la Valkyrie les interrompit. « Officier sur le pont. »

Mal se retourna, à l'affût, au garde-à-vous, un réflexe datant de quinze ans déjà, son visage se transformant immédiatement en pierre, ce visage insondable typique des ODST. Il supposa que sa théorie quant au test psychologique était bonne.

Alors c'était elle Parangosky.

Les Amiraux ne partent jamais à la retraite, techniquement parlant en tout cas, mais Mal était sûr que personne ne comptait vraiment que ces vieux loups de mer fassent une brève apparition pour enfin récupérer leur gratification une fois passée la barre des soixante-dix ans. Parangosky marcha lentement en s'appuyant sur sa canne, se débrouillant en quelque sorte pour paraître à la fois fragile et terrifiante, cette vieille folle effrayait tout le monde. Mais elle n'était bien évidemment pas si folle que ça. Mal croisa son regard l'instant d'une seconde, une seconde étourdissante, il crut alors totalement les rumeurs qui racontaient qu'elle était capable de pouvoir effacer quiconque suffisamment stupide qu'elle croisait.

« Repos », dit-elle. « Mes excuses pour le lieu de notre rendez-vous, mais la Force à travers la Paranoïa est ma devise. Voici le Capitaine Osman et le Professeur Phillips. Ils savent déjà tout de vous. Prenez un siège. »

Phillips était un homme barbu de trente ans qui travaillait dans le domaine civil, on ne tarissait pas d'éloges à son égard. Osman était grande, pas autant qu'un Spartan bien sûr, mais quasiment. Parangosky s'installa en bout de table et leur fit signe de s'asseoir. La vieille femme donna six datapads à Osman, qui les fit tourner. Mal n'eut même pas le temps de regarder Vaz, tentant d'essayer d'obtenir une réaction de sa part, avant que son écran s'allume et lui dit que le capitaine était Serin Osman, de l'ONI, et que Phillips était un expert en Sangheili, originaire de l'Université de Wheatley.

Et maintenant un débriefing. A propos de quoi ? Ce satané Spirit ? Qu'est-ce qu'il y avait de si important ?

« Venons-en au fait, » lança Parangosky d'un coup. « Vous n'avez aucune obligation de suivre cette mission. »

C'était déjà bon pour Mal. Les ODST ne rechignaient jamais à la tâche, quelle qu'elle soit. Ils se portaient automatiquement volontaires pour tout et n'importe quoi, maintenant et pour toujours, ainsi soit-il, amen, depuis le jour ou ils s’étaient présentés au bureau des sélections. Être RAB – Renvoyé au Bercail, renvoyé dans son régiment d'origine, vaisseau ou escadron dans n’importe quel pays parce qu'ils n'avaient pas les qualités requises pour être un Helljumper – était la pire chose qui pouvait leur arriver. La mort était un châtiment moins grave en comparaison.

Parangosky fixa Vaz d'un regard larmoyant mais intimidant. « Caporal, quel est le meilleur moment pour frapper quelqu'un ? »

« Quand il est à terre m'dame, » dit Val calmement. « De préférence dans les noix. Aussi fort que possible. »

Mal aurait pu jurer que Parangosky avait souri. Cela ressemblait plus à un tic des lèvres, mais il était quasiment sûr que Vaz avait fait mouche.

« Un homme comme je les aime » dit-elle. « Très bien, je vous demanderai à tous de partir et d'exploser les Sangheili d'une façon encore étrangère à vos yeux. Je veux que vous semiez la pagaille chez l'ennemi. Ils sont déjà en luttes intestines et je veux que cela reste comme ça jusqu'à ce que nous puissions finir le travail. Est-ce que quelqu'un a un problème avec ça ? Il n'y a pas de honte à refuser cette mission. J'ai vu vos états de service et vous avez tous mérité le droite de refuser au regard de ce que vous avez fait.»

Ouais, Mal était presque sûr qu'elle savait tout d'eux, jusqu’à connaître le nombre de sucres qu'ils mettaient dans leur café. Elle avait donc besoin d'entendre la réponse qu'elle voulait. Heureusement c'était toujours un geste décent. Personne ne dit un mot. Osman semblait garder un œil sur le Spartan, et le Spartan continuait de lui lancer des clins d’œil furtifs comme si quelque chose l'intriguait. Elles étaient approximativement du même âge, il y avait peut-être donc une sorte de lutte de pouvoir féminin alpha bizarre qui était en train de se dérouler. Mal essaya de se rappeler cette scène pour mettre ça au clair.

« J'en suis m'dame, » dit Devereaux. « Mais dans quelle mesure cela va-t-il être étranger ? Car nous sommes habitués aux assassinats et sabotages. »

« Je sais. Je parle de l'armement des dissidents Sangheili. Désinformation. Indéniable. » Parangosky loucha un moment sur son datapad. « Vous aurez besoin d'agir rapidement et efficacement. Les données sont très incertaines en ce moment et nous ne sommes pas sûrs de savoir où les lignes de faille se forment entre les différentes factions, vous devrez donc collecter des informations sur le tas. J'espérais pouvoir mieux vous préparer. »

Mal savait que l'ONI avait un pouvoir encore au-dessus d'eux, et la seule question qu'il avait apprise à ne jamais poser était pourquoi. C'était toujours comment et quand. Il ne comptait sûrement pas demander si tous les membres du comité de sécurité de l'UNSC étaient d’accord avec cette opération.

Devereaux ne semblait absolument pas inquiète. « On fera comme ça m'dame. Alors pas de traité de paix je suppose, non ? »

« L'Amiral Hood croit qu'il est éventuellement possible de signer un accord avec l'Arbiter, » déclara Parangosky. « Mais il va être occupé à traiter avec les colonies maintenant que nous avons besoin de ramener nos planètes rebelles dans le droit chemin. »

Mal pensait qu'elle allait éluder la question jusqu'au moment ou la réponse tomba.

Seigneur. Elle a même mis Hood de côté. Peu importe. Ce n'est tellement pas de mon ressort... Lui avait-on donné un ordre légitime ? Bien, au moins, on ne lui en avait pas donné un illégal. Phillips était toujours assis là, figé avec une expression de lapin sur le point d'être percuté par un camion qu'il vient tout juste de voir. Il n'avait toujours pas parlé. Vaz lui fit un signe. « Quel est la position du professeur m'dame ? » demanda Vaz. « On doit s'occuper de lui c'est ça ? »

« Non, il sera armé et encourra les mêmes risques que vous. » Parangosky allait annoncer quelque chose d'assez déplaisant, cela se voyait sur son visage. « Là-bas vous devrez oublier la chaîne du commandement et prendre vos propres décisions. Nos communications cafouillent, nous avons des relais en panne, nos gars là bas tentent de garder le contact comme ils peuvent, et les colonies – et bien, nous n'avons plus aucun lien avec elles, nous ne savons pas si elles sont devenues des tas de cendres ou si elles ont juste décidé de rompre tout contact avec nous. »

Mal voulait savoir pourquoi ils avaient été choisis. Il pouvait comprendre pourquoi le professeur, l'espion, et le Spartan avaient été sélectionnés, mais il y avait toujours de nombreux ODST prêts à servir dans les parages, et n'importe lequel d'entre eux auraient pu faire l'affaire. Ce n'était évidemment pas un concours de circonstances ou un truc du genre, sinon Vaz n'aurait pas été présent également.

Il le saurait tôt ou tard. Cela ne faisait de toute façon aucune différence. Il comptait en être. « Nous partirons en expédition au matin, » dit Osman. « Si vous voulez picoler ou faire la fête ce soir, faites le dans la limite du raisonnable. Vos effets personnels vont être ramenés des casernes. Nous nous rendrons dans le vaisseau à Midpoint – c'est le Port Stanley. Il est équipé des dernières améliorations Forerunners dans ses moteurs, de cette manière nous pourrons couvrir de grands espaces rapidement. Une corvette est un bien grand vaisseau pour six, mais nous avons une IA pour la gérer. »

Parangosky posa son pad comme si c'était une main gagnante. « Allons BB. Ne soit pas timide. Présente-toi. »

Par le passé, Mal n'avait jamais travaillé avec des IA intelligentes. Un vaisseau le ferait atterrir lui et ses camarades, et s'ils étaient chanceux, ce vaisseau viendrait les rechercher une fois le boulot accompli, mais il ne voulait pas jouer avec aucune des technologies que l'ONI considérait comme admises. Il attendit que l'hologramme apparaisse. Lorsqu'un cube bleu se matérialisa au milieu des tables, cela lui procura une légère déception. Il espérait quelque chose d'un peu plus exotique. Il avait entendu un tas de drôles d'histoires sur les apparences que pouvaient pendre les IA.

« C'est moi, » dit le cube bleu d'une voix de tenor. « Je ferai le taxi. On m'appelle BlackBox. Les courses sont ma spécialité. » Mal se pencha en arrière dans son siège pour attirer l'attention de Vaz un instant. Il semblait ne montrait aucune émotion, mais avec précaution, comme toujours. Nous ne faisons pas d'opérations psychologiques. Nous n'avons encore jamais travaillé avec des Spartans. Et nous ne sommes d'ailleurs définitivement pas habitués à voir ces effrayantes créations. Mais à quel point cela sera-t-il dur ? Ils étaient des ODST. Ils pouvaient faire n'importe quoi. C'était leur façon de faire – un état d'esprit de commando.

« Bonjour BB, » dit finalement Mal. « Maintenant, emmènes-nous au monde des Têtes à Charnières. »</toggledisplay>

Chapitre 2 (VF)

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