Différences entre les versions de « Renaissance »
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Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear. | Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear. | ||
Un instant après son réveil, Traqueur crut qu’il | Un instant après son réveil, Traqueur crut qu’il se trouvait dans le monde des morts. Tout était sombre et froid et il ne pouvait pas bouger. De minuscules lumières clignotaient, remplissant son champ de vision. Puis une main invisible desserra sa prise et il put bouger ses bras. Il s'assit, se cogna la tête, se crispa et s'allongea de nouveau. Le choc le sonna et il étouffa un juron. Mais personne ne pouvait l'entendre. Il était allongé, seul et enfermé dans un lit. En se levant un peu, il pouvait voir, à travers un auvent transparent, des rangées constituées de centaines d'autres lits dans une grande et longue chambre, froide, bleue et sombre. Ce qu'il put voir confirma que ces lits-prisons étaient occupés par des ham''anush'' et des ch''amanush'' encore endormis, Traqueur lui, était réveillé. | ||
Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau forerunner. Les Forerunners les avaient embarqués depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver. | Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau forerunner. Les Forerunners les avaient embarqués depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver. | ||
{{citer|Comment vous sentez-vous ?}} demanda une voix. Il sursauta, puis regarda à sa gauche et vit une femelle forerunner. Elle ressemblait un peu à la Biocréatrice qui | {{citer|Comment vous sentez-vous ?}} demanda une voix. Il sursauta, puis regarda à sa gauche et vit une femelle forerunner. Elle ressemblait un peu à la Biocréatrice qui venait dans ses rêves, mais ce n’était pas elle. Personne d'autre ne pouvait être la Dame. | ||
L’auvent du lit s’ouvrit, Traqueur en sortit lentement, avec une grande dignité. | L’auvent du lit s’ouvrit, Traqueur en sortit lentement, avec une grande dignité. L'affaire était sérieuse. Il devait démontrer force et calme. Il devait faire attention. Comme tous les Forerunners, cette femelle était beaucoup plus grande que les Floriens et plus grande de plusieurs mains que n'importe quel humain. Son armure était décorée de glands argentés qui brillaient à ses moindres gestes. Scintillante comme la pluie sur un feu de camp, elle lui tendit la main. Il se retira, mais elle était rapide, de sa main jaillit un joyau liquide brillant et pulsant. Elle manipula ce rayonnement avec le sixième doigt de son autre main. | ||
Traqueur regarda autour de lui, les paupières tremblantes, mais ne vit aucun moyen de s'échapper. Constatant ce fait, il décida qu'il était peut-être temps d'apprendre pourquoi il était vivant, pourquoi tous ces humains étaient vivants, qui était ici, et qui ne l'était pas. Il y avait eu le jardin, les retrouvailles, la séparation, la douleur, tout dans la douleur ! Mais assez | Traqueur regarda autour de lui, les paupières tremblantes, mais ne vit aucun moyen de s'échapper. Constatant ce fait, il décida qu'il était peut-être temps d'apprendre pourquoi il était vivant, pourquoi tous ces humains étaient vivants, qui était ici, et qui ne l'était pas. Il y avait eu le jardin, les retrouvailles, la séparation, la douleur, tout dans la douleur ! Mais c'était assez. Il étira ses articulations et se frotta les bras. Sa fourrure était propre, trop propre. Ils lui avaient fait quelque chose ! La Forerunner le surveillait de près. Il n'aimait pas être examiné minutieux de près par plus grand animal que lui. « Courbatures, » se plaignit-il sur un ton mesuré. Les menaces et les fanfaronnades étaient inutiles ici, il le savait très bien. | ||
{{citer|Il faut s'attendre à des courbatures,}} dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Traqueur grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners | {{citer|Il faut s'attendre à des courbatures,}} dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Traqueur grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners s'intéresse à lui de nouveau. Il voulait partir. | ||
La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de Forerunners, elle semblait inquiète. Elle voulait peut-être être gentille. Il ne faisait confiance à rien de tout cela, pas | La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de Forerunners, elle semblait inquiète. Elle voulait peut-être être gentille. Il ne faisait confiance à rien de tout cela, pas encore. Il ne savait que trop bien de quoi les Forerunners étaient capables. Ils avaient autrefois réduit les humains à la quasi-extinction. Quel sort cruel leur réservaient-ils cette fois ? {{citer|Tu es Traqueur,}} dit-elle. L'éclat se répandit autour de lui. Son corps était apaisé, mais pas son esprit. C'est le nom qu'utilisaient ses amis, mais il ne lui avait pas donné la permission de l’utiliser. {{citer|J'ai une triste nouvelle, Traqueur. Nous n'en avons sauvé que quelques-uns de votre espèce, cha''manush''.}} | ||
Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler k’cha''manush''. Ainsi, la | Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler k’cha''manush''. Ainsi, la femelle forerunner ne savait pas tout. Chakas aurait compris. N'importe quel humain sur Erdé-Tyrène aurait su exprimer son respect pour ceux qui sont partis. Mais étaient-ils partis loin ? Trop loin pour être atteints ? S'il mourait sur ce vaisseau, retrouverait-il les morts ? Il haussa les épaules. | ||
{{citer|Nous n'avons jamais été nombreux,}} dit-il en | {{citer|Nous n'avons jamais été nombreux,}} dit-il en scrutant autour de lui, {{citer|Combien sommes-nous maintenant ?}} D'un mouvement de la femelle, les lumières de la chambre brillèrent plus fort. Il vit que d'autres Forerunners examinaient les dormeurs, pour la plupart de plus gros humains. Il essaya de compter, mais eux aussi n'étaient pas nombreux. Et ces Forerunners étaient tous des Biotechniciens, il n'y avait aucun combattant, aucun comme le Didacte. Si peu de gens. | ||
{{citer|Combien reste-t-il de votre peuple ?}} demanda Traqueur d'une voix basse, ne sachant pas ce qu'il voulait entendre. Elle ne lui dit rien. Peut-être qu’elle ne voulait pas entendre la vérité. Peut-être qu'elle ne le savait pas. | {{citer|Combien reste-t-il de votre peuple ?}} demanda Traqueur d'une voix basse, ne sachant pas ce qu'il voulait entendre. Elle ne lui dit rien. Peut-être qu’elle ne voulait pas entendre la vérité. Peut-être qu'elle ne le savait pas. | ||
{{citer|Je m'appelle Grandie par les Épreuves du Changement,}} dit-elle. {{citer|Celui qu'on appelle Traqueur peut m'appeler Épreuves.}} Au moins, elle essayait de suivre les formules de politesse. Il pinça ses lèvres. {{citer|Épreuves,}} dit-il prononçant ce nom assez bien. Il leva la main droite et tendit les doigts pour qu'elle le touche. Elle sourit. Qu'elle puisse sourire le frappa étrangement. Il n'avait jamais vu la Dame sourire, pas dans ses rêves. Le Didacte n'avait jamais souri non plus. Novelastre, cependant, avait été capable de faire une sorte de rictus avec ses lèvres. Celle-ci, Épreuves, était peut-être jeune, comme Novelastre. Elle ne sait peut-être pas grand-chose, mais elle était apparemment | {{citer|Je m'appelle Grandie par les Épreuves du Changement,}} dit-elle. {{citer|Celui qu'on appelle Traqueur peut m'appeler Épreuves.}} Au moins, elle essayait de suivre les formules de politesse. Il pinça ses lèvres. {{citer|Épreuves,}} dit-il prononçant ce nom assez bien. Il leva la main droite et tendit les doigts pour qu'elle le touche. Elle sourit. Qu'elle puisse sourire le frappa étrangement. Il n'avait jamais vu la Dame sourire, pas dans ses rêves. Le Didacte n'avait jamais souri non plus. Novelastre, cependant, avait été capable de faire une sorte de rictus avec ses lèvres. Celle-ci, Épreuves, était peut-être jeune, comme Novelastre. Elle ne sait peut-être pas grand-chose, mais elle était apparemment en charge de l'endroit. | ||
Après quelques hésitations, elle tendit prudemment les doigts pour toucher les siens. Avec une grimace et un claquement de dents, il saisit son poignet et lui griffa rapidement le dos de la main avec son ongle épais. La Biotechnicienne ne broncha pas. Pas au début. L'égratignure s'était vite refermée, mais Traqueur avait senti son sang pendant un moment. Sa peau était fraîche, même froide. Mais elle était faite de chair, ce n’était ni une machine, ni un esprit. | Après quelques hésitations, elle tendit prudemment les doigts pour toucher les siens. Avec une grimace et un claquement de dents, il saisit son poignet et lui griffa rapidement le dos de la main avec son ongle épais. La Biotechnicienne ne broncha pas. Pas au début. L'égratignure s'était vite refermée, mais Traqueur avait senti son sang pendant un moment. Sa peau était fraîche, même froide. Mais elle était faite de chair, ce n’était ni une machine, ni un esprit. | ||
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{{citer|Il y a des mots et des idées que tu dois connaître,}} dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. ''Oh oh…'', pensa-t-il. | {{citer|Il y a des mots et des idées que tu dois connaître,}} dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. ''Oh oh…'', pensa-t-il. | ||
{{citer|Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres.}} Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans | {{citer|Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres.}} Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans résister. Tout était différent à présent. Maintenant comme dans tous les autres moments difficiles, il devait être intelligent et penser pour tout son peuple. | ||
La lumière du bijou s'éleva autour de sa tête, pénétra dans ses yeux et ses oreilles, se répandit à travers son cou dans sa poitrine et son corps. Il leva les bras et vit ses veines briller. Elles étaient si nombreuses, si vivantes, si belles ! Et Traqueur n'avait pas peur. La lueur s’estompa et sa peau redevint opaque. Il s’étira. Il était différent, mais seulement un peu. | La lumière du bijou s'éleva autour de sa tête, pénétra dans ses yeux et ses oreilles, se répandit à travers son cou dans sa poitrine et son corps. Il leva les bras et vit ses veines briller. Elles étaient si nombreuses, si vivantes, si belles ! Et Traqueur n'avait pas peur. La lueur s’estompa et sa peau redevint opaque. Il s’étira. Il était différent, mais seulement un peu. Le souvenir de la douleur était plus flou. Cela l'inquiétait. Qu'est-ce qu'il oublierait d'autre ? {{citer|Où sommes-nous ?}} demanda-t-il. Épreuves ferma tristement le lit vide comme si elle savait que c'était la dernière fois qu'il serait utilisé. | ||
{{citer|Nous sommes dans un établissement médical bien au-dessus de la deuxième Arche, loin de la galaxie, dit-elle, un endroit sûr. Les humains resteront ici pendant | {{citer|Nous sommes dans un établissement médical bien au-dessus de la deuxième Arche, loin de la galaxie, dit-elle, un endroit sûr. Les humains resteront ici pendant nos préparatifs. Puis vous retournerez sur Erdé-Tyrène.}} | ||
{{citer|Et où iront les Forerunners ?}} | |||
Sa tristesse s'aggrava. {{citer|Nous allons bientôt réveiller le reste des cha''manush'' et les préparer. S'il te plaît, viens avec moi.}} | Sa tristesse s'aggrava. {{citer|Nous allons bientôt réveiller le reste des cha''manush'' et les préparer. S'il te plaît, viens avec moi.}} | ||
Traqueur suivi Épreuves alors que les Biotechniciens soulevaient les auvents des lits et réveillaient chaque dormeur avec l'éclat de lumière. Ils ouvrirent les yeux, leurs veines brillèrent, | Traqueur suivi Épreuves alors que les Biotechniciens soulevaient les auvents des lits et réveillaient chaque dormeur avec l'éclat de lumière. Ils ouvrirent les yeux, leurs veines brillèrent, eux aussi devinrent un peu différents. Il y avait une trentaine de k’cha''manush'' tout compte fait, pas un grand groupe, mais cela lui convenait. Comme toujours, peu nombreux et petits, et fiers de cela. | ||
{{citer|Ils sont prêts maintenant,}} dit | {{citer|Ils sont prêts maintenant,}} dit Épreuves, {{citer|Ils ont besoin que tu sois fort.}} Évidemment. Traqueur prit la position d'un leader, il salua les nouveaux réveillés avec un chant de perte et de rétablissement. Cette chanson était puissante, sans aucune descente. Rien que cela leur disait ce qu'ils avaient besoin de savoir : ils étaient toujours en difficulté, pas encore libres. Leurs vies n'étaient toujours pas entre leurs mains. | ||
Il en avait déjà rencontré certains qu'il avait connus sur Erdé-Tyrène. D'autres qu'il avait rencontré pendant son séjour chez les Forerunners, mais aussi certains qu'il ne connaissait pas du tout. Ils semblaient tous étonnés d'être en présence des Biotechniciens qui ressemblaient énormément à la Dame qui était venue à eux avant leur naissance. Mais elle n'était pas là. | Il en avait déjà rencontré certains qu'il avait connus sur Erdé-Tyrène. D'autres qu'il avait rencontré pendant son séjour chez les Forerunners, mais aussi certains qu'il ne connaissait pas du tout. Ils semblaient tous étonnés d'être en présence des Biotechniciens qui ressemblaient énormément à la Dame qui était venue à eux avant leur naissance. Mais elle n'était pas là. | ||
Avec les nouveaux généplans et la nouvelle connaissance se répandant dans son corps, Traqueur essaya de mettre de l'ordre dans ses souvenirs les plus récents et de voir plus clairement ce qu'ils | Avec les nouveaux généplans et la nouvelle connaissance se répandant dans son corps, Traqueur essaya de mettre de l'ordre dans ses souvenirs les plus récents et de voir plus clairement ce qu'ils impliquaient. | ||
Ce n' | Ce n'était pas bon. | ||
Un changement énorme. | Un changement énorme. | ||
Lorsque le grand vaisseau | Lorsque le grand vaisseau était arrivé sur l'Arche, les Biotechniciens avaient rassemblé tous les humains pour les guider à travers l'immense cale caverneuse jusqu'à un groupe de plus petits vaisseaux ronds et argentés comme des gros poissons. À l'intérieur du vaisseau de Traqueur, il faisait noir, il y avait énormément de monde qui faisaient des bruits étranges. Les k’cha''manush'' se tenaient nerveusement l'un l'autre, se serraient les mains et se lamentaient. Traqueur essayait de les calmer en sifflotant une chanson. | ||
{{citer|J'ai déjà été dans ces endroits,}} dit-il en chantonnant. {{citer|Nous pouvons faire confiance aux Biotechniciens, ils servent la Dame.}} Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur avait dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants | {{citer|J'ai déjà été dans ces endroits,}} dit-il en chantonnant. {{citer|Nous pouvons faire confiance aux Biotechniciens, ils servent la Dame.}} Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur avait dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants comptaient sur lui pour les guider. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé le jeune Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Traqueur se gonfla de fierté en y repensant. | ||
Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Traqueur émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeur des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements des portes étaient également étranges. Tissés d'une fibre cuivrée et brillante, discordante et fausse. Il | Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Traqueur émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeur des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements des portes étaient également étranges. Tissés d'une fibre cuivrée et brillante, discordante et fausse. Il renâcla. Typique. Les Forerunners avaient étudié les villages humains et les avaient ensuite copiés sans comprendre comment ils étaient utilisés ou de quoi ils étaient faits. Ils gouvernaient le ciel, mais ne savaient rien de ce qui se cachait en-dessous. | ||
Les terres entourant le village | Les terres entourant le village n'avaient rien de naturel. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Des buissons fleuris émergeaient d'un sol pauvre. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était aussi étrange. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil auquel il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il avait rencontré Novelastre. Cette immense, fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Traqueur vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement forerunner, faux, immense, au-delà de son entendement, impossible ! | ||
À côté du faux soleil, presque masqué par son éclat, il pouvait distinguer des spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant e fondant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erdé-Tyrène. Certains avaient appelé ce lait trempant le ciel la Rivière céleste, et disaient que c'était le chemin créé par toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Épreuves, elle le regarda. {{citer|Qu'est-ce que c'est ?}} demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement. | |||
{{citer|C'est la galaxie,}} répondit Épreuves. Sa confusion était douloureuse. | {{citer|C'est la galaxie,}} répondit Épreuves. Sa confusion était douloureuse. | ||
{{citer|Vous m’avez donné des mots mais je ne les sens toujours pas !}} dit Traqueur. Autour de lui, les autres, son peuple et les plus grands humains perdus dans l'immensité, commencèrent à gémir. Épreuves regarda autour d'elle avec un visage sévère, et | {{citer|Vous m’avez donné des mots mais je ne les sens toujours pas !}} dit Traqueur. Autour de lui, les autres, son peuple et les plus grands humains perdus dans l'immensité, commencèrent à gémir et pleurer. Épreuves regarda autour d'elle avec un visage sévère, et tapa dans ses mains. Les gémissements cessèrent. Impressionnant, pensa Traqueur. Elle n'est pas si jeune. | ||
{{citer|Ici, il y a tous les soleils et tous les mondes que nous connaissons, y compris celui que vous connaissiez,}} dit-elle. {{citer| | {{citer|Ici, il y a tous les soleils et tous les mondes que nous connaissons, y compris celui que vous connaissiez,}} dit-elle. {{citer|Nous sommes sur l'Arche, bien loin de la spirale formée par ces soleils. Il n'y a aucune raison de pleurer, vous êtes en sécurité ici. Nous sommes tous en sécurité ici, nous avons échappé à de terribles événements.}} Traqueur décida d’essayer. Il regarda cette ''galaxie'', essayant de mieux comprendre. Les autres le regardaient, certains craintifs, gémissant pendant qu'il essayait de tout assimiler. C'est grandiose ! Tellement sombre, pâle et beau ! De son point de vue, c'était comme le rêve d'un grand esprit, dans lequel il n'était qu'une toute petite partie. | ||
C'était peut-être le rêve de la Dame. | C'était peut-être le rêve de la Dame. | ||
Cela lui conviendrait parfaitement. | |||
Il pourrait vivre dans le rêve de la Dame. | Il pourrait vivre dans le rêve de la Dame. | ||
Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du | Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du joyau apparurent derrière ses yeux et il vit, ''comprit'', pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes s'étendant jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ce qu’il connaissait avait ''disparu'' ! Des corps recroquevillés n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haït tous, il haït la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. En un instant, ils étaient passé de la vie à… Même pas la mort, ils avaient disparu ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre aux terres de l'Ouest sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider. Il ne pouvait pas imaginer autant de chansons à la fois ! Quand son heure viendrait, quand il mourrait, y aurait-il encore quelqu'un qui connaîtrait ses vrais noms, qui pourrait chanter sa chanson ? Les esprits qui le protégeaient et le comprenaient, et intervenaient entre eux et ceux qui marchaient mais qui n'avaient jamais vécu, et ceux qui étaient morts cruellement. Est-ce qu’il reverrait ces bonnes personnes dans l’au-delà ? Ou est-ce que leurs esprits avaient été détruits comme leurs corps ? ''Les esprits peuvent-ils mourir ?'' Étaient-ils en train de s'estomper et de se décomposer, même maintenant, dans cette grande spirale de soleils et de terre ? Un rêve diabolique, inversant tout, dévorant, digérant et régurgitant tout. Des esprits dissous, brisés, perdus, gémissant dans les ténèbres pour échapper à l'agonie ! Et Traqueur ne pouvait pas descendre dans les grottes et apprendre quoi faire grâce à ce qui avait été peint à cet endroit ! Il se tortillait, salivant sur ses lèvres comme s'il était fou. Les autres étaient tombés et pleuraient aussi. Épreuves n’essayait pas de les réconforter. | ||
Ils étaient en train de se rappeler de tout, et cela prendrait du temps, et ce serait douloureux. Traqueur l'avait déjà compris. Sans les gens | Ils étaient en train de se rappeler de tout, et cela prendrait du temps, et ce serait douloureux. Traqueur l'avait déjà compris. Sans les gens qui vivaient sous ces soleils, ces lieux de terre et d’eau, les animaux qui y vivaient encore pourraient s'y installer. Des rats, des souris, des oiseaux. Les vignes pousseraient et grimperaient sur les murs, mais les animaux ne connaîtraient ni leur nom ni leur place et se comporteraient mal, et les vignes seraient seulement de mauvaises herbes en désordre. Cela ne pouvait pas être l'œuvre de la Dame, mais cela s'était quand même produit ! Et cela signifiait que la Dame n'avait aucun pouvoir. Elle était venue les voir à leur naissance, mais sa promesse n’était en fait qu’un mensonge. | ||
Épreuves se tenait debout, immobile, regardant, les laissant sentir et absorber. Finalement, Traqueur se leva et étendit les bras, puis haussa les épaules. | Épreuves se tenait debout, immobile, regardant, les laissant sentir et absorber. Finalement, Traqueur se leva et étendit les bras, puis haussa les épaules. | ||
{{citer| | {{citer|Tout a changé,}} lui dit-il. | ||
{{citer|Oui,}} dit-elle. | {{citer|Oui,}} dit-elle. | ||
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{{citer|Et ton peuple ?,}} dit-il d’une voix rauque. | {{citer|Et ton peuple ?,}} dit-il d’une voix rauque. | ||
Les généplans lui avaient | Les généplans lui avaient également de voir autre chose. Au-dessus des endroits où il y avait de la terre et de l'eau, les grands vaisseaux forerunners flotteraient à jamais dans le ciel, vides, leurs équipages disparus. ''Ils ont aussi tué les Forerunners !'' Impossible d'en imaginer la taille et la portée. Trop vaste pour être compris… Assez ! Traqueur se concentra sur les autres vaisseaux, les autres humains émergeant dans ce monde faux et étrange. Ils sortaient des coques rondes des vaisseaux en compagnie d'autres Biotechniciens, regardant le village, faisant face à leurs propres généplan en poussant leurs propres gémissements de consternation. Ils n'étaient pas chez eux. | ||
Traqueur s'essuya les lèvres. {{citer|Nous sommes fatigués,}} dit-il. {{citer|Nous avons besoin de manger et de dormir.}} | Traqueur s'essuya les lèvres. {{citer|Nous sommes fatigués,}} dit-il. {{citer|Nous avons besoin de manger et de dormir.}} Épreuves le regarda avec tristesse et peut-être aussi avec admiration. Il était intelligent, ce Florien, ce petit homme. Pas étonnant qu'il fut un favoris de la Bibliothécaire. Il s'était adapté. Vite. | ||
Ils eurent droit à un peu de repos et de temps pour s'adapter avant d'entrer dans le nouveau village. La nourriture fut apportée par des machines. Ce n'était pas très bon, mais c’était suffisant pour remplir leurs ventres. D'où il était accroupi au sommet de la colline, Traqueur put voir d'autres villages dispersés dans le paysage, et d'autres vaisseaux arriver pour débarquer leurs cargaisons d’humains. Il se tournait d'horizon en horizon. Les | Ils eurent droit à un peu de repos et de temps pour s'adapter avant d'entrer dans le nouveau village. La nourriture fut apportée par des machines. Ce n'était pas très bon, mais c’était suffisant pour remplir leurs ventres. D'où il était accroupi au sommet de la colline, Traqueur put voir d'autres villages dispersés dans le paysage, et d'autres vaisseaux arriver pour débarquer leurs cargaisons d’humains. Il se tournait d'horizon en horizon. Les bords de ce grand endroit tombaient dans l'obscurité ou s’allongeaient dans le ciel comme un Halo aplati puis incurvé. Cette pensée lui rappela le dernier Halo sur lequel il s'était trouvé et il s'inquiéta de nouveau de ce qui avait effrayé les Forerunners, pourquoi cette grande roue avait été construite. | ||
Il s'essuya les mains et se leva à côté de Épreuves qui attendait patiemment. {{citer|Le Parasite est parti maintenant, n'est-ce pas ?,}} demanda-il. {{citer|Oui,}} dit-elle. Elle commença à dire quelque chose, mais elle ne termina pas. ''Il y avait quelque chose qu’elle ne voulait pas me dire''. | Il s'essuya les mains et se leva à côté de Épreuves qui attendait patiemment. {{citer|Le Parasite est parti maintenant, n'est-ce pas ?,}} demanda-il. {{citer|Oui,}} dit-elle. Elle commença à dire quelque chose, mais elle ne termina pas. ''Il y avait quelque chose qu’elle ne voulait pas me dire''. | ||
Les Biotechniciens guidèrent ensuite les humains en groupes à travers le village comme des enfants. Traqueur vu assez vite que les Biotechniciens étaient sous la responsabilité d'une grande | Les Biotechniciens guidèrent ensuite les humains en groupes à travers le village comme des enfants. Traqueur vu assez vite que les Biotechniciens étaient sous la responsabilité d'une grande femelle. Elle s'appelait Chant de Verdure. | ||
{{citer|C'est la nouvelle Biocréatrice,}} expliqua Épreuves. | {{citer|C'est la nouvelle Biocréatrice,}} expliqua Épreuves. | ||
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{{citer|Mais elle n'est pas la Dame,}} dit Traqueur. | {{citer|Mais elle n'est pas la Dame,}} dit Traqueur. | ||
{{citer|Non, la Dame | {{citer|Non, la Dame lui a transmis ce titre. Chant de Verdure a hérité de ses fonctions.}} | ||
Les huttes étaient chauffées et abritées des intempéries, même si le temps était doux. Il y avait des vrais lits à l'intérieur, et des tables où tous pouvaient s'asseoir. La nourriture n'était pas servie dans les huttes, mais les fontaines d’eau à l’intérieur | Les huttes étaient chauffées et abritées des intempéries, même si le temps était doux. Il y avait des vrais lits à l'intérieur, et des tables où tous pouvaient s'asseoir. La nourriture n'était pas servie dans les huttes, mais les fontaines d’eau à l’intérieur délivraient une eau sans goût. L'eau de la rivière peu profonde était potable, ce qui n'était pas toujours le cas sur Erdé-Tyrène, surtout lorsque les troupeaux d’herbivores tentaient de passer à gué tous à la fois. Et les crocodiles se régalaient d'eux, et alors il y avait du sang et de la saleté. Mais cette rivière n’avait pas de troupeaux, ni de crocodiles. C'était étrange ce qui pouvait manquer. | ||
Les bâtiments plus grands entre les groupes de huttes d'acier étaient remplis de tables | Les bâtiments plus grands entre les groupes de huttes d'acier étaient remplis de tables basses où la nourriture apparaissait quand personne ne regardait. Bien assez de nourriture pour tout le monde. {{citer|Personne n'aura plus jamais faim,}} dit Épreuves. Elle espérait sans doute que cela compenserait pour le reste. Les Forerunners avaient toujours imaginé que Traqueur et les autres humains n'étaient que de peu supérieurs à des animaux. Qu'ils étaient heureux si leur ventre était plein. Tous, sauf la Dame qui avait compris, et qui était maintenant… Il lui chanterait une chanson quand il aurait le temps. Traqueur renifla la nourriture, mais encore une fois, ce n'était pas particulièrement intéressant. Rien de ce qu'il aimait manger à la maison. C'était marron, collant, grumeleux. Pas d'insectes, de vers ou de petits oiseaux pour agrémenter les choses. Le ventre plein peut-être, mais sans bonheur. Son peuple n'était pas des animaux. | ||
Après | Après qu'Épreuves leur ait montré les halls de repas, les Biotechniciens rassemblèrent les humains, petits et grands, et leur expliquèrent que leurs nouveaux généplans les aideraient à comprendre quelles plantes étaient bonnes à manger et lesquelles pourraient les aider s'ils tombaient malades. Traqueur renifla encore. C'était sa spécialité, enseigner aux autres les propriétés cachées des plantes et des herbes. Ces Forerunners voulaient toujours connaître, jamais apprendre. Un grand humain demanda il pouvait chasser. Les Biotechniciens répondirent qu'il n'y avait pas d'animaux dans cette partie de l'Arche. Chant de Verdure vint alors au milieu d'eux, écoutant et regardant. Il essaya d'attirer son attention. Elle ne le remarqua pas. Pas du tout comme la Dame. Elle l’avait favorisé. {{citer|Combien de temps resterons-nous ici ?}} demanda un autre humain, une grande femme au visage rond et à la peau d'olive, d'un type que Traqueur n'avait jamais rencontrée auparavant. {{citer|Jusqu'à ce que les choses soient préparées sur Erdé-Tyrène,}} répondit Chant de Verdure. {{citer|Et jusqu'à ce que nous soyons certains que le danger soit écarté.}} Elle regarda autour d'elle, ses yeux rencontrèrent ceux de Traqueur, et elle sourit ! Ou essaya de le faire. Elle sait qui je suis ! pensa Traqueur. Et cette pensée le ravit. | ||
Malgré les explications des mots du joyaux que les généplans leur ont donnés, les humains semblaient toujours perdus et effrayés. Ils avaient été enlevés de leurs maisons, arrachés à tout ce qu'ils | Malgré les explications des mots du joyaux que les généplans leur ont donnés, les humains semblaient toujours perdus et effrayés. Ils avaient été enlevés de leurs maisons, arrachés à tout ce qu'ils connaissaient et emmenés dans ce lieu physique, mais irréel. Et ils étaient si peu ! Bien que Traqueur ne pût compter le nombre de personnes sans utiliser ses doigts et ses orteils, et sans compter les multiples en tapant sur ses dents, il pouvait comprendre l'immensité du lieu. Même avec tous les autres villages sur l'Arche, il n'y avait pas moyen que ce soit toute la population d'Erdé-Tyrène. Cet endroit avait été beaucoup plus grand, avec beaucoup plus de monde. Bien plus qu'il n'en avait jamais rencontré. Maintenant, ils avaient été réduits à ''ça''. Les Forerunners avaient-ils calculé combien en prendre, combien en laisser derrière eux pour être détruits ? Combien avaient été tués par le Parasite, la Maladie déformante ? | ||
Épreuves et Chant expliquèrent que les Forerunners vivraient loin du village, dans une haute tour dépassant d'une fausse montagne. ''Un trône d'où l'on peut surveiller ses animaux de compagnie,'' pensa Traqueur, les Forerunners étaient arrogants, même dans leurs derniers jours. Mais sa position à l'égard de la nouvelle Biocréatrice s'était assouplie. Il se demandait à quel point elle finirait par ressembler à la Dame, avec le temps. | |||
Au deuxième réveil, la routine s'était installée dans lur vie. Les gens avaient emménagé dans leurs maisons et s'étaient habitués aux sortes de grumeaux bruns qu'on leur donnait à manger. Ils marchaient de village en village dans l'espoir de trouver des amis et de la famille disparus. Habituellement, ces espoirs étaient anéantis, mais Vinnevra était dans le village voisin et quand Traqueur la trouva, ils eurent une grande embrassade, puis se séparèrent, gênés par le spectacle qu'ils donnaient. Vinnevra demanda ensuite pour Chakas. Traqueur n'eut pas le courage de lui dire ce qu'il avait vu. Il y avait d'autres types d'humains ici aussi. Certains grands et forts, d'autres petits et larges. Il y avait même les San'Shyuums qu'il avait rencontré avec Chakas et Novelastre il y a si longtemps. | |||
Il y avait beaucoup d’autres étrangers dont Traqueur ne connaissait pas les noms. Tout un éventail d'espèces et de personnes se mélangeant. Ce n'était pas si différent de l'au-delà après tout. | |||
Beaucoup de larmes étaient versées dans les huttes la nuit. Certaines à cause de la tristesse, d'autres encore à cause de la peur. Traqueur réconforta | Beaucoup de larmes étaient versées dans les huttes la nuit. Certaines à cause de la tristesse, d'autres encore à cause de la peur. Traqueur réconforta les autres k'chamanush et leur dit que la nouvelle Dame veillerait sur eux comme l'ancienne, même s'il ne le croyait pas encore. Ils avaient besoin de réconfort. Les Forerunners restaient la plupart du temps dans leur tour. Ils disaient qu'ils avaient besoin de temps pour planifier leur retour. L'ombre nocturne du soleil tournant ne tombait jamais tout à fait à travers sa crête et il se montrait toujours avec une lueur argentée brillante contre l'espace noir au-dessus. | ||
Lorsque de nouveaux Biotechniciens | Lorsque de nouveaux Biotechniciens vinrent dans les villages pour être présentés aux humains survivants et pour s'assurer de leur santé, les nouveaux arrivants semblaient aussi perdus et stupéfaits que tous les autres. Peut-être n’avaient-ils pas encore reçu leurs nouveaux généplans. Le troisième jour, un visiteur vînt à la cabane de Traqueur. D'abord, une odeur vaguement familière lui vînt à travers la pendaison cuivrée. Des mains fortes séparèrent le rideau et un grand et imposant Forerunner mâle s'avança en portant l'armure d'un Serviteur-Guerrier. La fourrure de Traqueur se hérissa. C'était le Didacte ? Non. Visuellement similaire, mais l'odeur était très différente. Celui-ci était… | ||
{{citer|Novelastre,}} dit Traqueur en levant lentement sa main pour saluer. Puis, encore plus lentement, en étirant ses doigts. {{citer|Tu as changé.}} Le Forerunner caressa avec rudesse les doigts de Traqueur. {{citer|Mais tu es à peu près le même, Traqueur de l'Aube,}} dit-il en se penchant légèrement pour passer sous le toit de la hutte. Il s’agenouilla par terre. | |||
{{citer|C'est bon de te voir en vie,}} dit Traqueur, luttant pour que son ton corresponde aux mots, {{citer|Trop de morts.}} Cette nouvelle forme, plus grande et plus semblable au Didacte que ce qu'ils avaient vu sur l'autre Arche le rendait nerveux. | |||
{{citer|Beaucoup trop,}} dit Novelastre pour lui-même. | |||
{{citer|Tu as utilisé les Halos,}} dit Traqueur en gardant son visage impassible pour masquer la colère qu'il ressentait. | |||
{{citer|Il n'y avait pas le choix, pas au dernier moment. Il fallait le faire.}} | |||
Cela | Cela expliquait certains composants de l’odeur désagréable du Forerunner. La culpabilité. | ||
{{citer|Tu as changé, Novelastre. Là où j'ai vu la curiosité, je vois maintenant la guerre. Les Forerunners jouaient avec des vies comme de simples ''jetons''. Tu as choisi de mettre fin au jeu.}} | |||
Novelastre ferma les yeux et tendit | Novelastre ferma les yeux et tendit ses mains : {{citer|Tu as changé aussi. Tu parles comme…}} | ||
{{citer|Les ''généplans''. Je ne suis plus Traqueur, maintenant. Moi aussi, j'ai besoin d'un nouveau nom.}} | |||
{{citer|Oh, tu es toujours Traqueur. Toujours rapide à juger, et à juger juste. Oui, j'ai mis fin à la partie,}} dit-il. {{citer|Ce qu'il nous reste, nous le devons à ma femme. Si tous les Forerunners avaient possédé sa sagesse, les choses n'en seraient jamais arrivées là.}} | |||
{{citer|La Dame ?}} Traqueur grimaça au concept, se rappelant sa rencontre avec Novelastre et la Dame, après les terribles événements sur le premier Halo. Difficile d'imaginer qu'il puisse se marier, mais c'est ainsi qu'il en était arrivé à la tristesse. | |||
{{citer|Est-elle toujours en vie ?}} | |||
Novelastre baissa la tête. | Novelastre baissa la tête. {{citer|Je ne crois pas.}} | ||
{{citer|Voilà qui est triste,}} dit Traqueur. La Dame pouvait encore vivre dans les rêves et dans le passé, ses rêves avaient souvent été plus réels et plus beaux que la vie. | |||
{{citer|Nous avons tous perdu tant de choses,}} dit Novelastre. | |||
Ils prirent un moment pour se souvenir des disparus. | Ils prirent un moment pour se souvenir des disparus. | ||
{{citer|Si tu es devenu le Didacte,}} dit Traqueur, {{citer|alors peut-être ton jugement aura-t-il été obscurci par le sien. Sa haine pour notre peuple, son esprit vous a guidé, pas le tiens.}} | |||
{{citer|Non,}} dit Novelastre, {{citer|En fin de compte, le choix m'appartenait, et je le referais si nécessaire, mon vieil ami.}} Il referma les yeux, recueillant ses pensées. Traqueur renâcla. | |||
{{citer|Alors que ton esprit soit ainsi. Regarde autour de toi… ''Content'' ?!}} | |||
{{citer|Je suis désolé, Traqueur. Je l'aurais fait autrement si ça avait été possible.}} Il se leva et écarta les tentures, puis s'arrêta et regarda en arrière, vers la forme tapie dans l'ombre, bouillant de colère. | |||
{{citer|Je vais bientôt diriger une cérémonie. Une condamnation. J'espère qu'elle apportera un peu de justice, un peu de finalité. Je serais honoré si tu te joignais à moi.}} | |||
Traqueur hocha la tête. | Traqueur hocha la tête. | ||
{{citer|Punition ?}} | |||
{{citer|D'une certaine façon.}} | |||
{{citer|Justice forerunner}}, grogna-t-il, {{citer|Nous verrons ce que cela signifie.}} | |||
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{{citer|Justice Forerunners}}, grogna-t-il, {{citer|Nous verrons ce que cela signifie.}} | |||
Le grand vaisseau descendit lentement à travers un ciel bleu vif. Des essaims de sentinelles s’envolèrent pour l'accueillir, de minces faisceaux d'énergie s'attachant à eux afin qu'ils puissent le guider en toute sécurité vers le quai. Deux bras angulaires massifs s'élevèrent du piédestal sur le sable du désert. Traqueur se tenait à côté de Novelastre et regardait le processus depuis une plate-forme bien au-dessus du sol. Il se sentait mal à l'aise en présence de ces | Le grand vaisseau descendit lentement à travers un ciel bleu vif. Des essaims de sentinelles s’envolèrent pour l'accueillir, de minces faisceaux d'énergie s'attachant à eux afin qu'ils puissent le guider en toute sécurité vers le quai. Deux bras angulaires massifs s'élevèrent du piédestal sur le sable du désert. Traqueur se tenait à côté de Novelastre et regardait le processus depuis une plate-forme bien au-dessus du sol. Il se sentait mal à l'aise en présence de ces Forerunners, avec leur armure encombrante de cérémonie, mais il y avait aussi quelques autres humains. | ||
Au fur et à mesure que le vaisseau s'approchait, le bruit de sa propulsion résonnait à l'intérieur de la poitrine du Florien. Les bras du quai s'élevèrent vers le haut pour l'atteindre, se verrouillant sur la large coque du vaisseau et l'abaissant soigneusement pour le mettre en place. Le navire se posa dans un dernier bruit assourdissant. A l’avant du vaisseau, une porte à trois battants se rétracta. Du brouillard froid s'était formé à l'intérieur, et se dissipa sous l'effet de la chaleur extérieur. Une rampe de lumière se mis à clignoter. A travers la brume à l’intérieure du vaisseau, émergea une structure massive. Un long objet fait de métal gris argenté, dont la surface était ornée de lignes bleues luisantes dont le motif se répétait. L'objet descendit pour finalement flotter juste au-dessus du sol, où une troupe de sentinelles le reçu et le traina vers l'avant à l'aide d'attaches dures et légères. Traqueur pensa aux porteurs de cercueil. | Au fur et à mesure que le vaisseau s'approchait, le bruit de sa propulsion résonnait à l'intérieur de la poitrine du Florien. Les bras du quai s'élevèrent vers le haut pour l'atteindre, se verrouillant sur la large coque du vaisseau et l'abaissant soigneusement pour le mettre en place. Le navire se posa dans un dernier bruit assourdissant. A l’avant du vaisseau, une porte à trois battants se rétracta. Du brouillard froid s'était formé à l'intérieur, et se dissipa sous l'effet de la chaleur extérieur. Une rampe de lumière se mis à clignoter. A travers la brume à l’intérieure du vaisseau, émergea une structure massive. Un long objet fait de métal gris argenté, dont la surface était ornée de lignes bleues luisantes dont le motif se répétait. L'objet descendit pour finalement flotter juste au-dessus du sol, où une troupe de sentinelles le reçu et le traina vers l'avant à l'aide d'attaches dures et légères. Traqueur pensa aux porteurs de cercueil. | ||
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Les sentinelles guidèrent le cercueil à travers le quai et jusqu'à une autre structure inachevée qui était encore en construction sous leurs yeux. Les constructeurs comme des araignées tissaient des cocons de métal autour des armatures qui montaient lentement. Alors Traqueur comprit. Sous la roche et le sable de la fondation la plus profonde de l'Arche, une tombe massive était en préparation. Un vide avait déjà été comblé pour recevoir le cercueil. Les sentinelles le trainèrent au bord du vide ou une tombe étrange se trouvait à un endroit où il n'y avait pas de vraie terre, pas de vraie planète, et s’enfermèrent dans le cadre d'attente. Les lignes bleues du cercueil s'étendaient vers l'extérieur et s'étendaient dans les montants du confinement. Traqueur pris son inspiration et leva les yeux vers son compagnon. Novelastre observait la cérémonie avec un visage gris et sinistre. Difficile à lire. Tous les guerriers Forerunners avaient l'air gris et sinistre pour le Florien. | Les sentinelles guidèrent le cercueil à travers le quai et jusqu'à une autre structure inachevée qui était encore en construction sous leurs yeux. Les constructeurs comme des araignées tissaient des cocons de métal autour des armatures qui montaient lentement. Alors Traqueur comprit. Sous la roche et le sable de la fondation la plus profonde de l'Arche, une tombe massive était en préparation. Un vide avait déjà été comblé pour recevoir le cercueil. Les sentinelles le trainèrent au bord du vide ou une tombe étrange se trouvait à un endroit où il n'y avait pas de vraie terre, pas de vraie planète, et s’enfermèrent dans le cadre d'attente. Les lignes bleues du cercueil s'étendaient vers l'extérieur et s'étendaient dans les montants du confinement. Traqueur pris son inspiration et leva les yeux vers son compagnon. Novelastre observait la cérémonie avec un visage gris et sinistre. Difficile à lire. Tous les guerriers Forerunners avaient l'air gris et sinistre pour le Florien. | ||
Quand tout fut prêt, Novelastre leva les bras pour s'approcher de la tombe. | Quand tout fut prêt, Novelastre leva les bras pour s'approcher de la tombe. {{citer|Auxillia 05-032 répondant au nom de Quémandeur de savoir, vous avez complotée avec le plus grand ennemi du Manteau.}} | ||
Une voix grave émana du cercueil et s'amplifia à travers la plate-forme, faisant écho au vaisseau, au quai, et même à la tombe alors qu’on lui donnait sa touche finale : | Une voix grave émana du cercueil et s'amplifia à travers la plate-forme, faisant écho au vaisseau, au quai, et même à la tombe alors qu’on lui donnait sa touche finale : | ||
{{citer|Ceux qui jugent doivent d'abord se juger eux-mêmes}}, la voix se faisait maintenant écho sur les falaises et les canyons lointains, {{citer|Se juger eux-mêmes, se juger eux-mêmes...}} | |||
{{citer|Un péché pour combattre un péché, dit Novelastre, un moindre mal pour combattre un plus grand. C'est le choix que j'ai dû faire. Vous n'aviez pas d’excuse, vous avez amené les choses jusqu’à ce point.}} | |||
{{citer|Pourquoi ai-je été épargné, alors ?}} | |||
{{citer|Vous êtes amenés ici pour être condamnée. Vous n'avez pas été immédiatement détruit parce qu'on peut encore avoir besoin de vous. Votre connaissance intime du Parasite vous rend inestimable en cas de retour, mais nous ne pourrons jamais vous faire confiance, nous ne vous laisserons plus jamais aucune marge de manœuvre. Vous serez ensevelis ici. Vos processus verrouillés, figés dans une seule pensée pour l'éternité : l'expiation. En cas de besoin, vous serez réveillée. S'il n'y a pas besoin, vous serez enterrée ici jusqu'à la fin des temps.}} | |||
{{citer|Alors je servirai de monument à vos péchés. C'est ce que vous souhaitez.}} | |||
Novelastre secoua la tête. | Novelastre secoua la tête. {{citer|Je souhaite seulement que le manteau soit maintenu.}} | ||
{{citer|Je suis pénitent. Je sais que ce que j'ai fait est impardonnable. J'accepterai ma stase avec grâce et attendrai un moment où je pourrais me racheter.}} | |||
{{citer|Qu’il en soit ainsi}}, dit Novelastre. | |||
Il tendit la main vers un pylône, toucha les commandes au fur et à mesure qu'elles apparaissaient et ferma son poing. Les constructeurs finirent leurs toiles et se scellèrent dans le tissu de la tombe. Le cercueil de Quémandeur de savoir fût verrouillé sur place. L'ensemble de la structure s’enfonça lentement dans le vide et dans le métal de la fondation, ses lignes bleues palpitant de plus en plus lentement. | Il tendit la main vers un pylône, toucha les commandes au fur et à mesure qu'elles apparaissaient et ferma son poing. Les constructeurs finirent leurs toiles et se scellèrent dans le tissu de la tombe. Le cercueil de Quémandeur de savoir fût verrouillé sur place. L'ensemble de la structure s’enfonça lentement dans le vide et dans le métal de la fondation, ses lignes bleues palpitant de plus en plus lentement. | ||
{{citer|Une pensée pour l'éternité}}, dit Quémandeur de savoir. Son ton semblait presque nostalgique. Les lumières s'éteignaient, clignotaient, s'éteignaient. | |||
{{citer|Expiation.}} | |||
Le tombeau devînt noir comme la nuit. Les derniers mots de l’intelligence artificiel se répandirent à travers le faux désert et résonnèrent quelques instants plus tard dans les fausses montagnes. Novelastre, Traqueur, | Le tombeau devînt noir comme la nuit. Les derniers mots de l’intelligence artificiel se répandirent à travers le faux désert et résonnèrent quelques instants plus tard dans les fausses montagnes. Novelastre, Traqueur, Épreuves, Chant, et tous les autres regardaient silencieusement le reste de Quémandeur de savoir, enfermé dans un éternel exil, couvert de sable. | ||
Au cours de la septième saison, des globes bleus de lumière flottaient dans l'air au-dessus des villages. Le chant et le battement des tambours de bois s'élevaient des collines. Les gens parlaient et riaient dans les rues, et buvaient du jus de baies sucrées pressé des buissons. Fermenté juste assez pour lui donner un bon goût. Même les Forerunners descendirent de leur tour et rejoignirent les humains. Traqueur avait suggéré l'idée à Novelastre. | Au cours de la septième saison, des globes bleus de lumière flottaient dans l'air au-dessus des villages. Le chant et le battement des tambours de bois s'élevaient des collines. Les gens parlaient et riaient dans les rues, et buvaient du jus de baies sucrées pressé des buissons. Fermenté juste assez pour lui donner un bon goût. Même les Forerunners descendirent de leur tour et rejoignirent les humains. Traqueur avait suggéré l'idée à Novelastre. | ||
{{citer|Nous devrions avoir une veillée funèbre pour l'ancienne galaxie, et un festin de naissance pour la nouvelle !}} L'idée avait fait son chemin. Tous les villageois se lancèrent dans les préparatifs. Les Forerunners consultèrent les humains sur les aliments à préparer et à apporter, et finirent par obtenir un fac-similé raisonnable d'un ragoût de légumes épicés. Traqueur ne pouvait pas les convaincre que la viande, même en fac-similé, pourrait être encore mieux. Les humains préparaient leurs propres délices à partir des nouveaux fruits et des plantes des collines environnantes. Les Biotechniciens amélioraient le paysage, petit à petit avec de tels détails. | |||
L'ambiance était étrange. Tant de choses avaient été perdues, et les émotions refoulées ont rapidement fait surface alors que la danse sauvage et les chants hurlants se remplissaient de douleur. Le k'chamanush chanta une grande épopée d'un guerrier qui tenta à plusieurs reprises de retrouver son amour dans le monde souterrain, mais ne réussit jamais. Bien que les autres k'chamanush ne pouvait pas comprendre tous les mots, le message était clair : La vie passe et la mort est éternelle. Souvenez-vous du passé, mais honorez-le dans le présent. Les éloges funèbres et les blagues cochonnes s'entassèrent les unes contre les autres. Il y avait des pleurs et des rires, et parfois les deux à la fois. | L'ambiance était étrange. Tant de choses avaient été perdues, et les émotions refoulées ont rapidement fait surface alors que la danse sauvage et les chants hurlants se remplissaient de douleur. Le k'chamanush chanta une grande épopée d'un guerrier qui tenta à plusieurs reprises de retrouver son amour dans le monde souterrain, mais ne réussit jamais. Bien que les autres k'chamanush ne pouvait pas comprendre tous les mots, le message était clair : La vie passe et la mort est éternelle. Souvenez-vous du passé, mais honorez-le dans le présent. Les éloges funèbres et les blagues cochonnes s'entassèrent les unes contre les autres. Il y avait des pleurs et des rires, et parfois les deux à la fois. | ||
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A une dizaine de mètres entourés d'humains bruyants, Novelastre et Chant-De-Verdure écoutèrent. Elle toucha son épaule. | A une dizaine de mètres entourés d'humains bruyants, Novelastre et Chant-De-Verdure écoutèrent. Elle toucha son épaule. | ||
{{citer|Amis courageux}}, lui dit-elle doucement. | |||
{{citer|Les plus grand des amis,}} dit Novelastre. | |||
{{citer|Alors nous étions prisonniers dans un village de fantômes }}, dit Traqueur, {{citer| Avec l'approche de la Wolf-Moon de l'Installation 07, de si près, les méchants Forerunners voulaient faire de tout le monde des fantômes, mais je les ai dupés ! J'ai libéré Chakas, pour que Chakas puisse tous nous sauver ! Seul l'esprit à l'intérieur des Chakas pouvait arrêter la Wolf-moon !}} | |||
Vinnevra regarda au loin en souvenir de leur ami perdu. Traqueur pris une tasse et l'a remplie à ras bord. | Vinnevra regarda au loin en souvenir de leur ami perdu. Traqueur pris une tasse et l'a remplie à ras bord. {{citer|Souvenez-vous de Chakas !}} Il leva la coupe au-dessus de sa tête avec des toasts. {{citer|Je n'ai jamais rencontré un k'hamanush aussi courageux. Que son esprit veille éternellement sur nous et nous protège.}} | ||
Novelastre et Chant levèrent aussi leurs coupes vers le haut. Un autre Serviteur-Guerrier, assistant de Novelastre, prit une gorgée profonde, puis il pinça les lèvres et cracha violemment le jus amer. Tout le monde rit, puis se tut en voyant son air renfrogné. Le Serviteur-Guerrier, d'un coup d'œil vers Novelastre, essuya le jus de ses lèvres, renifla un rire approximatif et s'inclina profondément sur scène et tout le monde rit à nouveau. La tension était cassée. Les | Novelastre et Chant levèrent aussi leurs coupes vers le haut. Un autre Serviteur-Guerrier, assistant de Novelastre, prit une gorgée profonde, puis il pinça les lèvres et cracha violemment le jus amer. Tout le monde rit, puis se tut en voyant son air renfrogné. Le Serviteur-Guerrier, d'un coup d'œil vers Novelastre, essuya le jus de ses lèvres, renifla un rire approximatif et s'inclina profondément sur scène et tout le monde rit à nouveau. La tension était cassée. Les Forerunners n'étaient plus des dieux. Juste des gens comme le reste des K'hamanush. Les humains essayèrent de les amener dans leurs danses, de leur apprendre des chansons et de les regarder avec humour en imitant maladroitement leurs compagnons plus petits et plus légers. | ||
Les festivités se poursuivirent jusque tard dans la nuit. Le soleil commençait à peine à tourner autour du disque, une lumière doré pâle touchant les collines voisines. La plupart des fêtards et les pleureurs s'étaient déjà endormis. Traqueur s’assis dans les branches d'un arbre à l'extrémité du village en regardant paresseusement la rivière s’écouler en direction du soleil. | Les festivités se poursuivirent jusque tard dans la nuit. Le soleil commençait à peine à tourner autour du disque, une lumière doré pâle touchant les collines voisines. La plupart des fêtards et les pleureurs s'étaient déjà endormis. Traqueur s’assis dans les branches d'un arbre à l'extrémité du village en regardant paresseusement la rivière s’écouler en direction du soleil. | ||
{{citer|Puis-je me joindre à vous ?}} dit une voix en bas. C'était Épreuves. Traqueur hocha la tête et tapota la branche. Elle grimpa à l'arbre, remontant les branches avec une grâce surprenante pour sa taille, et s'assit dans le creux de la branche de Traqueur, en pliant ses longues jambes contre le tronc. {{citer|Les humains et les Forerunners ont toujours été faits pour être frères, pas pour se battre comme nous l’avons fait.}} | |||
{{citer|Les frères se battent aussi}}, dit Traqueur. | |||
{{citer|Je n'ai jamais eu de frères et sœurs}}, dit Épreuves. | |||
{{citer|J'avais un frère}}, dit Traqueur. {{citer|Quand nous étions jeunes, nous luttions pour voir qui était le plus fort. Il était plus âgé, et d'habitude il gagnait. Mais quand j'ai grandi et gagné, je ne l'ai jamais laissé l'oublier.}} | |||
{{citer|Que lui est-il arrivé ?}} demanda Épreuves. | |||
Traqueur haussa les épaules. {{citer|Ses os sont de la bouillie ou de la cendre, je suppose.}} | |||
{{citer|Tu es étrange pour un humain, dit Épreuves, tu t'entends si bien avec les autres. Tu ressens le besoin de diriger, malgré ta taille.}} | |||
{{citer|A cause de ma taille !}} Dit Traqueur enchanté. | |||
{{citer|Mais je vois clairement que tu préfères être seul.}} | |||
{{citer|Votre nom semble vous convenir}}, dit Traqueur. {{citer|Épreuves signifie jugement, mais aussi problème. Comment l'avez-vous trouvé ?}} | |||
{{citer|Il m'a été donné par ma famille adoptive,}} dit Épreuves, {{citer|Je n'ai pas toujours été une Biotechnicienne, mais c'était il y a des millénaires, et ce monde est passé maintenant, disparu.}} | |||
{{citer|Qu'est-il arrivé à votre famille biologique ?}} demanda Traqueur sans ménagement. | |||
Épreuves secoua la tête. {{citer|C'étaient des bâtisseurs, morts avant même l'arrivée du Parasite. Une implosion soudaine d'une étoile voisine alors qu'ils voyageaient d'un monde à l'autre. Mais avant cette époque, quand je leur ai dit que je voulais être une Biotechnicienne, changer de rang, ils étaient très en colère contre moi. Ils ont dit qu'ils couperaient tout contacts avec moi. Puis, ils sont partis. Je devais les honorer, mais je voulais aussi faire ce que je voulais. Mes congénères m'ont abandonnée, mais les Biotechniciens m'ont accueilli. Cette épreuve m’a changé, me permettant de devenir ce que je suis et ma préparée à la grande lutte qui a suivi.}} | |||
Elle posa sa main sur l'épaule de | Elle posa sa main sur l'épaule de Traqueur. {{citer|Croyez de la parole de quelqu’un de plus âgés que vous, Traqueur que la vie n'est qu'une épreuve. C'est la façon dont nous la laissons-nous façonner qui fait de nous ce que nous sommes. Les Forerunners ont échoué à leur épreuve. Maintenant, c'est au tour des humains d'assumer le manteau.}} | ||
{{citer|Nous ne pouvons pas faire bien pire}}, dit Traqueur, puis il eut un doute. | |||
{{citer|Tu en es sûr ?}} | |||
Il s’en contenta, mais ne chercha pas à en débattre plus. | Il s’en contenta, mais ne chercha pas à en débattre plus. | ||
Un matin, sans avertissement, un portail fut créé juste au-dessus des fausses terres de l'Arche. Les Forerunners allaient de village en village, rassemblant les humains, les emmenant dans les collines, les guidant dans les vaisseaux. Il était temps de retourner à Erde-Tyrene. Des groupes de différents humains seraient ensemencés à des endroits choisis. Selon | Un matin, sans avertissement, un portail fut créé juste au-dessus des fausses terres de l'Arche. Les Forerunners allaient de village en village, rassemblant les humains, les emmenant dans les collines, les guidant dans les vaisseaux. Il était temps de retourner à Erde-Tyrene. Des groupes de différents humains seraient ensemencés à des endroits choisis. Selon Épreuves et Chant, c'est ainsi que les Forerunners aideraient à réveiller et à réensemencer le monde de la naissance de l'humanité. Traqueur ne demanda pas si les Forerunners pouvaient rester et aider à apaiser les inévitables foules de fantômes en colère. Plus de fêtes, peut-être, plus d'alcool et de chansons. Mais même les Biotechniciens restèrent obstinément ignorants de ces difficultés. Peut-être, décida-t-il, serait-il préférable de ne pas retourner là où tous les fantômes le reconnaîtraient. | ||
{{citer|Pouvez-vous mettre mon espèce sur une île verte au milieu de l'océan ?}} demanda-t-il à Épreuves. {{citer|J'ai grandi dans les prairies, dans la sécheresse et la chaleur, mais j'ai toujours voulu vivre sur une île plus grande et meilleure que celle du cratère de Djamonkin, où je pourrai marcher le long de la plage agitée et sentir le soleil sur ma peau toute la journée entre les vagues et les tempêtes. Un endroit que je pourrai explorer de mon vivant, et transmettre mon savoir à mes enfants si j'en ai. Et si je le fais, je leur dirai comment nous avons fait des petits labyrinthes murés sur une autre île très, très lointaine, et ils m'aideront à rassembler des pierres et à construire.}} Les mots semblaient lui tomber dessus, une grande vision, un beau destin loin de tous ces fantômes. Lequel des esprits malheureux le cherche, pensa-t-il, alors ces murs, tant de murs, les troubleraient, et il pourrait dormir paisiblement. | |||
Elle sourit. | Elle sourit. {{citer|Oh, il y aura des enfants, et c'est la raison pour laquelle tu as été sauvé.}} Elle prit un regard réfléchi, puis regarda une image de son auxillia. {{citer|Il y a un endroit qui pourrait convenir.}} Il vit une belle plage de sable noir tacheté de roches blanches. Puis elle lui montra un autre endroit, une île de jungle profonde, très chaude, humide et verte. {{citer|Nous pouvons placer les vôtres sur de nombreuses îles, se dit-elle, il y aura de minuscules éléphants sur celle-ci. Juste ta taille.}} | ||
{{citer|Mon peuple pourra-ils les chasser ? Permettriez-vous cela ?}} | |||
{{citer|La vie est une épreuve, Traqueur.}} | |||
{{citer|Pour les petits éléphants aussi}}, acquiesça t-il. | |||
{{citer|C'est ton souhait ?}} demanda-t-elle. | |||
{{citer|C'est mon souhait}}, dit le Florien, enfin heureux. | |||
La porte de l'espace s'élargie dans le ciel, une bulle bleu foncé qui brillait plus que le soleil artificiel. Les vaisseaux décolèrent, le vent de leur sillage soufflant à travers les villages abandonnés. Un par un, ils se hissèrent jusqu'au passage. C'est ainsi que les humains retournèrent là où tout avait commencé il y a si longtemps : Erde-Tyrene. | La porte de l'espace s'élargie dans le ciel, une bulle bleu foncé qui brillait plus que le soleil artificiel. Les vaisseaux décolèrent, le vent de leur sillage soufflant à travers les villages abandonnés. Un par un, ils se hissèrent jusqu'au passage. C'est ainsi que les humains retournèrent là où tout avait commencé il y a si longtemps : Erde-Tyrene. | ||
Les vaisseaux arrivèrent, non loin de l'endroit où Marontik se trouvait autrefois. Le Portail ! Une énorme machine Forerunner, ouverte, partiellement enterrée dans le sol. Entouré d’une horde de nuages et de pluie pendant que l'énergie du portail soulevait des vents violents. Les vaisseaux s'arrêtèrent et débarquèrent beaucoup d'entre eux. Sur les calottes glaciaires du nord, ils en laissèrent d'autres à des endroits établis auparavant par la Dame. Chaque navire traça une route différente selon ses plans et selon de nouveaux plans. Ceux de | Les vaisseaux arrivèrent, non loin de l'endroit où Marontik se trouvait autrefois. Le Portail ! Une énorme machine Forerunner, ouverte, partiellement enterrée dans le sol. Entouré d’une horde de nuages et de pluie pendant que l'énergie du portail soulevait des vents violents. Les vaisseaux s'arrêtèrent et débarquèrent beaucoup d'entre eux. Sur les calottes glaciaires du nord, ils en laissèrent d'autres à des endroits établis auparavant par la Dame. Chaque navire traça une route différente selon ses plans et selon de nouveaux plans. Ceux de Épreuves, de Chant et de Traqueur. C'est ainsi que l'humanité, les quelques rares survivants, se retrouvèrent dans les vieux et nouveaux recoins de ce monde ancien et hanté. | ||
Une embarcation portant le k'chamanush atterri sur une longue et glorieuse plage. Le soleil commençait à peine à se coucher à l'ouest. C'était le vrai soleil, qui devenait orange, jaune et rouge, et même brièvement vert lorsqu'il tombait derrière des couches de poussière à l'horizon. Traqueur sortit du vaisseau et toucha pour la première fois depuis bien trop longtemps le sol, la vraie terre, la vraie saleté, la litière de feuilles brisées, le sable noir. Pendant un moment, il eut peur. Il avait tellement changé ! Mais il se dirigea vers les vagues, tapotant sur l'eau sombre et humide de la ligne de marée, et se tint là, les orteils creusant dans le sable humide, et puis, doucement, il sourit. | Une embarcation portant le k'chamanush atterri sur une longue et glorieuse plage. Le soleil commençait à peine à se coucher à l'ouest. C'était le vrai soleil, qui devenait orange, jaune et rouge, et même brièvement vert lorsqu'il tombait derrière des couches de poussière à l'horizon. Traqueur sortit du vaisseau et toucha pour la première fois depuis bien trop longtemps le sol, la vraie terre, la vraie saleté, la litière de feuilles brisées, le sable noir. Pendant un moment, il eut peur. Il avait tellement changé ! Mais il se dirigea vers les vagues, tapotant sur l'eau sombre et humide de la ligne de marée, et se tint là, les orteils creusant dans le sable humide, et puis, doucement, il sourit. | ||
Un autre k'chamanush le rejoint et l’éclaboussa, ils se jetèrent de l'eau l'un sur l'autre, puis retournèrent dans la jungle au-delà du sable sec et regardèrent ensemble à travers les arbres où ils se sentaient un peu plus en sécurité vers les caps éloignés de cette île qui allait être leur maison. C'était d'un vert profond, avec des crêtes de montagnes escarpées, chaudes et humides, et à l'intérieur des terres, une très haute montagne très large sillonnée par le ciel et Traqueur imagina qu'il y avait de la neige, très haut. Ici et là, il pouvait entendre les chutes d'eau. | Un autre k'chamanush le rejoint et l’éclaboussa, ils se jetèrent de l'eau l'un sur l'autre, puis retournèrent dans la jungle au-delà du sable sec et regardèrent ensemble à travers les arbres où ils se sentaient un peu plus en sécurité vers les caps éloignés de cette île qui allait être leur maison. C'était d'un vert profond, avec des crêtes de montagnes escarpées, chaudes et humides, et à l'intérieur des terres, une très haute montagne très large sillonnée par le ciel et Traqueur imagina qu'il y avait de la neige, très haut. Ici et là, il pouvait entendre les chutes d'eau. | ||
{{citer|Ce sera un bon foyer,}} dit Traqueur. {{citer|Oui !}} dit un autre. | |||
Épreuves descendit alors du vaisseau, tellement plus grande que la petite foule à ses pieds. Novelastre émergea derrière elle, plus grand encore, mais en paraissant plus humble. Plus humain si c'était possible. {{citer|Je suis content que ça te plaise, dit-il, les Biotechniciens se sont très bien débrouillés. Je vous souhaite à tous la meilleure des vies. Nos chemins doivent se séparer maintenant, nous ne nous reverrons plus, pas dans ce monde, jeune Traqueur.}} Traqueur se réjouit de cette insulte sur son âge, puis il pencha la tête d'un côté et s'approcha des deux Forerunners à côté du vaisseau, et lui tendit la main. Sans hésiter, Épreuves la serra ainsi que Novelastre. | |||
{{citer|Nous ferons ce que nous pouvons avec ce qu'on nous donne, dit Traqueur. }}Mais qu'en est-il de toi ? Où vivront les Forerunners ?" | |||
{{citer|Je ne sais pas, dit Novelastre, pas encore. Tout ce que je sais avec certitude, c'est que nous ne pouvons pas retourner dans ces endroits. Nous nous sommes déjà trop mêlés des affaires des autres.}} | |||
Traqueur grimaça. | Traqueur grimaça. {{citer|Les Forerunners refusent de s'en mêler ? C'est une promesse ?}} | ||
{{citer|Une promesse}}, dit Épreuves. | |||
{{citer|Ce sera vraiment un endroit différent}}, dit Traqueur. | |||
{{citer|Le portail restera}}, dit Novelastre. | |||
{{citer|Ah, alors vous avez menti}}, dit Traqueur, mais sans colère ni surprise. | |||
{{citer|Il sera enterré pour être retrouvé en cas de besoin. Peut-être qu'un jour, vos enfants reviendront et, je l'espère, rencontreront nos enfants.}} | |||
{{citer|Je doute d’être encore vivant ce jour-là,}} dit Traqueur. | |||
{{citer|Mais il est bon de penser que nos jeunes relèveront un autre défi, comme les frères doivent le faire, créer des problèmes, trouver des solutions.}} | |||
Novelastre ressentait cela profondément, et même avec son armure pour le protéger, l'émotion était presque trop forte. | Novelastre ressentait cela profondément, et même avec son armure pour le protéger, l'émotion était presque trop forte. {{citer|Je l’espère}}, c'est tout ce qu'il pût dire. Puis ils retournèrent au vaisseau et laissèrent les humains seuls pour trouver leur propre chemin. | ||
De sa place dans les arbres, Traqueur regarda les vaisseaux Forerunner partir au-dessus de l'océan, de l'horizon et dans la dernière lueur rouge du coucher du soleil. Puis il descendit et rassembla son peuple pour commencer à explorer. Il ne fallut pas longtemps à Traqueur pour réaliser qu'ils avaient tous vécu un rêve long et très étrange. Dans leur rêve, les humains, les | De sa place dans les arbres, Traqueur regarda les vaisseaux Forerunner partir au-dessus de l'océan, de l'horizon et dans la dernière lueur rouge du coucher du soleil. Puis il descendit et rassembla son peuple pour commencer à explorer. Il ne fallut pas longtemps à Traqueur pour réaliser qu'ils avaient tous vécu un rêve long et très étrange. Dans leur rêve, les humains, les Forerunners, tout le monde dans la galaxie, avaient été dépouillés de leur force et de leur fanfaronnade mondaine, et forcés de s'unir. Cela aurait-il vraiment pu se produire ? Il se réjouit et marcha devant le petit groupe. Les hommes et les femmes, petits et charmants, chuchotaient comme des brises passagères et chantaient comme des petits oiseaux, montrant à quel point ils étaient heureux d'être libres, d'être vivants. Bientôt, ils s'allongeraient et feraient des petits. C'était un très bon endroit pour les jeunes. | ||
Il était peut-être temps d'accueillir les fantômes, après tout. Il voulait que son peuple construise des murs, non pas pour confondre, non pas pour éviter, mais pour guider les fantômes, pour les aider à se souvenir d'où ils venaient, et qui honoraient encore leur mémoire. Il était temps maintenant de se réveiller, de revivre. Il prit une motte de terre dans sa main et la serra fortement pour se rassurer qu'elle soit encore réelle. Il y aurait la guerre. C'était inévitable. Les gens s'entretueraient, il y aurait de la souffrance et de la cruauté, et les gens oublieraient ces péchés passés et en vivraient de nouveaux. Mais malgré tout cela, la vie continuerait, et les morts reviendraient, et seraient accueillis avec joie. Traqueur lâcha la motte de terre, l'a laissa tomber de sa main, et l'a souffla dans le vent. | Il était peut-être temps d'accueillir les fantômes, après tout. Il voulait que son peuple construise des murs, non pas pour confondre, non pas pour éviter, mais pour guider les fantômes, pour les aider à se souvenir d'où ils venaient, et qui honoraient encore leur mémoire. Il était temps maintenant de se réveiller, de revivre. Il prit une motte de terre dans sa main et la serra fortement pour se rassurer qu'elle soit encore réelle. Il y aurait la guerre. C'était inévitable. Les gens s'entretueraient, il y aurait de la souffrance et de la cruauté, et les gens oublieraient ces péchés passés et en vivraient de nouveaux. Mais malgré tout cela, la vie continuerait, et les morts reviendraient, et seraient accueillis avec joie. Traqueur lâcha la motte de terre, l'a laissa tomber de sa main, et l'a souffla dans le vent. |
Version du 16 juillet 2019 à 15:33
Halo : Rebirth est l'épilogue de Halo : Silentium, écrit par Chloe Bear, fille de Greg Bear.[1][note 1]
À l'origine, cet épilogue était accessible au format audio grâce à un code constitué de pièces de puzzle dispersées dans le livre (ces pièces sont absentes des éditions françaises). Une fois celui-ci reconstitué et le code entré dans la section Classifiée de Halo Waypoint, il donnait accès à 20 000 points d'XP sur Halo 4 et 45 minutes de lecture par Greg Bear de la première partie de l'épilogue. La deuxième partie fut également découverte dans un autre code, donnant 50 000 points d'XP, l'emblème Overachiever et cinq minutes de lectures pour une partie cachée de l'épilogue.
Une version textuelle est incluse dans la version poche du livre anglais.
Résumés
La première partie raconte la réensemencement du point de vue de Traqueur. Lui, ainsi que Vinnevra et d'autres humains, ont été transférés de la première à la seconde Arche et sont surveillés par des Forerunners jusqu'à leur réintroduction. Il demande à ce que son peuple, les Floriens, soient réintroduits dans un lieu spécifique, connu aujourd'hui comme les îles de Florès.
La deuxième partie, incluse dans la première, raconte le jugement de Mendicant Bias suite à sa défaite. Après avoir été emmené sur la Petite Arche, il est jugé pour trahison mais est gardé vivant, étant donné qu'il connaît de nombreuses choses sur le Parasite, et est enterré dans le sable de l'Arche, avec pour seule pensée l'expiation.
Transcription
Partie une
<toggledisplay showtext=[Afficher] hidetext=Masquer> Rebirth. By Erik Bear and Greg Bear.
For a moment after Riser awoke, he thought he might be in the land of the dead. Everything was dark and cold, and he could not move. Tiny lights winked on one by one, encircling his field of vision. Then an invisible hand loosened its grip and he could move his arms. He sat up, bumped his head, tensed all over then lay back again. This made him flick the whites of his eyelids and growl a threat way back in his throat. But nobody could hear him. He was lying alone in an enclosed bed. Lifting himself up a bit, through the hard clear canopy he could see hundreds of other beds in rows, and around them a great long chamber; cold, and blue, and dark. What he could see confirmed that these hard prison beds were occupied by hamanush and chamanush still asleep, Riser was awake.
Slowly, reaching where he could to scratch, checking out skin, and fur, and ribs, and upper limbs, he remembered where he was: in the belly of a Forerunner sky-boat. Forerunners took us from the great Ark, said it was the only way to save us, to save everything.
"How do you feel?" A voice asked. He jerked, then looked to his left and saw a female Forerunner. She bore some resemblance to the Lifeshaper who came in dreams, but she was not that one. No one else could be the Lady.
The canopy of the bed opened. Riser climbed out slowly, with great dignity. This was serious. He had to show strength and calm. He had to be careful. Like all Forerunners, this female was much taller than the little Florian, taller by several hand-spans than any human. Her armor was decorated by silvery tassels that sparkled at her slightest move. Shimmering like rain over a campfire, she reached out to him. He drew back, but she was quick, from her hand flowed a bright, pulsing liquid jewel pattern. She manipulated this radiance with the sixth finger of her other hand.
Riser looked around, eyelids flickering, but saw no way to escape. Establishing this as a fact, he decided it might be time to learn why he was alive, why all these humans were alive, who was here, and who was not. There had been the garden, the reunion, the separation, the pain, everything in pain! But enough of that. He stretched his joints and rubbed his arms. His fur was clean; too clean. They had done things to him! The Forerunner watched him closely. He did not like the scrutiny of larger animals. "Stiff", he complained in a measured testing tone. Threats and bluster were useless here, he could see that.
"The stiffness is to be expected," the Forerunner said, speaking his language as if born to it. Riser's fear grew. He did not want Forerunners to pay attention to him again. He wanted to leave.
The chamber reminded him of the ghost gallery on the Halo. Too cold, too clean, no smell. The Forerunner's arms bristled and he backed away from the tall female until his feet came to the edge of the platform. The Forerunner drew in closer. From what little he understood of Forerunner expressions, she appeared concerned. Perhaps she meant to be kind. He did not trust any of that, not yet. He knew all too well what Forerunners were capable of. They had once reduced humans to near-extinction. What cruel fate might they bring this time? "You are Riser," she said. The radiance flowed up and around him. His body was soothed, but his mind recoiled. This was the name his friends used, but he had not given her permission. "I have sad news, Riser. We have saved only a few of your kind, chamanush."
She did not use that word properly. If most of his kind were now dead, or lost, or away from any spiritual center. Names had to change to reflect such loss. If so many of his people were dead, their name would now be k'chamanush. So the female Forerunner did not know everything. Chakas would have understood. Any human on Erde-Tyrene would have known how to voice respect for those now gone. But how far away gone? To far to reach? If he died on this sky-boat would he ever find the dead again? He shrugged out his arms.
"We were never many," he said looking around with a squint, "How many now?" At the female's direction the chamber's lights glowed brighter. He saw that other Forerunners were examining the sleepers, mostly bigger humans. He tried to count, but they, too, were not many. And these Forerunners were all Lifeworkers, there were no fighters, none like the Didact. So few of anybody.
"How many are left of your people?" Riser asked in a low voice, not sure what he wanted to hear. She did not tell him that. Perhaps the truth was not good for her. Perhaps she did not know.
"My name is Growth-Through-Trial-of-Change," she said. "The one known as Riser may call me Trial." Now, at least she was trying to follow the forms. He pursed his lips. "Trial," he said managing that name well enough. He raised his right hand and held out his fingers for her touch. She smiled. That she could smile struck him as odd. He never saw the Lady smile, not in his dreams. The Didact had never smiled. Bornstellar, however, had been capable of a kind of twitch of the lips. This one, Trial, might be young then, like Bornstellar. She might not know much, but she was apparently in charge.
After some hesitation, she cautiously extended her fingers to brush his own. With a grimace and clack of teeth, he grabbed her wrist and quickly scratched the back of her hand with one thick nail. The Lifeworker did not flinch, did not react at all. Not at first. The scratch quickly closed, but for a moment Riser smelled her blood. Her skin was cool, even cold. But she was flesh, not a machine, not a spirit.
"There are words and ideas you need to know," the Lifeworker said, only then withdrawing her hand. She gave it a little shake which gratified him, and he curled his lips. Then she looked somber. Uh-oh, he thought.
"You already have some knowledge," she said, "A new kind of geas. Here is more." The radiant jewel grew. He tried to fend off its light, but something held him in place. He looked up at her steady, earnest face and forced himself to surrender without a scrap. Things were very different now as in other hard times he would have to be smart, and flexible, and think for all his people.
The jewel's light drew up around his head, entered his eyes and ears, spread down through his neck into chest, and body. He lifted his arms and saw his veins glow. There were so many, so alive, beautiful! And Riser was not afraid. The glow faded, his flesh turned opaque again. He stretched. He was different, but only a little. He did not remember the pain as sharply. That worried him. What else would he forget? "Where are we?" he asked. Trial sadly closed and sealed the empty prison bed as if she knew this is the last time it would ever be used.
"We are in a medical facility high above the second Ark, far outside the galaxy," she said, "A safe place. Humans will stay here for a time while we make preparations. Then, you will be returned to Erde-Tyrene."
"And where will Forerunners go?"
Her sadness deepened. "We will soon wake the rest of the chamanush and prepare them as well. Please come with me."
Riser followed Trial as the Lifeworkers raised the prison bed canopies and roused each sleeper with the radiance. They opened their eyes, their veins glowed, they became a little different as well. There were about thirty k'chamanush all told, not a large group, but that suited him. As always, few and small, and proud of that.
"They are ready now," Trial said, "They need you to be strong." Obviously. Riser took the stance of a leader, the greeted the newly awakened ones with a trilling click-song of loss and recovery. This song was forceful, brooking no descent. That alone told them what they needed to know: they were still in trouble, still not free. Their lives were still not their own.
Some he had met before, had known on Erde-Tyrene. Others he had met during his time with the Forerunners. Some he did not know at all. They all seemed odd to be in the presence of the Lifeworkers who so resembled the Lady who came to them before birth. But that one was not here.
With the new geas, the fresh knowledge spreading through his body, Riser tried to put his most recent memories in order and see more clearly what they implied.
Not good.
Enormous change.
When the great sky-boat arrived at the Ark, Lifeworkers gathered all the humans and guided them through the immense cavernous hold to an awaiting cluster of smaller ships round and silvery like fat fish. Inside Riser's ship, it was dark and crowded and everyone and everything made strange noises. The k'chamanush nervously held each other and clutched hands and softly cooed and trilled. Riser tried to calm them with his whistle-chirp song.
"I have been in these moving places before," he said in that musical form. "We can trust the Lifeworkers, they serve the Lady." Everyone needed to be calm so he told them what they needed to hear. The survivors look towards him for guidance. That he was used to. He had run the city of Marontik, large parts of it once. He had trained the young Chakas in the craft of thievery and deception, and he had bitten the Didact! Riser's chest swelled at that flying memory.
The fish-ship opened its doors on a hill overlooking the edge of a strange village. Riser emerged first, theatrically stretched his limbs, and sniffed the air. The others stayed back for the moment. Clusters of metal huts had been arranged at haphazard fashion along a shallow twisty river. Smoothly trod dirt paths wound between the huts, but the air did not smell of animals or people, did not smell of breath and farts and sweat, of being lived in. The door coverings were also strange. Woven of some coppery shiny fiber, jarring and false. He chuffed. Typical. Forerunners had studied human villages and then copied them without understanding how they were used or what they were made of. They ruled the skies but knew nothing of what lay beneath.
The land surrounding the village were also wrong. Tall, thin-leaved trees he did not recognize rose up here and there with no community, no enthusiasm. They were strangers here themselves. Flowering bushes thrust from the thin soil. Again, like none he had ever seen before. Their bloom was poking out tufted yellow rods that swayed in the sterile breeze. Everything smelled too clean, too fresh. Like just before a thunderstorm. The light was odd too. He looked up at the sun. Not at all like the sun he was used too, nor any of the suns he had seen since meeting Bornstellar. This big false light hung and pivoted on its side to cast nighttime shadows on distant lands. Riser wheeled about, dizzy. Lands that rose up on all sides, like the petals of a huge spiky flower. Typically Forerunner, false, immense beyond his ken, impossible!
Next to the false sun, nearly obscured by that brilliance, he could make out dim swirling spirals that glowed with ghostly power. Like dribbled milk soaking into black mud under moonshine. These swirls must be very very large, and very far away. He had seen something like them on Erde-Tyrene. Some had called that glowing milk-soak in the sky Heaven's River, and said it was the beaten down trail of all fixed and wandering spirit lights, but not the same. Not at all the same. Nothing familiar! He nudged Trial, she looked down at him. "What is that?" he asked and pointed towards the swirls. The others listened closely.
"That is the galaxy," Trial answered matter-of-factly. His confusion was painful.
"You give me words but I still don't feel them!" Riser said. Around him, the others, his people and the bigger humans lost in hugeness, began to moan, and then to wail. Trial looked around her, put on a stern face, and tapped her hands together. The wailing stopped. Impressive, Riser thought. She is not so young.
"That out there is all the suns and worlds we know, including the one you knew," she said. "Where we are now, the Ark, is far outside that great spinning wheel of suns. There is no reason to cry out, you are safe here. We are safe here, protected from everything that has happened." Riser decided to give it a go. He stared up at the gal-axy, working to understand better. The others watched him, some fearful, whimpering as he tried to absorb it. So great! So somber and dim and beautiful! From here, it might as well be apart of a dream, a great spirit, a big other was having, in which he was only a tiny part.
Maybe it was the Lady's dream.
He could live with that.
He could live in the Lady's dream.
Then something in his head clicked and the new geas brought forth memories both suppressed, and new. The jewel's words and images rose up behind his eyes and he saw, knew, for the first time, desolation. Villages deserted, farms abandoned, empty, roads stretching to empty houses. The great world scrubbed, and swept out like plague-filled huts! Everything he knew, gone! Sad crumpled bodies not even given time to rot! Dissolving, sinking into the dirt! That made him cry out. Not even bones to bury or burn! For a hot moment he hated them all, he hated the Lady! He growled in his throat and his fur bristled. The others whined and trilled and backed away. Did they suffer? He hoped it was quick. One moment alive, the next gone. Not even dead, just gone! He wondered if all the dead could travel to the western lands without someone like him to sing their names and guide them. He could not imagine so many songs all at once! When his time came, when he died, would there be any left who knew his real names, that could sing his song? The spirits who protected and understood him, and intervened between them and those who walked but had never lived, and those who had died badly. Would he see any of the good dead again? Or were their spirits destroyed utterly as their bodies? Could spirits die? Were they fading and decaying even now in that great spiral of suns and dirt places? An evil dream, everything upside down, everything eaten and defecated by evil things. Dissolved, broken, lost spirits wailing in darkness, reaching out in agony! And Riser could not descend into the caves and learn from what was painted there, learn what to do! He writhed, spittle on his lips as if he were mad. The others fell down and wept as well. Trial did not try to comfort them.
They were reimagining everything, and that would take time, and it would be painful. Riser already understood this much. Without people in that dim place of suns, the places of land and dirt and water, the animals that still lived might move in. Rats and mice, some birds. Vines would grow and climb over the walls, but the animals would not know their names or their places and would behave badly, and the vines would be weeds without order! This could not be the Lady's doing, but it had happened anyway! And that meant the Lady had no real power. She came to them when they were born, but her promise was a lie.
Trial stood unmoving, watching, letting them feel and absorb. Finally, Riser got up and spread his arms, and then shrugged.
"That has changed," he said to her.
"Yes," she said.
"And your people?" he croaked.
The geas allowed him to see this as well. Above the places that were dirt and water, the great Forerunner ships would float forever through the sky, empty, their crews gone. They killed Forerunners too! Impossible to imagine the size and reach of it. Too vast to understand-- Enough! Riser focused on the other fish-ships, the other humans emerging into this false strange world. They were walking out of the rounded hulls in the company of other Lifeworkers, staring at the village, facing their own geas sounding their own moans of dismay. Not home.
Riser wiped his lips. "We are tired," he said. "We need to eat and sleep." Trial looked down upon him with sadness and perhaps admiration. He was smart, this Florian, this little one. No wonder the Librarian had favored him. He adapted. Quickly.
They were allowed a little rest and time to adjust before going into the new village. Food was brought by machines. It was not good food, but it filled their bellies. From where he squatted on the top of the hill, Riser could see other villages scattered across the landscape, and more fish-ships arriving to disembark their living cargos. He turned from horizon to horizon. The sides of this big place either fell out into darkness, or stretched up into the sky like a Halo stomped flat and shoved around. That thought reminded him of the last Halo he was on and he grew nervous again about what had frightened the Forerunners, why the great wheel had been made.
He wiped his hands and stood up beside Trial who was waiting patiently. "The Flood are all gone now, yes?" he asked. "Yes," she said. She began to say something more but did not finish. Something she doesn't want to tell me.
The Lifeworkers then guided the humans in groups through the village like children. Riser saw quickly enough that the Lifeworkers were in the charge of a tall female. Her name was Chant-to-Green.
"She is the new Lifeshaper," Trial explained.
"But she is not the Lady," Riser said.
"No, the Lady tasked her. Chant-to-Green does her work now."
The huts were heated and gave shelter from the elements though the weather was mild. There were beds inside, not prison beds, and tables where all could sit. Food was not served in the huts, but fountains inside bubbled tasteless water. The water from the shallow river was safe to drink, not always true on Erde-Tyrene especially when the grass eating herds tried to ford all at once. And the crocodiles feasted on them, then there had been blood and foulness. This river, no herds no crocodiles. Strange what one could miss.
Larger buildings between the clusters of steel huts were filled with more low tables where food appeared when nobody was looking. More than enough food for everybody. "No one would ever go hungry again," Trial said. She seemed to hope this might make up for other things. Forerunners had always imagined Riser and other humans to be a little better than animals. Happy enough if their bellies were full. All but the Lady who had understood, and was now... He would sing a song for her when there was time. Riser sniffed at the food but again, it was not particularly interesting. Nothing what he liked to eat at home. It was brown, sticky, lumpy. No insects or worms or small birds to liven things up. Full bellies perhaps, but no happiness. His people were not animals.
After Trial had introduced them to the food buildings, Lifeworkers gathered the humans large and small, and explained that their new geas would help them understand which plants here were safe to eat, and which could help them if they fell ill. Riser sniffed again. That had been his specialty, teaching others the hidden uses of plants and herbs. These Forerunners thought nothing of learning, only of knowing. A tall human asked about hunting. There were no animals in this part of the Ark, the Lifeworkers replied. Chant-to-Green, came then amongst them, listening and watching. He tried to catch her eye. She did not notice him. Not at all like the Lady. She favored me. "How long will we be here?" asked another human, a tall olive skinned round faced woman of a kind Riser had not met before. "Until things are prepared on Erde-Tyrene," Chant-to-Green answered. "And until we are certain that the danger is over." Now she looked around, and her eyes met Riser's, and she smiled! Or tried to. She knows who I am! Riser thought. And that thought made him chuff and rub his nose.
Despite the explanations the jewel words the geas laid over them, the humans still seems lost and afraid. They had been taken from their homes, dragged from everything they knew and brought to this solid, but unreal place. And so few! Though Riser could not reckon larger numbers without using his fingers and toes, then counting multiples with taps on his teeth, he could judge vastness as well enough. Even with all the other villages here on the Ark, there was no way these crowds could be everyone from Erde-Tyrene. That place had been much to big, with too many people. Far more than he had ever met. Now they had been reduced to this. Did the Forerunners calculate how many to take, how many to leave behind to be destroyed? How many had been lost to the Flood, the Shaping Sickness?
Trial and Chant explained that they would be living a ways away from the village as in a high tower jutting out of the side of a false mountain. A throne from which to watch their pets, Riser thought, Forerunners arrogant even in their last days. But his position with regard to the new Lifeshaper was softening. He wondered how much like the Lady she would become, given time.
By the second wake cycle life had settled down to a routine. The people had moved into their houses and gotten used to the brown lumps they were fed. They walked from village to village in hopes of finding absent friends and family. Usually those hopes were dashed, but Vinnevra was in the next village over and when Riser found her they embraced and then backed away, embarrassed of the display. Vinnevra asked after Chakas. Riser did not have the heart to tell her what he had seen. There were other races here too. Some strong and sinewy, others squat and broad. There were even the San 'Shyuum he had encountered with Chakas and Bornstellar so long ago.
Many strange others Riser did not know the names for. A whole spectrum of races and peoples mingling. This was not so unlike the afterlife after all.
Many tears were shed in the huts by night. Some from sorrow, some even now from fear. Riser comforted the other k'chamanush and told them the new Lady would watch over them just as the old one had, even if he did not yet believe this. They needed comfort. The Forerunners mostly kept to their tower. They said they needed time to plan the return. The night-shadow from the rotating sun never quite fell across its peak and it always shown with a bright silver glow against the black space above.
When new Lifeworkers came down to the villages to be introduced to the surviving humans and to check on their health, the new arrivals seemed as lost and stunned as everyone else. Perhaps they have not yet received their new geas. On the third day, a visitor came to Riser's hut. First a vaguely familiar smell came to him through the coppery hanging. Strong hands parted the curtain and a tall bulky male Forerunner stepped in wearing the armor of a Warrior-Servant. Riser's fur stood on end. Was this the Didact? No. Visually similar but the smell was very different. This one was-
"Bornstellar," Riser said slowly raising an open palm in greeting. Then, even more slowly stretching out his fingers. "You have changed." The Forerunner doggedly brushed Riser's fingers. "But you are much the same, Morning Riser," he said stooping slightly to fit beneath the roof of the hut. He knelt on the floor.
"Good to see you alive," said Riser, struggling to make his tone match the words, "Too many dead." This new form, larger and more like the Didact than what they had seen on the other Ark made him nervous.
"Far too many," Bornstellar said inside deeply.
"You fired the Halos," Riser said keeping his face impassive to mask the anger he felt.
"There was no choice, not at the last. It had to be done."
That explained some nasty components of the Forerunner's smell. Guilt.
"You have changed, Bornstellar. Where once I saw curiosity, now I see war. The Forerunners played with lives like gaming stones. You chose to end the game."
Bornstellar closed his eyes, and tended his hands together, "You've changed as well. Your speaking-"
"The geas. I am not Riser now. I, too, need a new name."
"Oh, you are still Riser. Still quick to judge, and judge true. Yes, I ended the game," he said. "What we have left, we owe to my wife. Would have all Forerunners possessed her wisdom, things never would have come to this."
"Lady?" Riser grimaced at the concept, recalling his encounter with Bornstellar and the Lady, after the terrible events on the first Halo. Difficult to imagine marriage to such- his marriages, but that way led to sadness.
"Is she still alive?"
Bornstellar hung his head. "I do not think so."
"Brings sorrow," said Riser. The Lady might still live in dreams and in the past, his dreams had often been more real and beautiful than life.
"We have all lost so much," said Bornstellar.
They took a moment to remember the absent.
"If you became the Didact," said Riser, "Then perhaps your judgment was clouded by his. His hatred of our people, his spirit guided you, not yours."
"No," said Bornstellar, "In the end the choice was mine alone, and I would do it again, my old friend." He closed his eyes again, collecting his thoughts. Riser chuffed.
"Then on your spirit be it. Look around you -- pleased?!"
"I am sorry, Riser. I would have done it another way if it were possible." He rose and pushed aside the hangings, then paused and looked back into the shadows of the small form coiled there, bristling all over.
"I will be leading a ceremony soon. A sentencing. I hope that it will bring some justice, some finality. I would be honored if you would join me."
Riser nodded.
"Punishment?"
"Of a sort."
"Forerunner justice," he growled low and deep, "We will see what that means." </toggledisplay>
Partie deux
<toggledisplay hidetext=Masquer> "Forerunner justice," he growled low and deep, "We will see what that means."
The great ship descended slowly through a vivid blue sky. Swarms of Sentinels rose to greet it, thin beams of energy tethering it to them so they could guide it safely to the dock. Two massive angular arms rising from the pedestal on the desert sand. Riser stood by Bornstellar's side watching the proceedings from a platform high above the ground. He felt awkward in the presence of these Forerunners, their bulky armor shaped for ceremony, but there were also a few other humans.
As the ship approached, its drive pulsed deep notes that resonated within the Florian's chest. The dock arms reached up to meet it, locking onto the ship's broad hull and lowering it carefully into place. The ship touched down with a loud and final boom. Near the ship's bow, a three-winged door retracted. Cold fog welled up inside, puffed out, then swirled away in the rising heat. A hard light ramp flickered into being. Through the last of the inner mist emerged a massive structure. An oblong of silver-gray metal, its surface inscribed with glowing blue lines that pulsed in rhythmic patterns. The oblong descended to float just above the ground, where a flock of sentinels received it and dragged it forward with hard light tethers. Riser was reminded of pallbearers carrying a coffin.
The sentinels guided the oblong across the dock and down to another unfinished structure still being shaped as they watched. Constructor machines like spiders spun hardening cocoons of metal around slowly ascending frameworks. Then Riser understood. From below the rock and sand out of the Ark's deepest foundation, a massive tomb was being prepared. A void had already been cleared to receive the coffin. Sentinels dragged it to the edge of the void, a strange grave at a place where there was no real dirt, no real planet, and latched into the waiting frame. The oblong coffin's blue lines flowed outward spreading into the confining struts. Riser puffed out his cheeks and looked up at his tall companion. Bornstellar was observing the ceremony with a gray, grim face. Hard to read. All Forerunner fighters looked gray and grim to the Florian.
When all was ready, Bornstellar raised his arms to address the tomb. "Ancilla 05-032 of the designation Mendicant Bias, you have colluded with the greatest enemy of the Mantle."
A deep voice issued from the coffin and was amplified across the platform, echoing from the ship, the dock, the tomb, even now being given its final touches:
"Those who pass judgment should first judge themselves," the voice now echoed off far bluffs and canyons, "Judge themselves, judge themselves..."
"A sin to fight a sin," said Bornstellar, "a lesser evil to fight a greater one. That is the choice I was forced to make. You had no such excuse, you brought matters to this point."
"Why was I spared, then?"
"You are brought here to be sentenced. You have not been immediately destroyed because you may yet be needed. Your intimate knowledge of the Flood makes you invaluable should they return, but we can never trust you, never again allow you any latitude. You will be entombed here. Your processes locked, frozen into a single thought for all eternity: absolution. Should you be needed, you will be reawakened. Should there be no need, you will be buried here until the end of Living Time."
"Then I will serve as a monument to your sins. That is what you wish for."
Bornstellar shook his head. "I wish only for the Mantle to be upheld."
"I am penitent. I know that what I have done cannot be forgiven. I will accept my stasis with grace and await a time when I might redeem myself."
"Aya, so shall it be," said Bornstellar.
He reached out to a pylon, spread his hand across the controls as they appeared and closed his fist. The constructors finished their webs and sealed themselves into the tomb's fabric. Mendicant Bias's coffin was locked in place. The entire structure dropped slowly below the ground into the void and the foundation metal, its blue lines pulsing more and more slowly.
"One thought for all eternity," said Mendicant Bias. His tone sounded almost wistful. Now the lights were fading, flickering, going dark.
"Atonement."
The tomb turned as black as night. The machine's final words spread across the false desert and echoed moments later from the false mountains. Bornstellar, Riser, Trial, Chant, and all the rest watched silently as the rest of Mendicant Bias, locked in eternal exile, was covered by sand.
In the seventh season, blue globes of light hung in the air above the villages. Singing and the beat of wooden drums rose from the hills. People talked and laughed in the streets, and drank sweet berry juice squeezed from the bushes. Fermented just enough to give it an edge. Even the Forerunners came down from their tower and joined the humans. Riser had suggested the idea to Bornstellar.
"We should have a wake for the old galaxy, and a birth-feast for the new!" The idea had caught on. All the villagers threw themselves into preparations. The Forerunners consulted with the humans on what foods to prepare and bring, and ended up with a reasonable facsimile of a spicy vegetable stew. Riser could not convince them that meat, even in facsimile, might be better still. Humans prepared their own delicacies from the newer fruits and plants from the surrounding hills. The Lifeworkers were improving the landscape, bit by bit with such details.
The mood was strange. So much had been lost, and the pent-up emotions quickly gushed to the surface as wild dance and howling songs filled with pain. The k'chamanush sung a great epic of a warrior who many times tries to retrieve his love from the underworld, but never succeeds. Though the other k'chamanush could not understand all the words, the message was plain: Life is passing, and death is eternal. Remember the past, but honor it in the present. Eulogies and dirty jokes crowded against each other. There was crying and laughing, and sometimes both at once.
Vinnevra met Riser again. They shared memories of their time on the Halo. Riser listened aghast, enthralled at what had happened to Chakas and Vinnevra, and her father[note 2] before he had rejoined them. As well, he told her his experiences. Others listened and spread word. Before the assembled crowd with much encouragement, after Vinnevra was thrice rebuffed when she tried to escape, they ascended a scaffold and told their tale anew as a great adventure.
Half drunk with the fermented juice, Vinnevra quickly caught up with Riser as he sang and whistled and chanted. Pushing back for a moment the horrors they experienced, they piled wild tale on wild tale, all of it true, if embellished in the moment. "We faced ten thousand twisted monsters!" Vinnevra cried, "An army of diseased flesh! And leading them, a god-beast three hundred hands tall, all part of the schemes of the Master Builder! May he be forever eaten by flies!" She spat on the dirt, and ground it under her foot. The audience roared.
From dozens of meters surrounded by the raucous humans, Bornstellar and Chant-To-Green listened. She touched his shoulder.
"Brave friends," she said softly to him.
"The greatest of friends," Bornstellar said.
"Then we were prisoners in a village of ghosts!" said Riser, "With the Installation 07's Wolf-Moon coming closer, so close, bad Forerunners wanted to make everyone to ghosts, but I tricked them! I freed Chakas, so Chakas could save us all! Only the spirit inside Chakas could stop the Wolf-Moon!"
Vinnevra looked far away in remembrance of their lost friend. Riser took a cup and filled it to the brim. "Remember Chakas!" He raised the cup over his head in toast. "I have never met a k'hamanush so brave. May his spirit eternally watch over us, and keep us safe."
Bornstellar and Chant raised their cups high as well. Another Warrior-Servant, aide to Bornstellar, took a deep swig, then pursed his lips and violently spat out the bitter juice. Everyone laughed, then fell silent as they saw his foreboding scowl. The Warrior-Servant, at a glance from Bornstellar, wiped the juice from his lips, snorted an approximation of laughter and took a deep stage bow and everyone laughed again. The tension was broken. Forerunners were gods no more. Just people like the rest of the k'hamanush. The humans tried to bring them into their dances, teach them songs, and watched with humor as they awkwardly mimicked their smaller, lighter companions.
The festivities went on well into the night. The sun was just beginning to rotate back around the disc, a pale golden light touching the nearby hills. Most of the revelers, the mourners had already sunk down in sleep. Riser sat in the branches of a tree on the far end of the village watching the river lazily run sunward.
"Can I join you?" said a voice from below. It was Trial. Riser nodded and patted the branch. She climbed the tree, pulling herself up the branches with surprising grace for her size, and sat in the crook of Riser's branch, dangling her long legs against the trunk. "You know," she said, "Humans and Forerunners were always meant to be brothers, not to fight like we did."
"Brothers fight too," said Riser.
"I never had siblings," said Trial.
"I had a brother," said Riser. "When we were young, we would wrestle to see who was strongest. He was older, and usually he won. But when I got older and won, I never let him forget it."
"What happened to him?" asked Trial.
Riser shrugged. "His bones are mush or ash I suppose."
"You are strange for a human," said Trial, "You get along so well with others. You feel the urge to lead, despite your size."
"Because of my size!" Riser chuffed.
"But I see clearly you prefer to be by yourself."
"Your name seems to suit you," said Riser. "Trial means judgment, it also means trouble. How did you come by it?"
"It was given to me by my adopted family," Trial said, "I was not always a Lifeworker, but that was a millennia ago, and that world is passed now, gone."
"What happened to your birth family?" asked Riser bluntly.
Trial shook her head. "They were Builders, dead before even the Flood arrived. A sudden implosion of a nearby star as they traveled between worlds. But before that time, when I told them I wished to be a Lifeworker, to change ranks, they were very angry with me. They said they would cut me loose. Then, they were gone. I had to honor them, but also honor my own instincts. My fellows cut me loose, but the Lifeworkers took me in. This trial would change me, allow me to become who I am, and prepare me for the great struggle that followed."
She put her hand on Riser's shoulder. "Take it from one even older than you, Riser. Life is little but trials. It is how we let them shape us that makes them into who we are. Forerunners failed their trial. Now it is the humans' turn to assume the Mantle."
"We cannot do much worse," said Riser, then felt a stab of doubt.
"Are you sure of that?"
He softly chuffed, but did not argue.
One morning without any warning, a portal was created just above the false lands of the Ark. Forerunners went from village to village, gathering up the humans, taking them into the hills, guiding them into the round silvery fish-ships. It was time to return to Erde-Tyrene. Groups of the different humans would be seeded at selected locations. According to Trial and Chant, this was the way Forerunners would help reawaken and reseed humanity's birthworld. Riser did not ask if Forerunners could stay and help sooth the inevitable crowds of angry ghosts. More parties, perhaps, more drinking and songs. But even the Lifeworkers remained stubbornly ignorant to such difficulties. Perhaps, he decided, it would be best to not go back where all the ghosts would recognize him.
"Can you put my kind on a fine green island in the middle of an ocean?" he asked Trial. "I was raised on the grasslands in the dry and the heat, but I've always wanted to live on an island bigger and better than the one in Djamonkin Crater, where I could walk along the restless beach and feel the sun on my skin all day between the splashing of waves and the storms. Some place that I could explore in my lifetime, and pass that knowing along to my children if I am to have any. And if I do, I will tell them how we once made little walled mazes on another island far, far away, and they will help me gather stones and build." The words just seemed to tumble out of him, a great vision, a beautiful destiny away from all those ghosts. Which of the unhappy spirits seek him out, he thought, then those walls, so many walls, would confuse them, and he could sleep peacefully.
She smiled. "Oh, there will be children, and it's the very reason you were saved." She assumed a thoughtful look, then flashed an image from her ancilla. "There is one place that might be suitable." He saw a beautiful beach, black sand flecked with white rocks. Then she showed him another place, a deep jungle island, very warm and moist and green. "We can place your kind on many islands," she mused, "There will be tiny elephants on this one. Just your size."
"Would my people hunt them? Would you allow that?"
"Life is trial, Riser."
"For little elephants as well," he agreed.
"Is that your wish?" she asked.
"It is my wish," the Florian said, happy at last.
The slipspace gate spun wide in the sky above, a dark blue bubble that burned brighter than the artificial sun. The ships lifted off, the wind of their wake blowing through the abandoned villages. One by one, they rose to this passageway. And so the humans were returned to where it had begun so long ago: Erde-Tyrene.
The fish-ships emerged from a dusty plane, not far from where Marontik had once been. Portal at Voi|An enormous Forerunner machine, splayed open, partially buried in the earth. Surrounded by a frenzy of clouds and rain as the energy of the portal whipped up winds. These ships paused, and disembarked many. On the ice sheets of the north they left others following patterns established before, by the Lady. Each ship charted a different course according to her plans, and according to some new plans. Trial's and Chant's, and Riser's. And so brought humankind, those few that remained, both to old and new corners of this ancient, haunted world.
A craft bearing the k'chamanush touched down on a long and glorious beach. The sun was just beginning to set in the west. This was the real sun, turning orange and yellow and red, even briefly green as it fell behind layers of dust along the horizon. Riser stepped out of the fish-ship and touched true ground, true dirt, broken leaf litter, black sand, for the first time in far too long. For a moment, he was afraid. He had changed so much! But he walked towards the waves, lapping on the darkened wet of the tideline, and stood there, toes digging into the moist sand, and then, he hooted softly to himself and smiled.
The other k'chamanush joined him and splashed, and threw water on each other, then returned to the jungle beyond the dry sand and together looked out through the trees where they felt a little safer toward the far headlands of this island that was to be their home. It was deep green, with ridges of rugged mountains, warm and moist, and inland, a very tall broad mountain lorded over the sky and Riser fancied he saw some snow there, very high up. Here and there, they could all hear waterfalls.
"This will be a good home," said Riser. "Yes!" another agreed.
Trial now stepped down from the fish-ship, so much taller than the diminutive crowd at her feet. Bornstellar emerged behind her, taller still, but looking more humble. More human if that was possible. "I'm glad you like it," he said, "The Lifeworkers have done very well. I wish you all the best of lives. Our ways must part now, we will not meet again, not in this world, young Riser." Riser chuffed at this slur on his age then cocked his head to one side, approached the pair where they stood beside the fish-ship, and held out his fingers. Without hesitating, Trial brushed them, then Bornstellar.
"We will do what we can with what we are given," Riser said. "But what of you? Where will the Forerunners live?"
"I do not know," Bornstellar said, "Not yet. All I know for certain is that we cannot return to these places. We have already meddle too much in the affairs of others."
Riser grimaced. "Forerunners refusing to meddle? Is that a promise?"
"A promise," Trial said.
"Truly this will be a different place," Riser said.
"The portal will stay," said Bornstellar.
"Ah, then you have lied," Riser said, but with no anger or surprise.
"It will be buried to be found when needed. Perhaps one day your children will make their way back, and, I hope, meet our children."
"I doubt even I will long enough to see that day," said Riser.
"But it is good to think our young will rise to another challenge, as brothers should, making trouble, finding strength."
Bornstellar felt this deeply, and even with his armor to protect him, the emotion was almost too much. "Hope," was all he could say. Then they returned to the fish-ship and left the humans alone to find their way.
From his place in the trees, Riser watched the Forerunner ships depart over the ocean, over the horizon, and into the final red glow of the sunset. Then he climbed down and gathered up his people to begin exploring. It didn't take Riser long to realize that they had all lived through a long, and very strange dream. In their dream, humans, Forerunners, everyone in the galaxy, had been stripped of their worldly might and bluster, and made to come together as one. Could that have truly happened? He chuffed and walked ahead of the small group. The small, lovely men and women whispered like passing breezes, and sang like little birds, showing how delighted they were to be free, to be alive. Soon enough they would lie down and make young ones. This was a very good place for young ones.
Perhaps it was time to welcome the ghosts after all. He would have his people build walls, not to confuse, not to shun, but to guide the ghosts, to help them remember where they belonged, and who still honored their memory. It was time now to awaken, to live again. He took a clump of earth in his hand and squeezed it hard to reassure himself that it was still real. There would be war. That was inevitable. People would kill each other, there would be suffering and cruelty, and people would forget those past sins and live out new ones. But despite all that, life would continue, and the dead would return, and be met with joy. Riser released the dirt of the earth, let it fall from his grasp, and blow away in the wind.</toggledisplay>
Traduction
Partie une
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Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear.
Un instant après son réveil, Traqueur crut qu’il se trouvait dans le monde des morts. Tout était sombre et froid et il ne pouvait pas bouger. De minuscules lumières clignotaient, remplissant son champ de vision. Puis une main invisible desserra sa prise et il put bouger ses bras. Il s'assit, se cogna la tête, se crispa et s'allongea de nouveau. Le choc le sonna et il étouffa un juron. Mais personne ne pouvait l'entendre. Il était allongé, seul et enfermé dans un lit. En se levant un peu, il pouvait voir, à travers un auvent transparent, des rangées constituées de centaines d'autres lits dans une grande et longue chambre, froide, bleue et sombre. Ce qu'il put voir confirma que ces lits-prisons étaient occupés par des hamanush et des chamanush encore endormis, Traqueur lui, était réveillé.
Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau forerunner. Les Forerunners les avaient embarqués depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver.
« Comment vous sentez-vous ? » demanda une voix. Il sursauta, puis regarda à sa gauche et vit une femelle forerunner. Elle ressemblait un peu à la Biocréatrice qui venait dans ses rêves, mais ce n’était pas elle. Personne d'autre ne pouvait être la Dame.
L’auvent du lit s’ouvrit, Traqueur en sortit lentement, avec une grande dignité. L'affaire était sérieuse. Il devait démontrer force et calme. Il devait faire attention. Comme tous les Forerunners, cette femelle était beaucoup plus grande que les Floriens et plus grande de plusieurs mains que n'importe quel humain. Son armure était décorée de glands argentés qui brillaient à ses moindres gestes. Scintillante comme la pluie sur un feu de camp, elle lui tendit la main. Il se retira, mais elle était rapide, de sa main jaillit un joyau liquide brillant et pulsant. Elle manipula ce rayonnement avec le sixième doigt de son autre main.
Traqueur regarda autour de lui, les paupières tremblantes, mais ne vit aucun moyen de s'échapper. Constatant ce fait, il décida qu'il était peut-être temps d'apprendre pourquoi il était vivant, pourquoi tous ces humains étaient vivants, qui était ici, et qui ne l'était pas. Il y avait eu le jardin, les retrouvailles, la séparation, la douleur, tout dans la douleur ! Mais c'était assez. Il étira ses articulations et se frotta les bras. Sa fourrure était propre, trop propre. Ils lui avaient fait quelque chose ! La Forerunner le surveillait de près. Il n'aimait pas être examiné minutieux de près par plus grand animal que lui. « Courbatures, » se plaignit-il sur un ton mesuré. Les menaces et les fanfaronnades étaient inutiles ici, il le savait très bien.
« Il faut s'attendre à des courbatures, » dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Traqueur grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners s'intéresse à lui de nouveau. Il voulait partir.
La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de Forerunners, elle semblait inquiète. Elle voulait peut-être être gentille. Il ne faisait confiance à rien de tout cela, pas encore. Il ne savait que trop bien de quoi les Forerunners étaient capables. Ils avaient autrefois réduit les humains à la quasi-extinction. Quel sort cruel leur réservaient-ils cette fois ? « Tu es Traqueur, » dit-elle. L'éclat se répandit autour de lui. Son corps était apaisé, mais pas son esprit. C'est le nom qu'utilisaient ses amis, mais il ne lui avait pas donné la permission de l’utiliser. « J'ai une triste nouvelle, Traqueur. Nous n'en avons sauvé que quelques-uns de votre espèce, chamanush. »
Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler k’chamanush. Ainsi, la femelle forerunner ne savait pas tout. Chakas aurait compris. N'importe quel humain sur Erdé-Tyrène aurait su exprimer son respect pour ceux qui sont partis. Mais étaient-ils partis loin ? Trop loin pour être atteints ? S'il mourait sur ce vaisseau, retrouverait-il les morts ? Il haussa les épaules.
« Nous n'avons jamais été nombreux, » dit-il en scrutant autour de lui, « Combien sommes-nous maintenant ? » D'un mouvement de la femelle, les lumières de la chambre brillèrent plus fort. Il vit que d'autres Forerunners examinaient les dormeurs, pour la plupart de plus gros humains. Il essaya de compter, mais eux aussi n'étaient pas nombreux. Et ces Forerunners étaient tous des Biotechniciens, il n'y avait aucun combattant, aucun comme le Didacte. Si peu de gens.
« Combien reste-t-il de votre peuple ? » demanda Traqueur d'une voix basse, ne sachant pas ce qu'il voulait entendre. Elle ne lui dit rien. Peut-être qu’elle ne voulait pas entendre la vérité. Peut-être qu'elle ne le savait pas.
« Je m'appelle Grandie par les Épreuves du Changement, » dit-elle. « Celui qu'on appelle Traqueur peut m'appeler Épreuves. » Au moins, elle essayait de suivre les formules de politesse. Il pinça ses lèvres. « Épreuves, » dit-il prononçant ce nom assez bien. Il leva la main droite et tendit les doigts pour qu'elle le touche. Elle sourit. Qu'elle puisse sourire le frappa étrangement. Il n'avait jamais vu la Dame sourire, pas dans ses rêves. Le Didacte n'avait jamais souri non plus. Novelastre, cependant, avait été capable de faire une sorte de rictus avec ses lèvres. Celle-ci, Épreuves, était peut-être jeune, comme Novelastre. Elle ne sait peut-être pas grand-chose, mais elle était apparemment en charge de l'endroit.
Après quelques hésitations, elle tendit prudemment les doigts pour toucher les siens. Avec une grimace et un claquement de dents, il saisit son poignet et lui griffa rapidement le dos de la main avec son ongle épais. La Biotechnicienne ne broncha pas. Pas au début. L'égratignure s'était vite refermée, mais Traqueur avait senti son sang pendant un moment. Sa peau était fraîche, même froide. Mais elle était faite de chair, ce n’était ni une machine, ni un esprit.
« Il y a des mots et des idées que tu dois connaître, » dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. Oh oh…, pensa-t-il.
« Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres. » Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans résister. Tout était différent à présent. Maintenant comme dans tous les autres moments difficiles, il devait être intelligent et penser pour tout son peuple.
La lumière du bijou s'éleva autour de sa tête, pénétra dans ses yeux et ses oreilles, se répandit à travers son cou dans sa poitrine et son corps. Il leva les bras et vit ses veines briller. Elles étaient si nombreuses, si vivantes, si belles ! Et Traqueur n'avait pas peur. La lueur s’estompa et sa peau redevint opaque. Il s’étira. Il était différent, mais seulement un peu. Le souvenir de la douleur était plus flou. Cela l'inquiétait. Qu'est-ce qu'il oublierait d'autre ? « Où sommes-nous ? » demanda-t-il. Épreuves ferma tristement le lit vide comme si elle savait que c'était la dernière fois qu'il serait utilisé.
« Nous sommes dans un établissement médical bien au-dessus de la deuxième Arche, loin de la galaxie, dit-elle, un endroit sûr. Les humains resteront ici pendant nos préparatifs. Puis vous retournerez sur Erdé-Tyrène. »
« Et où iront les Forerunners ? »
Sa tristesse s'aggrava. « Nous allons bientôt réveiller le reste des chamanush et les préparer. S'il te plaît, viens avec moi. »
Traqueur suivi Épreuves alors que les Biotechniciens soulevaient les auvents des lits et réveillaient chaque dormeur avec l'éclat de lumière. Ils ouvrirent les yeux, leurs veines brillèrent, eux aussi devinrent un peu différents. Il y avait une trentaine de k’chamanush tout compte fait, pas un grand groupe, mais cela lui convenait. Comme toujours, peu nombreux et petits, et fiers de cela.
« Ils sont prêts maintenant, » dit Épreuves, « Ils ont besoin que tu sois fort. » Évidemment. Traqueur prit la position d'un leader, il salua les nouveaux réveillés avec un chant de perte et de rétablissement. Cette chanson était puissante, sans aucune descente. Rien que cela leur disait ce qu'ils avaient besoin de savoir : ils étaient toujours en difficulté, pas encore libres. Leurs vies n'étaient toujours pas entre leurs mains.
Il en avait déjà rencontré certains qu'il avait connus sur Erdé-Tyrène. D'autres qu'il avait rencontré pendant son séjour chez les Forerunners, mais aussi certains qu'il ne connaissait pas du tout. Ils semblaient tous étonnés d'être en présence des Biotechniciens qui ressemblaient énormément à la Dame qui était venue à eux avant leur naissance. Mais elle n'était pas là.
Avec les nouveaux généplans et la nouvelle connaissance se répandant dans son corps, Traqueur essaya de mettre de l'ordre dans ses souvenirs les plus récents et de voir plus clairement ce qu'ils impliquaient.
Ce n'était pas bon.
Un changement énorme.
Lorsque le grand vaisseau était arrivé sur l'Arche, les Biotechniciens avaient rassemblé tous les humains pour les guider à travers l'immense cale caverneuse jusqu'à un groupe de plus petits vaisseaux ronds et argentés comme des gros poissons. À l'intérieur du vaisseau de Traqueur, il faisait noir, il y avait énormément de monde qui faisaient des bruits étranges. Les k’chamanush se tenaient nerveusement l'un l'autre, se serraient les mains et se lamentaient. Traqueur essayait de les calmer en sifflotant une chanson.
« J'ai déjà été dans ces endroits, » dit-il en chantonnant. « Nous pouvons faire confiance aux Biotechniciens, ils servent la Dame. » Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur avait dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants comptaient sur lui pour les guider. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé le jeune Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Traqueur se gonfla de fierté en y repensant.
Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Traqueur émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeur des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements des portes étaient également étranges. Tissés d'une fibre cuivrée et brillante, discordante et fausse. Il renâcla. Typique. Les Forerunners avaient étudié les villages humains et les avaient ensuite copiés sans comprendre comment ils étaient utilisés ou de quoi ils étaient faits. Ils gouvernaient le ciel, mais ne savaient rien de ce qui se cachait en-dessous.
Les terres entourant le village n'avaient rien de naturel. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Des buissons fleuris émergeaient d'un sol pauvre. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était aussi étrange. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil auquel il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il avait rencontré Novelastre. Cette immense, fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Traqueur vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement forerunner, faux, immense, au-delà de son entendement, impossible !
À côté du faux soleil, presque masqué par son éclat, il pouvait distinguer des spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant e fondant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erdé-Tyrène. Certains avaient appelé ce lait trempant le ciel la Rivière céleste, et disaient que c'était le chemin créé par toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Épreuves, elle le regarda. « Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement.
« C'est la galaxie, » répondit Épreuves. Sa confusion était douloureuse.
« Vous m’avez donné des mots mais je ne les sens toujours pas ! » dit Traqueur. Autour de lui, les autres, son peuple et les plus grands humains perdus dans l'immensité, commencèrent à gémir et pleurer. Épreuves regarda autour d'elle avec un visage sévère, et tapa dans ses mains. Les gémissements cessèrent. Impressionnant, pensa Traqueur. Elle n'est pas si jeune.
« Ici, il y a tous les soleils et tous les mondes que nous connaissons, y compris celui que vous connaissiez, » dit-elle. « Nous sommes sur l'Arche, bien loin de la spirale formée par ces soleils. Il n'y a aucune raison de pleurer, vous êtes en sécurité ici. Nous sommes tous en sécurité ici, nous avons échappé à de terribles événements. » Traqueur décida d’essayer. Il regarda cette galaxie, essayant de mieux comprendre. Les autres le regardaient, certains craintifs, gémissant pendant qu'il essayait de tout assimiler. C'est grandiose ! Tellement sombre, pâle et beau ! De son point de vue, c'était comme le rêve d'un grand esprit, dans lequel il n'était qu'une toute petite partie.
C'était peut-être le rêve de la Dame.
Cela lui conviendrait parfaitement.
Il pourrait vivre dans le rêve de la Dame.
Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du joyau apparurent derrière ses yeux et il vit, comprit, pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes s'étendant jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ce qu’il connaissait avait disparu ! Des corps recroquevillés n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haït tous, il haït la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. En un instant, ils étaient passé de la vie à… Même pas la mort, ils avaient disparu ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre aux terres de l'Ouest sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider. Il ne pouvait pas imaginer autant de chansons à la fois ! Quand son heure viendrait, quand il mourrait, y aurait-il encore quelqu'un qui connaîtrait ses vrais noms, qui pourrait chanter sa chanson ? Les esprits qui le protégeaient et le comprenaient, et intervenaient entre eux et ceux qui marchaient mais qui n'avaient jamais vécu, et ceux qui étaient morts cruellement. Est-ce qu’il reverrait ces bonnes personnes dans l’au-delà ? Ou est-ce que leurs esprits avaient été détruits comme leurs corps ? Les esprits peuvent-ils mourir ? Étaient-ils en train de s'estomper et de se décomposer, même maintenant, dans cette grande spirale de soleils et de terre ? Un rêve diabolique, inversant tout, dévorant, digérant et régurgitant tout. Des esprits dissous, brisés, perdus, gémissant dans les ténèbres pour échapper à l'agonie ! Et Traqueur ne pouvait pas descendre dans les grottes et apprendre quoi faire grâce à ce qui avait été peint à cet endroit ! Il se tortillait, salivant sur ses lèvres comme s'il était fou. Les autres étaient tombés et pleuraient aussi. Épreuves n’essayait pas de les réconforter.
Ils étaient en train de se rappeler de tout, et cela prendrait du temps, et ce serait douloureux. Traqueur l'avait déjà compris. Sans les gens qui vivaient sous ces soleils, ces lieux de terre et d’eau, les animaux qui y vivaient encore pourraient s'y installer. Des rats, des souris, des oiseaux. Les vignes pousseraient et grimperaient sur les murs, mais les animaux ne connaîtraient ni leur nom ni leur place et se comporteraient mal, et les vignes seraient seulement de mauvaises herbes en désordre. Cela ne pouvait pas être l'œuvre de la Dame, mais cela s'était quand même produit ! Et cela signifiait que la Dame n'avait aucun pouvoir. Elle était venue les voir à leur naissance, mais sa promesse n’était en fait qu’un mensonge.
Épreuves se tenait debout, immobile, regardant, les laissant sentir et absorber. Finalement, Traqueur se leva et étendit les bras, puis haussa les épaules.
« Tout a changé, » lui dit-il.
« Oui, » dit-elle.
« Et ton peuple ?, » dit-il d’une voix rauque.
Les généplans lui avaient également de voir autre chose. Au-dessus des endroits où il y avait de la terre et de l'eau, les grands vaisseaux forerunners flotteraient à jamais dans le ciel, vides, leurs équipages disparus. Ils ont aussi tué les Forerunners ! Impossible d'en imaginer la taille et la portée. Trop vaste pour être compris… Assez ! Traqueur se concentra sur les autres vaisseaux, les autres humains émergeant dans ce monde faux et étrange. Ils sortaient des coques rondes des vaisseaux en compagnie d'autres Biotechniciens, regardant le village, faisant face à leurs propres généplan en poussant leurs propres gémissements de consternation. Ils n'étaient pas chez eux.
Traqueur s'essuya les lèvres. « Nous sommes fatigués, » dit-il. « Nous avons besoin de manger et de dormir. » Épreuves le regarda avec tristesse et peut-être aussi avec admiration. Il était intelligent, ce Florien, ce petit homme. Pas étonnant qu'il fut un favoris de la Bibliothécaire. Il s'était adapté. Vite.
Ils eurent droit à un peu de repos et de temps pour s'adapter avant d'entrer dans le nouveau village. La nourriture fut apportée par des machines. Ce n'était pas très bon, mais c’était suffisant pour remplir leurs ventres. D'où il était accroupi au sommet de la colline, Traqueur put voir d'autres villages dispersés dans le paysage, et d'autres vaisseaux arriver pour débarquer leurs cargaisons d’humains. Il se tournait d'horizon en horizon. Les bords de ce grand endroit tombaient dans l'obscurité ou s’allongeaient dans le ciel comme un Halo aplati puis incurvé. Cette pensée lui rappela le dernier Halo sur lequel il s'était trouvé et il s'inquiéta de nouveau de ce qui avait effrayé les Forerunners, pourquoi cette grande roue avait été construite.
Il s'essuya les mains et se leva à côté de Épreuves qui attendait patiemment. « Le Parasite est parti maintenant, n'est-ce pas ?, » demanda-il. « Oui, » dit-elle. Elle commença à dire quelque chose, mais elle ne termina pas. Il y avait quelque chose qu’elle ne voulait pas me dire.
Les Biotechniciens guidèrent ensuite les humains en groupes à travers le village comme des enfants. Traqueur vu assez vite que les Biotechniciens étaient sous la responsabilité d'une grande femelle. Elle s'appelait Chant de Verdure.
« C'est la nouvelle Biocréatrice, » expliqua Épreuves.
« Mais elle n'est pas la Dame, » dit Traqueur.
« Non, la Dame lui a transmis ce titre. Chant de Verdure a hérité de ses fonctions. »
Les huttes étaient chauffées et abritées des intempéries, même si le temps était doux. Il y avait des vrais lits à l'intérieur, et des tables où tous pouvaient s'asseoir. La nourriture n'était pas servie dans les huttes, mais les fontaines d’eau à l’intérieur délivraient une eau sans goût. L'eau de la rivière peu profonde était potable, ce qui n'était pas toujours le cas sur Erdé-Tyrène, surtout lorsque les troupeaux d’herbivores tentaient de passer à gué tous à la fois. Et les crocodiles se régalaient d'eux, et alors il y avait du sang et de la saleté. Mais cette rivière n’avait pas de troupeaux, ni de crocodiles. C'était étrange ce qui pouvait manquer.
Les bâtiments plus grands entre les groupes de huttes d'acier étaient remplis de tables basses où la nourriture apparaissait quand personne ne regardait. Bien assez de nourriture pour tout le monde. « Personne n'aura plus jamais faim, » dit Épreuves. Elle espérait sans doute que cela compenserait pour le reste. Les Forerunners avaient toujours imaginé que Traqueur et les autres humains n'étaient que de peu supérieurs à des animaux. Qu'ils étaient heureux si leur ventre était plein. Tous, sauf la Dame qui avait compris, et qui était maintenant… Il lui chanterait une chanson quand il aurait le temps. Traqueur renifla la nourriture, mais encore une fois, ce n'était pas particulièrement intéressant. Rien de ce qu'il aimait manger à la maison. C'était marron, collant, grumeleux. Pas d'insectes, de vers ou de petits oiseaux pour agrémenter les choses. Le ventre plein peut-être, mais sans bonheur. Son peuple n'était pas des animaux.
Après qu'Épreuves leur ait montré les halls de repas, les Biotechniciens rassemblèrent les humains, petits et grands, et leur expliquèrent que leurs nouveaux généplans les aideraient à comprendre quelles plantes étaient bonnes à manger et lesquelles pourraient les aider s'ils tombaient malades. Traqueur renifla encore. C'était sa spécialité, enseigner aux autres les propriétés cachées des plantes et des herbes. Ces Forerunners voulaient toujours connaître, jamais apprendre. Un grand humain demanda il pouvait chasser. Les Biotechniciens répondirent qu'il n'y avait pas d'animaux dans cette partie de l'Arche. Chant de Verdure vint alors au milieu d'eux, écoutant et regardant. Il essaya d'attirer son attention. Elle ne le remarqua pas. Pas du tout comme la Dame. Elle l’avait favorisé. « Combien de temps resterons-nous ici ? » demanda un autre humain, une grande femme au visage rond et à la peau d'olive, d'un type que Traqueur n'avait jamais rencontrée auparavant. « Jusqu'à ce que les choses soient préparées sur Erdé-Tyrène, » répondit Chant de Verdure. « Et jusqu'à ce que nous soyons certains que le danger soit écarté. » Elle regarda autour d'elle, ses yeux rencontrèrent ceux de Traqueur, et elle sourit ! Ou essaya de le faire. Elle sait qui je suis ! pensa Traqueur. Et cette pensée le ravit.
Malgré les explications des mots du joyaux que les généplans leur ont donnés, les humains semblaient toujours perdus et effrayés. Ils avaient été enlevés de leurs maisons, arrachés à tout ce qu'ils connaissaient et emmenés dans ce lieu physique, mais irréel. Et ils étaient si peu ! Bien que Traqueur ne pût compter le nombre de personnes sans utiliser ses doigts et ses orteils, et sans compter les multiples en tapant sur ses dents, il pouvait comprendre l'immensité du lieu. Même avec tous les autres villages sur l'Arche, il n'y avait pas moyen que ce soit toute la population d'Erdé-Tyrène. Cet endroit avait été beaucoup plus grand, avec beaucoup plus de monde. Bien plus qu'il n'en avait jamais rencontré. Maintenant, ils avaient été réduits à ça. Les Forerunners avaient-ils calculé combien en prendre, combien en laisser derrière eux pour être détruits ? Combien avaient été tués par le Parasite, la Maladie déformante ?
Épreuves et Chant expliquèrent que les Forerunners vivraient loin du village, dans une haute tour dépassant d'une fausse montagne. Un trône d'où l'on peut surveiller ses animaux de compagnie, pensa Traqueur, les Forerunners étaient arrogants, même dans leurs derniers jours. Mais sa position à l'égard de la nouvelle Biocréatrice s'était assouplie. Il se demandait à quel point elle finirait par ressembler à la Dame, avec le temps.
Au deuxième réveil, la routine s'était installée dans lur vie. Les gens avaient emménagé dans leurs maisons et s'étaient habitués aux sortes de grumeaux bruns qu'on leur donnait à manger. Ils marchaient de village en village dans l'espoir de trouver des amis et de la famille disparus. Habituellement, ces espoirs étaient anéantis, mais Vinnevra était dans le village voisin et quand Traqueur la trouva, ils eurent une grande embrassade, puis se séparèrent, gênés par le spectacle qu'ils donnaient. Vinnevra demanda ensuite pour Chakas. Traqueur n'eut pas le courage de lui dire ce qu'il avait vu. Il y avait d'autres types d'humains ici aussi. Certains grands et forts, d'autres petits et larges. Il y avait même les San'Shyuums qu'il avait rencontré avec Chakas et Novelastre il y a si longtemps.
Il y avait beaucoup d’autres étrangers dont Traqueur ne connaissait pas les noms. Tout un éventail d'espèces et de personnes se mélangeant. Ce n'était pas si différent de l'au-delà après tout.
Beaucoup de larmes étaient versées dans les huttes la nuit. Certaines à cause de la tristesse, d'autres encore à cause de la peur. Traqueur réconforta les autres k'chamanush et leur dit que la nouvelle Dame veillerait sur eux comme l'ancienne, même s'il ne le croyait pas encore. Ils avaient besoin de réconfort. Les Forerunners restaient la plupart du temps dans leur tour. Ils disaient qu'ils avaient besoin de temps pour planifier leur retour. L'ombre nocturne du soleil tournant ne tombait jamais tout à fait à travers sa crête et il se montrait toujours avec une lueur argentée brillante contre l'espace noir au-dessus.
Lorsque de nouveaux Biotechniciens vinrent dans les villages pour être présentés aux humains survivants et pour s'assurer de leur santé, les nouveaux arrivants semblaient aussi perdus et stupéfaits que tous les autres. Peut-être n’avaient-ils pas encore reçu leurs nouveaux généplans. Le troisième jour, un visiteur vînt à la cabane de Traqueur. D'abord, une odeur vaguement familière lui vînt à travers la pendaison cuivrée. Des mains fortes séparèrent le rideau et un grand et imposant Forerunner mâle s'avança en portant l'armure d'un Serviteur-Guerrier. La fourrure de Traqueur se hérissa. C'était le Didacte ? Non. Visuellement similaire, mais l'odeur était très différente. Celui-ci était…
« Novelastre, » dit Traqueur en levant lentement sa main pour saluer. Puis, encore plus lentement, en étirant ses doigts. « Tu as changé. » Le Forerunner caressa avec rudesse les doigts de Traqueur. « Mais tu es à peu près le même, Traqueur de l'Aube, » dit-il en se penchant légèrement pour passer sous le toit de la hutte. Il s’agenouilla par terre.
« C'est bon de te voir en vie, » dit Traqueur, luttant pour que son ton corresponde aux mots, « Trop de morts. » Cette nouvelle forme, plus grande et plus semblable au Didacte que ce qu'ils avaient vu sur l'autre Arche le rendait nerveux.
« Beaucoup trop, » dit Novelastre pour lui-même.
« Tu as utilisé les Halos, » dit Traqueur en gardant son visage impassible pour masquer la colère qu'il ressentait.
« Il n'y avait pas le choix, pas au dernier moment. Il fallait le faire. »
Cela expliquait certains composants de l’odeur désagréable du Forerunner. La culpabilité.
« Tu as changé, Novelastre. Là où j'ai vu la curiosité, je vois maintenant la guerre. Les Forerunners jouaient avec des vies comme de simples jetons. Tu as choisi de mettre fin au jeu. »
Novelastre ferma les yeux et tendit ses mains : « Tu as changé aussi. Tu parles comme… »
« Les généplans. Je ne suis plus Traqueur, maintenant. Moi aussi, j'ai besoin d'un nouveau nom. »
« Oh, tu es toujours Traqueur. Toujours rapide à juger, et à juger juste. Oui, j'ai mis fin à la partie, » dit-il. « Ce qu'il nous reste, nous le devons à ma femme. Si tous les Forerunners avaient possédé sa sagesse, les choses n'en seraient jamais arrivées là. »
« La Dame ? » Traqueur grimaça au concept, se rappelant sa rencontre avec Novelastre et la Dame, après les terribles événements sur le premier Halo. Difficile d'imaginer qu'il puisse se marier, mais c'est ainsi qu'il en était arrivé à la tristesse.
« Est-elle toujours en vie ? »
Novelastre baissa la tête. « Je ne crois pas. »
« Voilà qui est triste, » dit Traqueur. La Dame pouvait encore vivre dans les rêves et dans le passé, ses rêves avaient souvent été plus réels et plus beaux que la vie.
« Nous avons tous perdu tant de choses, » dit Novelastre.
Ils prirent un moment pour se souvenir des disparus.
« Si tu es devenu le Didacte, » dit Traqueur, « alors peut-être ton jugement aura-t-il été obscurci par le sien. Sa haine pour notre peuple, son esprit vous a guidé, pas le tiens. »
« Non, » dit Novelastre, « En fin de compte, le choix m'appartenait, et je le referais si nécessaire, mon vieil ami. » Il referma les yeux, recueillant ses pensées. Traqueur renâcla.
« Alors que ton esprit soit ainsi. Regarde autour de toi… Content ?! »
« Je suis désolé, Traqueur. Je l'aurais fait autrement si ça avait été possible. » Il se leva et écarta les tentures, puis s'arrêta et regarda en arrière, vers la forme tapie dans l'ombre, bouillant de colère.
« Je vais bientôt diriger une cérémonie. Une condamnation. J'espère qu'elle apportera un peu de justice, un peu de finalité. Je serais honoré si tu te joignais à moi. »
Traqueur hocha la tête.
« Punition ? »
« D'une certaine façon. »
« Justice forerunner », grogna-t-il, « Nous verrons ce que cela signifie. »
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Partie deux
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« Justice Forerunners », grogna-t-il, « Nous verrons ce que cela signifie. »
Le grand vaisseau descendit lentement à travers un ciel bleu vif. Des essaims de sentinelles s’envolèrent pour l'accueillir, de minces faisceaux d'énergie s'attachant à eux afin qu'ils puissent le guider en toute sécurité vers le quai. Deux bras angulaires massifs s'élevèrent du piédestal sur le sable du désert. Traqueur se tenait à côté de Novelastre et regardait le processus depuis une plate-forme bien au-dessus du sol. Il se sentait mal à l'aise en présence de ces Forerunners, avec leur armure encombrante de cérémonie, mais il y avait aussi quelques autres humains.
Au fur et à mesure que le vaisseau s'approchait, le bruit de sa propulsion résonnait à l'intérieur de la poitrine du Florien. Les bras du quai s'élevèrent vers le haut pour l'atteindre, se verrouillant sur la large coque du vaisseau et l'abaissant soigneusement pour le mettre en place. Le navire se posa dans un dernier bruit assourdissant. A l’avant du vaisseau, une porte à trois battants se rétracta. Du brouillard froid s'était formé à l'intérieur, et se dissipa sous l'effet de la chaleur extérieur. Une rampe de lumière se mis à clignoter. A travers la brume à l’intérieure du vaisseau, émergea une structure massive. Un long objet fait de métal gris argenté, dont la surface était ornée de lignes bleues luisantes dont le motif se répétait. L'objet descendit pour finalement flotter juste au-dessus du sol, où une troupe de sentinelles le reçu et le traina vers l'avant à l'aide d'attaches dures et légères. Traqueur pensa aux porteurs de cercueil.
Les sentinelles guidèrent le cercueil à travers le quai et jusqu'à une autre structure inachevée qui était encore en construction sous leurs yeux. Les constructeurs comme des araignées tissaient des cocons de métal autour des armatures qui montaient lentement. Alors Traqueur comprit. Sous la roche et le sable de la fondation la plus profonde de l'Arche, une tombe massive était en préparation. Un vide avait déjà été comblé pour recevoir le cercueil. Les sentinelles le trainèrent au bord du vide ou une tombe étrange se trouvait à un endroit où il n'y avait pas de vraie terre, pas de vraie planète, et s’enfermèrent dans le cadre d'attente. Les lignes bleues du cercueil s'étendaient vers l'extérieur et s'étendaient dans les montants du confinement. Traqueur pris son inspiration et leva les yeux vers son compagnon. Novelastre observait la cérémonie avec un visage gris et sinistre. Difficile à lire. Tous les guerriers Forerunners avaient l'air gris et sinistre pour le Florien.
Quand tout fut prêt, Novelastre leva les bras pour s'approcher de la tombe. « Auxillia 05-032 répondant au nom de Quémandeur de savoir, vous avez complotée avec le plus grand ennemi du Manteau. »
Une voix grave émana du cercueil et s'amplifia à travers la plate-forme, faisant écho au vaisseau, au quai, et même à la tombe alors qu’on lui donnait sa touche finale :
« Ceux qui jugent doivent d'abord se juger eux-mêmes », la voix se faisait maintenant écho sur les falaises et les canyons lointains, « Se juger eux-mêmes, se juger eux-mêmes... »
« Un péché pour combattre un péché, dit Novelastre, un moindre mal pour combattre un plus grand. C'est le choix que j'ai dû faire. Vous n'aviez pas d’excuse, vous avez amené les choses jusqu’à ce point. »
« Pourquoi ai-je été épargné, alors ? »
« Vous êtes amenés ici pour être condamnée. Vous n'avez pas été immédiatement détruit parce qu'on peut encore avoir besoin de vous. Votre connaissance intime du Parasite vous rend inestimable en cas de retour, mais nous ne pourrons jamais vous faire confiance, nous ne vous laisserons plus jamais aucune marge de manœuvre. Vous serez ensevelis ici. Vos processus verrouillés, figés dans une seule pensée pour l'éternité : l'expiation. En cas de besoin, vous serez réveillée. S'il n'y a pas besoin, vous serez enterrée ici jusqu'à la fin des temps. »
« Alors je servirai de monument à vos péchés. C'est ce que vous souhaitez. »
Novelastre secoua la tête. « Je souhaite seulement que le manteau soit maintenu. »
« Je suis pénitent. Je sais que ce que j'ai fait est impardonnable. J'accepterai ma stase avec grâce et attendrai un moment où je pourrais me racheter. »
« Qu’il en soit ainsi », dit Novelastre.
Il tendit la main vers un pylône, toucha les commandes au fur et à mesure qu'elles apparaissaient et ferma son poing. Les constructeurs finirent leurs toiles et se scellèrent dans le tissu de la tombe. Le cercueil de Quémandeur de savoir fût verrouillé sur place. L'ensemble de la structure s’enfonça lentement dans le vide et dans le métal de la fondation, ses lignes bleues palpitant de plus en plus lentement. « Une pensée pour l'éternité », dit Quémandeur de savoir. Son ton semblait presque nostalgique. Les lumières s'éteignaient, clignotaient, s'éteignaient.
« Expiation. »
Le tombeau devînt noir comme la nuit. Les derniers mots de l’intelligence artificiel se répandirent à travers le faux désert et résonnèrent quelques instants plus tard dans les fausses montagnes. Novelastre, Traqueur, Épreuves, Chant, et tous les autres regardaient silencieusement le reste de Quémandeur de savoir, enfermé dans un éternel exil, couvert de sable. Au cours de la septième saison, des globes bleus de lumière flottaient dans l'air au-dessus des villages. Le chant et le battement des tambours de bois s'élevaient des collines. Les gens parlaient et riaient dans les rues, et buvaient du jus de baies sucrées pressé des buissons. Fermenté juste assez pour lui donner un bon goût. Même les Forerunners descendirent de leur tour et rejoignirent les humains. Traqueur avait suggéré l'idée à Novelastre.
« Nous devrions avoir une veillée funèbre pour l'ancienne galaxie, et un festin de naissance pour la nouvelle ! » L'idée avait fait son chemin. Tous les villageois se lancèrent dans les préparatifs. Les Forerunners consultèrent les humains sur les aliments à préparer et à apporter, et finirent par obtenir un fac-similé raisonnable d'un ragoût de légumes épicés. Traqueur ne pouvait pas les convaincre que la viande, même en fac-similé, pourrait être encore mieux. Les humains préparaient leurs propres délices à partir des nouveaux fruits et des plantes des collines environnantes. Les Biotechniciens amélioraient le paysage, petit à petit avec de tels détails.
L'ambiance était étrange. Tant de choses avaient été perdues, et les émotions refoulées ont rapidement fait surface alors que la danse sauvage et les chants hurlants se remplissaient de douleur. Le k'chamanush chanta une grande épopée d'un guerrier qui tenta à plusieurs reprises de retrouver son amour dans le monde souterrain, mais ne réussit jamais. Bien que les autres k'chamanush ne pouvait pas comprendre tous les mots, le message était clair : La vie passe et la mort est éternelle. Souvenez-vous du passé, mais honorez-le dans le présent. Les éloges funèbres et les blagues cochonnes s'entassèrent les unes contre les autres. Il y avait des pleurs et des rires, et parfois les deux à la fois.
Vinnevra rencontra de nouveau Traqueur. Ils partagèrent des souvenirs de leur séjour sur le Halo. Traqueur écouta avec attention, fascinée par ce qui était arrivé à Chakas et à Vinnevra, et à son père avant qu'il ne les rejoigne. De plus, il lui raconta ses expériences. D'autres écoutaient et faisaient passer le mot. Devant la foule rassemblée avec beaucoup d'enthousiasme, après que Vinnevra raconta comment elle a été rejetée trois fois quand elle a essayé de s'échapper, ils montèrent sur une estrade et racontèrent leur histoire à nouveau comme une grande aventure.
A une dizaine de mètres entourés d'humains bruyants, Novelastre et Chant-De-Verdure écoutèrent. Elle toucha son épaule.
« Amis courageux », lui dit-elle doucement.
« Les plus grand des amis, » dit Novelastre.
« Alors nous étions prisonniers dans un village de fantômes », dit Traqueur, « Avec l'approche de la Wolf-Moon de l'Installation 07, de si près, les méchants Forerunners voulaient faire de tout le monde des fantômes, mais je les ai dupés ! J'ai libéré Chakas, pour que Chakas puisse tous nous sauver ! Seul l'esprit à l'intérieur des Chakas pouvait arrêter la Wolf-moon ! »
Vinnevra regarda au loin en souvenir de leur ami perdu. Traqueur pris une tasse et l'a remplie à ras bord. « Souvenez-vous de Chakas ! » Il leva la coupe au-dessus de sa tête avec des toasts. « Je n'ai jamais rencontré un k'hamanush aussi courageux. Que son esprit veille éternellement sur nous et nous protège. »
Novelastre et Chant levèrent aussi leurs coupes vers le haut. Un autre Serviteur-Guerrier, assistant de Novelastre, prit une gorgée profonde, puis il pinça les lèvres et cracha violemment le jus amer. Tout le monde rit, puis se tut en voyant son air renfrogné. Le Serviteur-Guerrier, d'un coup d'œil vers Novelastre, essuya le jus de ses lèvres, renifla un rire approximatif et s'inclina profondément sur scène et tout le monde rit à nouveau. La tension était cassée. Les Forerunners n'étaient plus des dieux. Juste des gens comme le reste des K'hamanush. Les humains essayèrent de les amener dans leurs danses, de leur apprendre des chansons et de les regarder avec humour en imitant maladroitement leurs compagnons plus petits et plus légers.
Les festivités se poursuivirent jusque tard dans la nuit. Le soleil commençait à peine à tourner autour du disque, une lumière doré pâle touchant les collines voisines. La plupart des fêtards et les pleureurs s'étaient déjà endormis. Traqueur s’assis dans les branches d'un arbre à l'extrémité du village en regardant paresseusement la rivière s’écouler en direction du soleil.
« Puis-je me joindre à vous ? » dit une voix en bas. C'était Épreuves. Traqueur hocha la tête et tapota la branche. Elle grimpa à l'arbre, remontant les branches avec une grâce surprenante pour sa taille, et s'assit dans le creux de la branche de Traqueur, en pliant ses longues jambes contre le tronc. « Les humains et les Forerunners ont toujours été faits pour être frères, pas pour se battre comme nous l’avons fait. »
« Les frères se battent aussi », dit Traqueur.
« Je n'ai jamais eu de frères et sœurs », dit Épreuves.
« J'avais un frère », dit Traqueur. « Quand nous étions jeunes, nous luttions pour voir qui était le plus fort. Il était plus âgé, et d'habitude il gagnait. Mais quand j'ai grandi et gagné, je ne l'ai jamais laissé l'oublier. »
« Que lui est-il arrivé ? » demanda Épreuves.
Traqueur haussa les épaules. « Ses os sont de la bouillie ou de la cendre, je suppose. »
« Tu es étrange pour un humain, dit Épreuves, tu t'entends si bien avec les autres. Tu ressens le besoin de diriger, malgré ta taille. »
« A cause de ma taille ! » Dit Traqueur enchanté.
« Mais je vois clairement que tu préfères être seul. »
« Votre nom semble vous convenir », dit Traqueur. « Épreuves signifie jugement, mais aussi problème. Comment l'avez-vous trouvé ? »
« Il m'a été donné par ma famille adoptive, » dit Épreuves, « Je n'ai pas toujours été une Biotechnicienne, mais c'était il y a des millénaires, et ce monde est passé maintenant, disparu. »
« Qu'est-il arrivé à votre famille biologique ? » demanda Traqueur sans ménagement.
Épreuves secoua la tête. « C'étaient des bâtisseurs, morts avant même l'arrivée du Parasite. Une implosion soudaine d'une étoile voisine alors qu'ils voyageaient d'un monde à l'autre. Mais avant cette époque, quand je leur ai dit que je voulais être une Biotechnicienne, changer de rang, ils étaient très en colère contre moi. Ils ont dit qu'ils couperaient tout contacts avec moi. Puis, ils sont partis. Je devais les honorer, mais je voulais aussi faire ce que je voulais. Mes congénères m'ont abandonnée, mais les Biotechniciens m'ont accueilli. Cette épreuve m’a changé, me permettant de devenir ce que je suis et ma préparée à la grande lutte qui a suivi. »
Elle posa sa main sur l'épaule de Traqueur. « Croyez de la parole de quelqu’un de plus âgés que vous, Traqueur que la vie n'est qu'une épreuve. C'est la façon dont nous la laissons-nous façonner qui fait de nous ce que nous sommes. Les Forerunners ont échoué à leur épreuve. Maintenant, c'est au tour des humains d'assumer le manteau. »
« Nous ne pouvons pas faire bien pire », dit Traqueur, puis il eut un doute.
« Tu en es sûr ? »
Il s’en contenta, mais ne chercha pas à en débattre plus.
Un matin, sans avertissement, un portail fut créé juste au-dessus des fausses terres de l'Arche. Les Forerunners allaient de village en village, rassemblant les humains, les emmenant dans les collines, les guidant dans les vaisseaux. Il était temps de retourner à Erde-Tyrene. Des groupes de différents humains seraient ensemencés à des endroits choisis. Selon Épreuves et Chant, c'est ainsi que les Forerunners aideraient à réveiller et à réensemencer le monde de la naissance de l'humanité. Traqueur ne demanda pas si les Forerunners pouvaient rester et aider à apaiser les inévitables foules de fantômes en colère. Plus de fêtes, peut-être, plus d'alcool et de chansons. Mais même les Biotechniciens restèrent obstinément ignorants de ces difficultés. Peut-être, décida-t-il, serait-il préférable de ne pas retourner là où tous les fantômes le reconnaîtraient.
« Pouvez-vous mettre mon espèce sur une île verte au milieu de l'océan ? » demanda-t-il à Épreuves. « J'ai grandi dans les prairies, dans la sécheresse et la chaleur, mais j'ai toujours voulu vivre sur une île plus grande et meilleure que celle du cratère de Djamonkin, où je pourrai marcher le long de la plage agitée et sentir le soleil sur ma peau toute la journée entre les vagues et les tempêtes. Un endroit que je pourrai explorer de mon vivant, et transmettre mon savoir à mes enfants si j'en ai. Et si je le fais, je leur dirai comment nous avons fait des petits labyrinthes murés sur une autre île très, très lointaine, et ils m'aideront à rassembler des pierres et à construire. » Les mots semblaient lui tomber dessus, une grande vision, un beau destin loin de tous ces fantômes. Lequel des esprits malheureux le cherche, pensa-t-il, alors ces murs, tant de murs, les troubleraient, et il pourrait dormir paisiblement.
Elle sourit. « Oh, il y aura des enfants, et c'est la raison pour laquelle tu as été sauvé. » Elle prit un regard réfléchi, puis regarda une image de son auxillia. « Il y a un endroit qui pourrait convenir. » Il vit une belle plage de sable noir tacheté de roches blanches. Puis elle lui montra un autre endroit, une île de jungle profonde, très chaude, humide et verte. « Nous pouvons placer les vôtres sur de nombreuses îles, se dit-elle, il y aura de minuscules éléphants sur celle-ci. Juste ta taille. »
« Mon peuple pourra-ils les chasser ? Permettriez-vous cela ? »
« La vie est une épreuve, Traqueur. »
« Pour les petits éléphants aussi », acquiesça t-il.
« C'est ton souhait ? » demanda-t-elle.
« C'est mon souhait », dit le Florien, enfin heureux.
La porte de l'espace s'élargie dans le ciel, une bulle bleu foncé qui brillait plus que le soleil artificiel. Les vaisseaux décolèrent, le vent de leur sillage soufflant à travers les villages abandonnés. Un par un, ils se hissèrent jusqu'au passage. C'est ainsi que les humains retournèrent là où tout avait commencé il y a si longtemps : Erde-Tyrene.
Les vaisseaux arrivèrent, non loin de l'endroit où Marontik se trouvait autrefois. Le Portail ! Une énorme machine Forerunner, ouverte, partiellement enterrée dans le sol. Entouré d’une horde de nuages et de pluie pendant que l'énergie du portail soulevait des vents violents. Les vaisseaux s'arrêtèrent et débarquèrent beaucoup d'entre eux. Sur les calottes glaciaires du nord, ils en laissèrent d'autres à des endroits établis auparavant par la Dame. Chaque navire traça une route différente selon ses plans et selon de nouveaux plans. Ceux de Épreuves, de Chant et de Traqueur. C'est ainsi que l'humanité, les quelques rares survivants, se retrouvèrent dans les vieux et nouveaux recoins de ce monde ancien et hanté.
Une embarcation portant le k'chamanush atterri sur une longue et glorieuse plage. Le soleil commençait à peine à se coucher à l'ouest. C'était le vrai soleil, qui devenait orange, jaune et rouge, et même brièvement vert lorsqu'il tombait derrière des couches de poussière à l'horizon. Traqueur sortit du vaisseau et toucha pour la première fois depuis bien trop longtemps le sol, la vraie terre, la vraie saleté, la litière de feuilles brisées, le sable noir. Pendant un moment, il eut peur. Il avait tellement changé ! Mais il se dirigea vers les vagues, tapotant sur l'eau sombre et humide de la ligne de marée, et se tint là, les orteils creusant dans le sable humide, et puis, doucement, il sourit.
Un autre k'chamanush le rejoint et l’éclaboussa, ils se jetèrent de l'eau l'un sur l'autre, puis retournèrent dans la jungle au-delà du sable sec et regardèrent ensemble à travers les arbres où ils se sentaient un peu plus en sécurité vers les caps éloignés de cette île qui allait être leur maison. C'était d'un vert profond, avec des crêtes de montagnes escarpées, chaudes et humides, et à l'intérieur des terres, une très haute montagne très large sillonnée par le ciel et Traqueur imagina qu'il y avait de la neige, très haut. Ici et là, il pouvait entendre les chutes d'eau. « Ce sera un bon foyer, » dit Traqueur. « Oui ! » dit un autre.
Épreuves descendit alors du vaisseau, tellement plus grande que la petite foule à ses pieds. Novelastre émergea derrière elle, plus grand encore, mais en paraissant plus humble. Plus humain si c'était possible. « Je suis content que ça te plaise, dit-il, les Biotechniciens se sont très bien débrouillés. Je vous souhaite à tous la meilleure des vies. Nos chemins doivent se séparer maintenant, nous ne nous reverrons plus, pas dans ce monde, jeune Traqueur. » Traqueur se réjouit de cette insulte sur son âge, puis il pencha la tête d'un côté et s'approcha des deux Forerunners à côté du vaisseau, et lui tendit la main. Sans hésiter, Épreuves la serra ainsi que Novelastre.
« Nous ferons ce que nous pouvons avec ce qu'on nous donne, dit Traqueur. »Mais qu'en est-il de toi ? Où vivront les Forerunners ?"
« Je ne sais pas, dit Novelastre, pas encore. Tout ce que je sais avec certitude, c'est que nous ne pouvons pas retourner dans ces endroits. Nous nous sommes déjà trop mêlés des affaires des autres. »
Traqueur grimaça. « Les Forerunners refusent de s'en mêler ? C'est une promesse ? »
« Une promesse », dit Épreuves.
« Ce sera vraiment un endroit différent », dit Traqueur.
« Le portail restera », dit Novelastre.
« Ah, alors vous avez menti », dit Traqueur, mais sans colère ni surprise.
« Il sera enterré pour être retrouvé en cas de besoin. Peut-être qu'un jour, vos enfants reviendront et, je l'espère, rencontreront nos enfants. »
« Je doute d’être encore vivant ce jour-là, » dit Traqueur.
« Mais il est bon de penser que nos jeunes relèveront un autre défi, comme les frères doivent le faire, créer des problèmes, trouver des solutions. »
Novelastre ressentait cela profondément, et même avec son armure pour le protéger, l'émotion était presque trop forte. « Je l’espère », c'est tout ce qu'il pût dire. Puis ils retournèrent au vaisseau et laissèrent les humains seuls pour trouver leur propre chemin.
De sa place dans les arbres, Traqueur regarda les vaisseaux Forerunner partir au-dessus de l'océan, de l'horizon et dans la dernière lueur rouge du coucher du soleil. Puis il descendit et rassembla son peuple pour commencer à explorer. Il ne fallut pas longtemps à Traqueur pour réaliser qu'ils avaient tous vécu un rêve long et très étrange. Dans leur rêve, les humains, les Forerunners, tout le monde dans la galaxie, avaient été dépouillés de leur force et de leur fanfaronnade mondaine, et forcés de s'unir. Cela aurait-il vraiment pu se produire ? Il se réjouit et marcha devant le petit groupe. Les hommes et les femmes, petits et charmants, chuchotaient comme des brises passagères et chantaient comme des petits oiseaux, montrant à quel point ils étaient heureux d'être libres, d'être vivants. Bientôt, ils s'allongeraient et feraient des petits. C'était un très bon endroit pour les jeunes.
Il était peut-être temps d'accueillir les fantômes, après tout. Il voulait que son peuple construise des murs, non pas pour confondre, non pas pour éviter, mais pour guider les fantômes, pour les aider à se souvenir d'où ils venaient, et qui honoraient encore leur mémoire. Il était temps maintenant de se réveiller, de revivre. Il prit une motte de terre dans sa main et la serra fortement pour se rassurer qu'elle soit encore réelle. Il y aurait la guerre. C'était inévitable. Les gens s'entretueraient, il y aurait de la souffrance et de la cruauté, et les gens oublieraient ces péchés passés et en vivraient de nouveaux. Mais malgré tout cela, la vie continuerait, et les morts reviendraient, et seraient accueillis avec joie. Traqueur lâcha la motte de terre, l'a laissa tomber de sa main, et l'a souffla dans le vent.
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Notes
- ↑ La version audio ayant été enregistrée avant le changement de nom civil de Chloe Bear, elle est créditée sous le nom Erik Bear.
- ↑ Gamelpar est indiqué comme le grand-père de Vinnevra dans Halo : Primordium, et non son père.