Halo : Les Mondes de verre

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  • Livre: 400 pages
  • Éditeur: Tor Books
  • Éditeur audio: Macmillan Audio
  • Sortie le 25 Octobre 2011
  • Langue: Anglais
  • Une version audio comptant 7 cd semble être disponible à la sortie du livre à 39,99 dollars.


Présentation

Premier roman écrit par Karen Traviss. Halo: Glasslands continue l'histoire de Halo: Ghosts of Onyx dans le sillage des événements de Halo 3. En plus de continuer l'histoire des personnages de Ghosts of Onyx , le roman va également introduire son propre ensemble de nouveaux personnages.


Prologue (VF) :

<toggledisplay hidetext=[Masquer]>PROLOGUE VF

Novembre 2552, emplacement non défini. DERNIER LIEU SOUS-ESPACE VERIFIE: LE COEUR DE LA PLANÈTE ONYX.

C'est une belle journée ensoleillée. Les branches de chêne se balancent doucement dans la brise et l'air a un parfum de fleur inconnue.

Et nous sommes pris au piège.

N’avez-vous jamais couru et ne vous êtes-vous jamais caché comme un gamin? Toujours claquer la porte du placard derrière vous, rire parce que vous étiez sûr que l’on ne vous retrouverait jamais, puis réaliser que vous vous étiez enfermée? Avez-vous paniqué ou bien poussé un soupir de soulagement ? Je suppose que tout dépend de ce dont vous vous cachiez.

Nous nous sommes cachés de la fin du monde.

Pour ce que nous en savons, c'est déjà arrivé. Il n’y a personne qui sait que nous sommes ici. Nous pourrions être les derniers êtres vivants de la galaxie - moi, l’Adjudant-Chef Mendez, et un détachement de Spartans. Correction: trois de mes Spartans - Fred, Kelly et Linda- et cinq autres qui sont tout autre chose, cinq autres dont je ne savais même pas qu’il existaient jusqu'à il y a une semaine, et s'il y a une chose que je ne peux pas supporter, c'est ne pas savoir.

Vous vous me l’'expliquerez, chef. J'ai tout le temps aujourd'hui. J'ai plus de temps que je ne sais quoi en faire.

Mendez sort quelque chose de sa poche de pantalon et le regarde fixement comme un pèlerin regarde une sainte relique avant de l’y remettre.

"Vous pouvez lire le Forerunner,n'est ce pas Dr Halsey ?" dit-il, impassible. Nous ignorons encore ce qui pèse sur nous en ce moment, aucun de nous ne dit ce qu’il pense vraiment. Il a ses secrets, et j'ai les miens. "Connaissez-vous le symbole de garde-manger? Ce serait bon à savoir. " Il a les yeux fixés sur un soleil qui ne saurait être là, installé dans un ciel artificiel qui du bleu d'été en pleine journée à un ciel sombre et sans étoiles durant la nuit. Nous ne sommes pas sur Onyx, ni dans cette dimension, de toute façon Adjudant-Chef, c'est le bunker le plus avancé jamais construit." Je ne suis pas sûr de qui je suis en train de rassurer, lui ou moi. "Une civilisation suffisamment avancée pour construire une bombe capable de vider une galaxie de ses habitants ne pourrait pas oublier la nourriture. "

C'est une journée magnifique à l’intérieur de cette sphère de Dyson, et au-delà de ses murs . . . eh bien en fait, je ne sais pas. Nous étions à Onyx. Maintenant, nous sommes quelque part dans le Sous espace. Chaque fois que je pense que j’ai compris la technologie Forerunner, quelque chose d'autre surgit et me surprend. Ils doivent avoir partagé notre sens de la beauté ou nous ont légué le leur, parce qu'ils ont fait de cet environnement un paradis rural; les arbres, l'herbe, les rivières, tout est reproduit presqu’à la perfection.

Mendez tapote sa poche, comme pour vérifier s’il est toujours là. «Mieux vaut espérer qu'ils ont prévu le ravitaillement. Ou nous devrons vivre de la terre. "

"Nous avons de l'eau à volonté. C'est déjà ça. "

Mendez m’a connu il y a de ça très longtemps. Au cours des années, il a perfectionné cette expression qui ressemble presque à de la déférence. Presque. Il s'agit en fait de dégoût. Je le sais maintenant. Je peux le voir.

Mais tu n'es pas en mesure de me donner des leçons d’éthique, n’est-ce pas ? Je sais ce que tu as fait. La preuve est en face de moi, ici. Je le lis sur leurs figures.

Mendez s'éloigne dans la direction des deux équipes de reconnaissances qui attendent sous les chênes. Les Spartans II, mes protégés et le projet d’Ackerson, ces Spartans III qui ont l’air impatient de faire quelque chose d'utile. Ils ne gèrent pas bien l'oisiveté. Nous avons fait de la guerre le seul objectif de leur vie.

Maintenant, nous ne savons pas s’il y a encore la guerre à l'extérieur, ou même des gens à combattre dans la galaxie tout entière. Mais ce n'est pas grave. Mes Spartans sont en sécurité ici. C'est tout ce qui compte. Protégés de toutes choses et même du pouvoir destructeur du halo Je ne sais pas si c'est le paradis ici mais ça y ressemble. Un paradis qui a peut-être déjà eu des locataires. Nous allons trouver le moyen de nous sortir d’ici.

Soudain Mendez dit : «D'accord, les Spartans, le camp est sécurisé, nous allons donc secouer et voir ce qu'il y a dans le coin." Mendez sort son fusil et se penche sur Fred. "Conservez les rations jusqu'à ce que nous saurons s'il y a quelque chose à becqueter dans le coin. "

« Dans quelle direction monsieur ? »

«Tout droit. Contrôle radio régulier. " "Les priorités sont dans cet ordre de sécuriser la zone, trouver un approvisionnement alimentaire, et trouver un moyen de faire revivre l'équipe Katana et les autres." Fred-104, a été nommé lieutenant à 41 ans par le Spartan Kurt-051 juste avant que ce dernier meurt, empêchant les Covenants d’atteindre le noyau d’Onyx.

Combien de Spartan-III Ackerson a-t-il donc bien pu créer ? Cinq sont déjà en suspension ici, avec trois autres hommes que nous ne pouvons pas identifier, mais nous n’avons encore aucune idée de comment ouvrir leurs caissons Forerunners de Sous-Espace. Ils vont avoir une sacrée histoire à raconter lorsque nous réussirons à les en sortir.

Fred prit la parole. "Considérez cela comme une connaissance. Nous les Spartans-II devons apprendre à nous familiariser avec vous les Spartan-III de sorte que lorsque nous sortirons d'ici, nous serons prêts à combattre efficacement ensemble. Kelly, Dr Halsey, Tom et Olivia-vous êtes avec Mendez. Linda, Lucy, Mark, Ash avec moi. On y va. "

Comme Fred se tourne pour partir, je capte son regard. Il n'a jamais été très doué pour cacher ses sentiments, mais il ne peut pas me les cacher à moi de toute façon. Je suis ce qui se rapproche le plus d’une mère pour mes Spartans – et ils le savent. Il ferme les yeux comme s'il pouvait bloquer ne serait-ce qu’une fraction de seconde, la douleur qu’il supporte. Nous avons enterré nos morts ici. Deux de ces Spartan-III, encore dans l'adolescence, encore des enfants . . . et Kurt qui ne s'est jamais rendu dans la sphère.

Je pensais que vous étiez déjà mort, Kurt. Maintenant, je vous ai perdu deux fois.

Fred tape sur l'épaule de Lucy. "Tu vas bien, Spartan?"

Elle lui donne un clin d'œil distrait. Elle parait inquiétante, engoncée dans son armure SPI qui trouble sa silhouette –mi humaine, - mi ombre et trop traumatisée pour parler. Mendez a formé ces enfants. Il savait. Il savait ce qu’Ackerson faisait avec mes recherches. Il faisait partie de ce plan depuis le début : échanger des vies contre du temps. Ah quel gâchis !

Et je n’oublierai jamais cela Adjudant, jamais.

Kelly ralentit et se met à marcher à côté de moi. Je n’ai plus vingt ans et je n'ai certainement pas la foulée d'un Spartan de deux mètres, ou même d’un Spartan III de « seulement» un mètre quatre-vingts. Mon Dieu, ils sont trop petits. Comment peuvent-ils être déjà des Spartans ?

«Vous êtes encore tombé sur votre pied, Dr Halsey», dit Kelly. "Peut-être un terrier de lapin. Saviez-vous ce que c'est que cet endroit ? "

«Tu devrais essayer d’arrêter de me regarder comme si je savais tout."

"Vous pensez que nous allons perdre cette guerre. Mais je sais que nous pouvons gagner. "

«Je me forge mon opinion à partir de ce que j’ai déjà vu. Mais cela ne me dérangerai pas d'avoir tort pour une fois. "

Jusqu'à quel endroit devais-je aller mesure pour sauver mes Spartans ? Cet endroit. Je les ai attirés vers Onyx, l'endroit le plus sur auquel je pouvais penser, parce que je savais qu'ils n'auraient jamais abandonné leur poste autrement. Je leur ai menti pour les sauver.

J'ai fait des choses terribles, monstrueuses, des choses criminelles, qui étaient nécessaires, mais je l'ai fait pour eux. Je les ai enlevés alors qu’ils n’étaient que des enfants. J’ai mené des expériences sur leurs corps jeunes et vierges d’enfants en vue de leur donner force, endurance et intelligence. Pour qu’ils survivent. La moitié d'entre eux furent tués. J’ai fait d'eux des soldats mécaniques, sans vie, obéissants sans discuter aux ordres les plus fous et les plus dangereux de l’Amirauté .

Ce qui a du être fait a été fait mais je regrette aujourd’hui.

Il n'y a pas de dieu nous attendent pour nous juger quand nous mourons. Il n’y a ni paradis ni enfer, seulement la douleur ou les bons souvenirs que nous laissons derrière nous. Mais je ne veux pas le pardon de la société, ou de Mendez, ou même le mien. Je veux juste faire ce qui est bon pour ces hommes et ces femmes, dont la vie a été gâchée par moi. Seul leur pardon peut me donner l'absolution. Je commence à oublier que nous sommes pris au piège dans une sphère dans les plis d'une autre dimension, parce que mon cerveau commence à s'habituer à dire des mensonges bénins. Je regarde à travers une mer d'arbres deux élégantes structures saillantes couleur d’or au-dessus de la canopée à quelques kilomètres.

"C'est très impressionnant, docteur," dit-elle. "Hé, chef, vous pensez que c’est quoi ?"

"Mieux vaudrait que ce soit la cantine." Mendez garde un œil sur les arbres comme s'ils étaient remplis d’ennemis. "Ou un moyen de sortir d'ici. N’oubliez pas que c’est encore l’enfer à l’extérieur !. "

Il a raison. Gagnées ou perdues, les guerres ne s’arrêtent jamais. Je pense que nous avons déjà perdu. Si l’Alliance n’a pas encore envahie la galaxie alors cette forme de vie qu'ils appellent les Parasites l’a déjà fait, ou encore les gigantesques Halos ont fait feu et ontdébarraser la galaxie de tout ses habitants. Mais si nous gagnons …

Même si nous gagnons, la galaxie sera toujours pleine de dangers inconnus.

Je me demande où John est maintenant. Et Cortana. Et. . . Miranda.

Miranda? Je ne l'ai pas oubliée. N’est-ce pas ?</toggledisplay>

Chapitre 1 (VF) :

<toggledisplay hidetext=[Masquer]>CHAPITRE UN - Traduction par Forerunner343i

Un Dieu qui crée des instruments est toujours un Dieu. Nous ne pouvons pas imposer de qualification a ce qui est divin ni prétendre deviner ses intentions.

(Ancien Maréchal Avu Med ‘Telcam du Neru Pe’Odosima – Serviteurs de la Vérité Constante– à propos des révélations de la nature des Forerunners)

EX-COLONIE NOUVELLE LLANELLI, SYSTEME BRUNEL : JANVIER 2553.

C’était un immonde bâtard, et la tentation de l’abattre à l’endroit où il se tenait était presque plus forte que ce que Serin Osman pouvait supporter.

C’était également un acte plutôt dérangeant. Ses bras gesticulaient comme s’il était engagé dans un discours emphatique sur la politique ou la religion ou quoi que ce soit qu’ils jouaient à la place du football, ses mâchoires en forme de feuille de trèfle successivement claquant, successivement ouvertes puis fermées, comme un piège à gin. Osman l’observait depuis la baie de chargement de la navette, son fusil posé sur le panneau de contrôle. Les affaires pouvaient devenir incontrôlables avec un extra-terrestre de deux mètres cinquante bien avant que vous ne le sachiez. Elle était prête à supprimer la chose avant qu’elle n’écrase Philippe.

Il pouvait en effet parler leur langue, même si certains sons défiaient de simples mâchoires humaines. Elle se demandait à quoi cela ressemblait pour eux. Il rendait des signes au Sangheili, et bien qu’elle ne put entendre la conversation celle-ci avait l’air de fonctionner. L’extra-terrestre fit ce truc bizarre avec ses mandibules inférieures, pressant les deux côtés ensemble pour imiter une mâchoire humaine et essayant de produire des sons mieux articulés.

Ainsi la tête à charnières imitait également. C’était bon signe. Un bon signe dans un mauvais marché. Non, pas un mauvais marché : un sale marché. Osman descendit de la baie, soucieuse de garder son fusil à proximité de sa jambe afin qu’elle ait l’air prête mais pas menaçante. Philippe lui jeta un regard par-dessus son épaule, semblant inconscient du risque.

Je ne quitterai jamais cette chose là des yeux. Mon Dieu, qu’apprennent-ils à ces académiciens à propos de la sécurité personnelle ?

Elle s’appuya contre le montant de la porte et attendit, jetant un œil à sa montre pour contrôler l’heure de Sydney. Autour d’elle, les ruines de Nouvelle Llanelli avaient l’air d’une réprimande. Les morts la frappaient sur son épaule, horrifiés : Et vous êtes en train de parler à ces bâtards, maintenant ? Sur nos tombes ?

Un rayon de soleil transperça les nuages et fit apparaître un reflet lumineux sur un lac au loin. Non… ce n’est pas un lac. Son cerveau avait fait le lien et fait la mauvaise supposition. Elle sortit son datapad de la poche de sa veste d’une main, et vérifia. Il n’y avait pas une goutte d’eau à des centaines de kilomètres sur le Factbook de l’aac1. La surface réflective était un sol sablonneux vitrifié, poli comme un miroir, des hectares de ce qui avait une fois été du seigle et des pommes de terre.

Lorsque les Covenants vitrifiaient une planète, ils ne faisaient vraiment que ça.

Philips fit un geste à son attention et la divertit de cette pensée inconfortable que la planète lui faisait un reproche. Il fit de grandes enjambées jusqu’à la navette, apparemment content de lui.

« Le Prêtre veut vous parler », dit-il. « Je lui ai dit que vous étiez le boss. Son Anglais est assez bon, alors allez droit au but. Et ne l’appelez pas un ‘Elite’. Utilisez le nom correct. C’est important pour eux.»

Osman se releva de la cloison avec sa hanche. « Un Prêtre ? »

« N’en tenez pas rigueur. » Philippe – Le Professeur Evan Philippe, un autre académicien respectable qui avait été enrôlé par l’ONI – retrouva son air sérieux. « Ils m’ont dit qu’il était dévot, mais je n’avais pas réalisé à quel point il l’était. »

« Ça risque de poser problème ? »

« Ça pourrait être un bonus. »

«Oui, ils ont tendance à respecter un plan. »

« Je voulais dire qu’il s’agit d’un fondamentaliste. La Vérité Eternelle. Une très, très vieille conception de la foi. »

« Soufflez-moi. Je ne suis pas anthropologiste. »

« On dit qu’ils ont amassé des reliques Forerunners originales depuis l’époque de leur premier contact. Leur équivalent des ‘doigts de saint’.

« Génial, ça doit être mon anniversaire. » Osman ne savait pas vraiment quand c’était. Aujourd’hui semblait être un jour aussi bon qu’un autre. « Peut être qu’ils ont quelques schémas dans un tiroir poussiéreux ou un truc du genre. »

« Venez, ne le faites pas attendre. »

« Comment se comporte-t-il avec les femmes ? Je ne me rappelle pas avoir jamais vu une femelle Sangheili. Est-ce qu’ils les gardent enfermées ou quelque chose comme ça ? »

« C’est loin d’être aussi simple. » Philippe lui fit signe de le suivre. « Les femmes exercent un grand pouvoir politique sur les enjeux de la lignée. Quand vous aurez quelques heures à tuer, je vous expliquerai. »

Elle n’en avait pas, et cela pouvait attendre. Elle marcha en direction du Sangheili, se préparant mentalement à ne pas l’appeler ‘Elite’ ni ‘bâtard de tête à charnières meurtrière’.

Osman était plus grande que la moyenne, et à un mètre quatre-vingt-dix[1] elle n’était pas habituée à devoir lever la tête pour parler à quelqu’un. Mais le Prêtre la dominait d’un mètre, comme un monument dans son armure dorée. Pendant quelques instants elle se retrouva en train de faire face à un visage d’un manque de traits inquiétant, avant de fixer son regard sur les yeux noirs et les petits naseaux évasés juste en dessous. Le Prêtre reniflait son odeur. Troublant qu’il n’essaye même pas de le cacher.

« Capitaine Osman », dit Philippe avec prudence, tournant la tête d’arrière en avant entre elle et le Sangheili. « Laissez-moi vous présenter à Avu Med ‘Telcam, émissaire des Serviteurs de la Vérité Eternelle. Il était autrefois Maréchal mais il a… renoncé à emprunter la voie des infidèles et lavé son nom, car ils ont apporté honte et misère sur la nation Sangheili… et ils méritent d’être empalés. » Il semblait citer avec beaucoup de précautions, jetant des coups d’œil réguliers au Sangheili, comme s’il lui demandait confirmation. Il lança à Osman un regard lui intimant de ne pas dire de bêtises. « Il pense par là à l’Arbiter. »

‘Telcam renifla à nouveau. Osman pouvait le sentir également. Une odeur légèrement tannée, comme les sièges d’une voiture neuve. Ce n’était pas désagréable.

« Osman, capitaine de vaisseau. ‘Telcam comprendrait. « Ainsi vous savez que je tiens ma parole. On peut discuter ? » Elle adressa à Philippe un regard signifiant ‘fous-le-camp’. Il n’avait pas à entendre ce qu’elle avait à dire, et cela autant pour son propre bien que pour celui de la Terre. « Pouvez-vous nous laisser dix minutes, Professeur ? »

Philippe acquiesça et s’éloigna. C’était pour cette raison qu’Osman n’aimait pas la coopération des spécialistes. S’il avait su ce qu’elle allait faire, il lui aurait probablement tenu un discours sur la morale.

Je peux être en train de le sous-estimer, bien sûr. Mais son travail est terminé. Ce n’est plus son problème désormais.

‘Telcam pencha sa tête d’un côté. Osman devait faire un effort pour comprendre, mais ce n’était pas plus dur que de se concentrer sur un signal radio brouillé. En réalité la créature parlait très bien l’Anglais.

« Capitaine, mon peuple a été puni car ils n’avaient pas la foi », dit-il. Un fin filet de salive se formait sur son visage à chaque fois qu’il utilisait un son sifflant ou un F. ça n’avait pas l’air facile d’articuler avec cette quadruple mâchoire. « Le traître Tel ‘Vadam et ses semblables affirment désormais que les Dieux sont des menteurs, et qu’à ce titre ils doivent mourir. Nous avons été sous l’emprise de races bâtardes assez longtemps. Nous avons laissé les faux prophètes des San’Shyuum corrompre notre pure relation avec les divinités. Maintenant nous devons faire pénitence et ramener la nation Sangheili sur la bonne voie. Alors que pouvez-vous bien désirer de nous ? Souhaitez-vous convenir d’une trêve ?

« Comment aviez vous prévu d’éliminer ‘Vadam et les autres… traîtres ? »

«Il nous reste peu de vaisseaux actuellement. Peu d’armes également. Mais nous possédons notre dévotion. Nous trouverons un moyen. »

Osman remarqua l’épée énergétique accrochée à sa ceinture. On en a un bien ici. Un maniaque lourdement armé, soucieux du respect de ses Dieux. Merveilleux. Je peux conclure un marché avec ça. Elle essaya de trouver un véritable terrain d’entente, au cas où il sente de la peur ou de la tromperie en elle. Une once de vérité dans un tissu de mensonges fait des merveilles.

« Qu’en pensez-vous si nous vous fournissons des armes ? »

Il recula brutalement sa tête. « Et pourquoi feriez-vous cela ? Le traître se range du côté des humains contre ses propres frères. »

« Les humains jouent avec le hasard. Je parie que votre camp va gagner. Les amis morts ne sont d’aucune utilité. »

« Ah. » ‘Telcam émit un faible son, ressemblant à cheval soufflant entre ses lèvres. Une fine pluie tomba sur elle et elle se retint de s’essuyer. Elle sentit un relent ou quelque chose ressemblant beaucoup trop à de la nourriture pour chien. « Faiseur de roi. C’est notre politique. Vous nous aidez à prendre le contrôle de façon à connaître votre ennemi et pensez que vous pourrez ensuite nous contrôler. »

« Vous voyez, nous ne serons jamais amis, Maréchal. Mais nous pouvons nous accorder à rester hors du chemin de l’autre et à mener une existence séparée. Trop de vies ont été perdues. Cela doit cesser. »

‘Telcam se pencha encore, comme s’il faisait une inspection de l’uniforme. « Vous avez des colonies par ici. Cela fait partie de la guerre. C’est la cause de notre rivalité. »

« Certaines de nos colonies ne nous aiment pas beaucoup non plus. Les humains tuent également les humains. »

« Comme vos vies sont embrouillées. »

« Ma foi, vous parler très bien Anglais »

« J’étais traducteur autrefois. J’interprétais vos communications pour mon vieux capitaine. Je parle de nombreuses langues humaines. »

Bon, ça expliquait un sacré nombre de choses. Philippe ne le savait visiblement pas, en tout cas il ne l’avait pas dit, mais Osman décida de ne pas lui en parler car sa tâche consistait en une seule chose : obtenir une audience avec le chef des dissidents Sangheili, qui semblaient vouloir déchirer tout traité de paix. Il avait eu de la chance d’aller aussi loin sans se faire arracher la tête.

« Bien, Maréchal, je pense que nous pouvons nous aider l’un l’autre à garder nos factions instables dans le droit chemin. » Osman se tourna légèrement pour garder Philippe dans son champ de vision, juste au cas où il se rapproche et en entende trop. « Ca demandera sûrement une certaine discrétion, car nous ne pouvons pas être vus comme vos alliés. Mais un empire Sangheili instable ne nous est d’aucune utilité, et un empire humain instable représente une menace pour vous. Compris ? »

« Et certains de mes frères pourraient ne pas comprendre ma volonté de parler aux infidèles. Ainsi nous nous accordons des faveurs, vous et moi. »

« En effet. Pour le plus grand bien. » Osman s’arrêta le temps d’un battement et s’assura qu’elle ne clignait pas des yeux. Les Sangheilis avaient un sens militaire de l’honneur, et la vérité qu’elle s’apprêtait à annoncer au milieu des mensonges allait dans un certain sens vers sa propre satisfaction. « Si je pensais que ‘Vadam survivrait en tant que meneur, je traiterai avec lui à la place. »

Elle n’était pas sur que les Sangheili sachent sourire. S’ils savaient, elle ne savait pas à quoi cela pouvait bien ressembler, pas avec cette quadruple mâchoire. Mais l’expression de ‘Telcam changea légèrement. Les muscles de sa tête reptilienne se relâchèrent un instant.

« J’ai une condition », dit-il.

« Je pensais bien. »

« Vous blasphémez à propos des Dieux. Vous répandez de vils mensonges à leur sujet. Cela doit cesser. »

« Nous vous avons simplement montré ce qu’étaient les Halos. » Et merde. Allez, réfléchit. Il y a moyen de s’en sortir. « Nous n’avions pas l’intention de dénigrer vos croyances. »

« Donc les Halos sont des machines de destruction. Ainsi vous dites que les Dieux eux-mêmes ont été tués par ceux-ci. » ‘Telcam se pencha au dessus d’elle, presque nez-à-nez. Il était si près qu’elle ne pouvait pas focaliser son regard sur ces dents semblables à des canines. Elles voyaient simplement des formes floues dans des gencives violacées. « Votre Dieu a choisi de mourir pour vous et c’est précisément pour cela que vous le vénérez, n’est-ce pas ? Et c’est pour la même raison que vous dites qu’il vit. Cette soi-disant preuve à propos des Halos ne signifie rien. Pas même pour vous. »

Et il utilise le pluriel. Les Halos.

Osman supposait qu’il souhaitait la mettre d’accord avec lui, afin de le rassurer sur le fait que les Dieux pouvaient être à la fois morts et éternels, comme un chat de Schrödinger[2], afin de ramener des certitudes dans sa vie. Elle connaissait cette sensation, mais la dernière chose qu’elle souhaitait était de faire un débat théologique avec un extraterrestre lourdement armé pesant cinq ou six fois sa masse. Elle se retint de dire que son nom était Osman et qu’il pensait à la religion de quelqu’un d’autre.

« Nous avons eu des scientifiques qui clamaient avoir réfuté l’existence de Dieu, et d’autres qui affirmaient qu’on ne pouvait rien prouver », dit-elle prudemment. « Mais cela n’a fait aucune différence pour quelque religion que ce soit. La foi est quelque chose d’indépendant. »

« Donc vous comprenez. » ‘Telcam se recula. « Si vous nous armez… si vous restez loin de nos mondes… alors lorsque nous prendrons le pouvoir et rétablirons le droit chemin, nous vous laisserons seuls. »

« C’est d’accord », dit-elle. Elle tendit presque sa main pour valider cet accord mais se ravisa. « Je vous contacterai bientôt. »

Le Sangheili se retourna et se rendit vers son vaisseau sans rien ajouter. Il était facile de les regarder en ne voyant que des animaux disgracieux avec des jambes étrangement bovines, et non une force supérieure qui avait presque mis la Terre à genoux. Philippe s’approcha d’elle en marchant mais ne demanda pas ce qui s’était passé. Son expression indiquait qu’il était sur le point de le découvrir.

« En avons-nous fini ? »

Osman acquiesça. « C’est un ennemi que nous n’aurons pas à combattre avant un moment. » Elle lui donna une tape amicale. « Bon travail. Je n’aurai jamais pensé que l’on puisse parler avec l’un d’eux, encore moins que l’on parvienne à un accord. On vous le doit bien. »

« J’admets que c’est satisfaisant de mettre la théorie en pratique. Et merveilleux d’avoir un accès unique à l’espace Sangheili tout frais payés, bien sûr. Bon vieil ONI. Mes impôts, bien dépensés.

Osman retourna à la navette, soudain consciente des petits fragments de verre craquant sous ses chaussures. Bordel, ce ne sont pas des bouteilles cassées. C’est de la vitrification. « Vous ne pensez donc pas que vos crédits académiques ont été souillés en vous associant avec nous, sales petits agents secrets. »

« Bien sûr que non. Je ne suis pas naïf à ce point. Je sais ce que vous préparez. Ne me le dites pas, c’est tout. Je dois être capable de nier avec un visage impassible.

Donc il n’était certainement pas stupide, et l’ONI n’était pas en train de faire quoi que ce soit que d’innombrables gouvernements aient fait au fil des siècles, pour leur propre intérêt. Elle aurait dû s’attendre à ce qu’il comprenne. « Et que sommes nous en train de faire, exactement ? »

« Oh, je pensais que je vous aidais à établir des voies diplomatiques avec la démographie difficile à atteindre des Sangheilis… »

« Vous m’avez demandé de ne pas vous le dire. »

« C’est vrai, je l’ai donc fait moi-même. » Il lui adressa un clin d’œil. « Bien, vous avez mis une selle sur le dos de cette bête. Maintenant vous avez intérêt à vous assurer de ne pas en tomber. »

Ils s’installèrent dans leur siège et elle vérifia les voyants du panneau de contrôle avant de passer la main à l’IA. Phillips sifflait, le bruit caché par sa respiration, comme s’il était heureux d’être encore en vie. Osman pensait qu’il serait réticent à rentrer mais il avait visiblement obtenu ce qu’il voulait – un article scientifique éblouissant, une recherche méritant récompense, peut-être même un livre bien rentable – que personne d’autre parmi ses connaissances n’avait, et cela semblait lui suffire.

Il ne reviendrait pas ici. Il le savait certainement. L’ONI le considérait comme un atout à usage unique.

« Rappelez-vous seulement que l’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami, Professeur », dit-elle, ouvrant une liaison comm’ sécurisée. « Il est mon ennemi qui est simplement confronté un obstacle. »

Phillips éclata de rire. « Que de douceur, innocente petite fleur. Vous n’avez jamais travaillé à l’académie, n’est-ce pas ? Sentimentaux comme un prédateur à la préhistoire. Des querelles, des complots, de la vengeance. La routine. »

« J’imagine. » Le voyant de communication sécurisée clignota et Osman baissa la voix. « Osman, m’dame. Le Professeur Phillips et moi sommes de retour. »

« Merci de me le faire savoir, Capitaine. » L’Amiral Margaret Parangosky n’élevait jamais la voix, et elle n’avait jamais besoin de le faire. « Je suppose que les affaires ont marché. »

Osman pouvait traduire ces tournures de phrase à la Parangosky assez facilement. Avez-vous mis en place l’insurrection Sangheili ? Voila ce qu’elle signifiait. Peu de gens en dehors de la Navy et des échelons supérieurs du gouvernement savait qui était Parangosky, et à plus forte raison ne savaient la craindre. Osman suspectait qu’elle était la seule personne dans l’entourage de l’Amiral qui se ferait toujours pardonner même si elle échouait. Mais elle n’était pas pressée de le vérifier.

« Tout va bien, m’dame », dit-elle.

« Remerciez le Professeur Phillips pour moi. Faites bon vol. »

Osman se déconnecta et l’IA reprit le contrôle. La navette trembla sur ses amortisseurs alors que les moteurs atteignaient leur puissance maximale. Dans quelques heures, ils devraient être au rendez-vous avec le Battle of Minden et se diriger vers la Terre, où la mission s’arrêterait pour Phillips mais ne ferait que commencer pour elle.

Jusqu’ici tout va bien.

« Est-ce que j‘aurais une médaille d’or ? », demanda-t-il ?

« Peut être un cookie en plus. »

« Où est le meilleur restaurant Turc à Sydney ? »

« Je ne sais pas. »

« Oh, vraiment ? Désolé. »

Ça la prenait toujours de court. Elle n’avait jamais dit qu’elle avait des racines Turques, et – surprenant pour une femme si habituée à mentir pour gagner sa vie – elle ne pouvait pas se résoudre à monter une histoire de couverture pour elle-même. Elle autorisait simplement chacun à faire des suppositions basées sur son nom et son teint Méditerranéen. Son vrai nom n’avait pas été Osman, du moins d’après ce qu’elle en savait, et elle n’avait pas l’intention d’utiliser son accès aux fichiers classifiés de l’ONI pour découvrir qui elle était vraiment. Elle pouvait seulement être qui elle était maintenant.

Phillips l’aurait traitée de manière totalement différente s’il était écrit Spartan-019 sur son badge d’identification. C’était mieux si personne ne savait ce qu’elle était, et ce qu’elle n’était pas.

« Oui, j’ai été absente pendant trop longtemps », reprit-elle, à regret. « Mais je peux sentir un bon imam bayildi à une dizaine de mètres.

Tout le monde pouvait le faire. Ce n’était pas vraiment un mensonge. Phillips se frotta les mains, mimant le délice à la pensée de nourriture qui ne provenait pas d’un pack de rationnement. La navette s’éleva encore, faisant progressivement disparaître New-Llanelli de leur vue, et Osman jeta un dernier regard sur le moniteur, en direction de ce lac de sable vitrifié.

C’est pour cette raison que j’ai le droit de briser les règles. Pour être sûr que cela ne se reproduira jamais.

Osman était certaine d’avoir entendu cet argument auparavant, au moins trente ans plus tôt, mais elle ne pouvait pas se rappeler si c’était avant ou après avoir rencontré le Dr Halsey.

« L’Académie », dit-elle. « Oui, c’est un monde cruel et ancestral, n’est-ce pas ? »

  • [1] Un mètre nonante pour les Suisses ;D
  • [2] Expérience philosophique selon laquelle le chat est à la fois mort dans une dimension, et vivant dans une autre.


RUE MARK DONALDSON, SYDNEY, AUSTRALIE

JOUR DE LA FETE NATIONALE AUSTRALIENNE, DEUX MOIS APRES LA BATAILLE DE LA TERRE, 26 JANVIER 2553

Il restait juste un mât intact sur le front de mer fracassé du port de Sydney, et un ouvrier vêtu d’un casque et d’une salopette orange gravissait péniblement un engin de maintenance pour le rejoindre.

Cela représentait une hauteur suffisante pour pouvoir tomber sans s’en remettre.

Le Caporal Vaz Beloi errait sur un tronçon de poutre qui avait autrefois fait partie d’une passerelle, essayant d’obtenir une meilleure vue. Un morceau de tissu bleu foncé pendait de la poche arrière de l’ouvrier. Vaz ne distinguait pas de baudrier de sécurité, mais il ne restait pas grand-chose du bâtiment délabré auquel se sécuriser.

Et ils disent que les ODSTs sont fous.


Il observa l’homme avec une curiosité renouvelée. Mal Geffen le rejoignit et s’appuya sur ce qui restait du rail de sécurité de la passerelle. Il craqua alors que sa masse appuya dessus.

« Viens, on a seulement une heure. » Mal fit un geste irrité avec son poignet, brandissant sa montre, puis fronça les sourcils à la vue de quelque chose sur sa manche. « Bordel, je suis déjà couvert de merde. On ne peut pas se pointer dans cette tenue. Il s’agit de l’Amiral.’ »

« Ca passera », répondit Vaz, distrait par l’ouvrier téméraire. Il leva un doigt en guise d’avertissement. « Attends, je dois voir ce que fait ce gars. »

Il savait que Mal n’était pas irrespectueux. Il était juste nerveux à l’idée d’être convoqué par l’ONI sans explication, et Vaz le comprenait, mais ils avaient une autre mission à accomplir. Une visite à Sydney était rare.

Et on a fait une promesse. Amiral ou pas.

Un petit attroupement observait depuis la rive, un mélange d’ouvriers et de pompiers qui déterraient toujours des corps coincés sous les gravats, deux mois après le bombardement. L’ouvrier, désormais vacillant sur le haut du support mobile, se jeta en direction du mât et parvint à hisser la drisse. Il y accrocha le drapeau et tituba pendant un moment avant de tirer sur le câble pour révéler les étoiles blanches de la Croix du Sud sur fond bleu, avec une unique étoile dorée du Commonwealth sur fond vert.

Tout le monde applaudit. Un bateau-navette dans le port fit entendre son klaxon.

Mal semblait sur le point de faire quelque chose, ses lèvres bougeant comme s’il était en train de compter. « Bien joué, Oz. Sept cent soixante cinq non perdues. » Il poussa Vaz dans le dos et s’éloigna à grands pas. « Dépêche toi, on doit trouver le bar. Si on ne le fait pas maintenant, on n’aura pas d’autre chance avant plusieurs années. »

Vaz observa l’ouvrier redescendre l’engin, pour regagner une relative sécurité avant de se sentir capable de se détourner et de rejoindre Mal.

« Ok, et pourquoi sept cent soixante cinq ? », demanda-t-il.

« Sept cent soixante cinq années depuis que les premiers immigrants se sont installés ici. Aujourd’hui est le jour de la fête nationale Australienne. » Ils traversèrent une passerelle temporaire, qui enjambait un cratère de la largeur de la route. Elle vibra sous leurs chaussures comme un sol à ressorts. « Tu comprend pas perdues, n’est-ce pas ?

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« Je comprend très bien », se hérissa Vaz. « C’est quoi ton problème ? »

« Désolé, camarade. La crainte de Parangosky. »

Tous les deux avaient déjà effectué plus d’une centaine de largage derrière les lignes ennemies et accepté qu’ils puissent ne pas survivre au suivant, mais la perspective d’être transporté devant une très vieille femme au dos voûté et possédant de nombreux galons les avait maintenu éveillés chaque nuit de la semaine écoulée. Même les ODSTs se méfiaient de Margaret Parangosky.

« Elle est âgée de plus de quatre vingt dix ans », déclara Vaz. « Aucune de ces histoires à son propos ne peuvent être vraies. Elle les répand juste pour impressionner. Comme le faisait ma grand-mère. »

« Ecoute, on a convenu qu’on ne jouerait plus aux devinettes à ce sujet. On le saura bien assez tôt. »

« C’est toi qui a lancé le sujet. »

« Très bien, elle ne nous a pas invité pour du thé et des médailles, n’est-ce pas ? Ca sera une engueulade. »

« Quand tu engages des ODSTs pour accomplir un travail pour toi, tu demandes une escouade. Ou une compagnie. Voire un bataillon. »

« Tu sais à quel point l’ONI est paranoïaque. Top-secret-manger-avant-de-lire. » Mal balaya d’autres saletés de sa manche en fronçant les sourcils. « Ah, nous y voilà. Il s’agit juste d’une réunion sanglante. Ce n’est pas comme si nous nous lancions à l’assaut d’un front de mer. »

Mais pourquoi nous ? Vaz jeta un nouveau regard au plan touristique. « Cette chose est sans utilité. Je ne peux voir aucun monument. »

Mal fouilla dans sa poche et en sortit un ancien compas qu’il avait toujours avec lui. « On asse aux techniques rurales, Vaz. Retour aux sources. Si on ne peut pas trouver un bar, on ne mérite pas l’uniforme. »

Il n’y avait aucune âme vivante en vue, pas même un flic ou un ouvrier à qui demander son chemin. Un bourdonnement d’activité – des bulldozers, des marteaux à bascule, des foreuses – provenait d’une rue assez éloignée. La banque qui aurait du se trouver au coin de la rue n’était plus qu’un enchevêtrement de poutrelles métalliques et de maçonnerie effondrée.

Il n’y avait aucun signe de la place pleine de terrasses de cafés, non plus, et le centre commercial qui aurait dû se trouver sur la gauche de Mal ressemblait à un nid d’abeille dont la couche de cire aurait été retirée. Tout ce qu’il pouvait voir était une procession de parois composites, s’élevant désormais à peine du sol. Un ruban de sécurité rouge et blanc voletait entre des poteaux d’acier.

« Vous avez l’air perdu, les gars. »

Un garde d’une société de défense civile surgit comme une cible lointaine de derrière une barrière, à environ cinquante mètres, et Vaz faillit dégainer un fusil qu’il ne portait pas. Il était dur de s’adapter à un lieu où il n’y avait aucun danger.

« Ouais, je pense qu’on l’est », répondit Vaz.

« Vous cherchez Bravo-Six ? » Le garde voulait dire le QG de l’UNSC. « Mauvais direction, fils. »

« Non, un bar », reprit Mal. « Le Parthénon. »

« Il a été détruit. Le garde consulta sa montre comme s’il pensait qu’il était un peu tôt pour prendre un verre, puis étudia l’uniforme de Mal, scrutant l’insigne représentant une tête de mort avec un froncement de sourcils perplexe. « Qu’êtes vous donc, des marines ? »

« Des ODSTs. » Mal fit une pause. Le gars ne semblait pas comprendre. « Orbital Drop Shock Troopers[1]. Oui, des marines. »

« Oh. Ceux-là. »

« Alors, comment se rend-on au Parthénon ? », demanda Vaz.

« Je vous l’ai dit. Il n’en reste que des débris. Ils sont en train de nettoyer le site. »

« On ne veut pas boire. On a autre chose à y faire. »

Le garde jeta à Vaz un regard en biais. Peut-être que l’homme trouvait que son anglais n’était pas très compréhensible à cause de son fort accent. « Continuez simplement dans cette direction », finit-il par dire, en indiquant une rue à quarante cinq degrés et en découpant les mots de manière à bien se faire comprendre. « Vous verrez l’arrêt de bus. C’est à deux rues au nord de là. »

Vaz commença à suer alors qu’il s’en allait. On était au milieu de l’été et son uniforme le faisait crever de chaud, non qu’il eût la possibilité de se montrer en chemise. Mal avait, d’une certaine manière, encore l’air propre, à l’exception de la poussière de ciment qui recouvrait ses coudes et ses bottes.

« Qu’est-ce qui nous fera office de boisson ? », questionna Mal.

« J’en sais rien. Peut-être qu’on peut juste dire ce qu’on a à dire, et en rester là. »

Ils avaient promis à Emanuel que, si jamais ils passaient à Sydney, chose que Vaz pensait alors très improbable, ils trouveraient son bar préféré et lèveraient un toast à sa mémoire. Ça avait surtout été une question de principe. Les ODSTs ne pensaient pas au fait d’être tués comme une hypothèse. Il s’agissait plutôt d’une question de temps.

Ça ne rend pas les choses plus faciles, ceci dit. Ça ne veut pas dire qu’il nous manque moins.

« Ah », dit Mal. Aussitôt qu’ils tournèrent au coin de la rue et levèrent le regard vers la route, ils purent voir les bulldozers à l’ouvrage. « Prêts pour la reconstruction. »

Certains membres de l’équipe de nettoyage s’arrêtèrent pour les observer longer la ligne centrale de la route. Vaz compta les tronçons de parois internes et en déduisit que le 21, Rue Strathclyde se dressait autrefois là où se trouvait désormais un cratère délimité par les restes de quatre colonnes Doriques de couleur turquoise. Mal les survola du regard, avec un air inhabituellement sinistre. « Manny n’a jamais eu bon goût pour les bars », dit-il calmement. « Pauvre bougre. »

L’un des ouvriers du bâtiment ôta ses gants et se fraya un chemin à travers les débris dans leur direction, la tête baissée et les yeux cachés par la visière de son casque. Ce n’est que lorsqu’il leva les yeux que Vaz réalisa qu’il s’agissait en fait d’une femme, une rousse agréable à regarder. Il essayait parfois d’imaginer à quel point il avait dû passer pour un étranger aux yeux d’un civil ces jours ci, mais il pouvait supposer d’après le léger froncement de sourcils qu’il avait suscité ce matin qu’il ne se présentait pas comme le charmant jeune homme que l’on pouvait rencontrer derrière une porte. Il décida de laisser Mal parler et resta en arrière pour observer l’intérieur du cratère. Un bassin d’eau stagnante s’étendait au fond comme un miroir, chargé de moustiques.

« Que peut-on pour vous, camarades ? », demanda la rouquine.

Mal désigna le cratère. « Est-ce qu’il s’agissait du Parthénon ? »

« Ouais. Mieux vaut rester à l’écart. Comme vous pouvez le constater ce n’est pas l’heure de l’apéro. »

« On a une promesse à tenir envers un ami qui n’a pas survécu. »

La rouquine pencha la tête sur un coté. « On est censés garder les gens à distance de cette rue. Des réglementations de sécurité. Vous savez de quoi le conseil est capable. Mais ce qu’ils ne savent pas ne les gênera pas. »

Vaz tapa du pied. Ils avaient une demi-heure pour lui rendre hommage, puis se rendre présentables pour se présenter à Bravo-Six. « On veut juste lever un verre à sa mémoire, m’dame. Ensuite on s’en ira. »

La rouquine inspecta Vaz, ses mains sur les hanches. « Avez-vous amené une bouteille ? »

C’était une bonne question. Ils s’étaient attendus à voir le bar ouvert, et non détruit, et ils n’auraient pas assez de temps pour trouver une taverne, comme l’appelaient les locaux. Mal haussa les épaules, prenant son air de je-suis-juste-un-adorable-coquin qui marchait habituellement sur les femmes. La rouquine lui rendit un sourire triste et se retourna vers son équipe, sa main tendue comme pour demander un outil. L’un des hommes ramassa un panier repas sur le siège d’un camion benne et lui jeta une bouteille en plastique. Elle la tendit à Mal avec respect.

« Le mieux que l’on puisse faire, marines », dit-elle. « Allez-y, mais ne tombez pas et ne vous rompez pas la nuque. »

Après tous les sauts que Mal avait effectués, ça aurait été une ridicule façon de mourir. Mal lut l’étiquette et sourit.

« Du jus de fruit. Il verrait le côté amusant de tout cela. Merci, joli-cœur. »

L’équipe de nettoyage s’éloigna légèrement, mais ils observaient toujours. Vaz était embarrassé. C’était comme de se soulager en public. Donc, que faisaient-ils maintenant ? Tous les vagues plans pour se faire marteler et se souvenir d’Emmanuel étaient partis en fumée, et Parangosky attendrait.

Mal dévissa le bouchon et tendit la bouteille à Vaz. Il but une gorgée – fruits de la passion ou quelque chose comme ça, tiède et pétillant – et la lui rendit. Mal en prit une également, et tint la bouteille comme s’il s’agissait d’un verre de champagne millésimé.

« Emanuel Barakat », prononça-t-il. « Helljumper. Frère. Un des meilleurs. Tu nous manques, Many. »

Vaz oublia le public d’ouvriers. Tout ce qu’il pouvait voir était l’eau ruisselant d’une conduite principale jusque dans la mare au fond du cratère. « Ouais, Many. Repose en paix. »

Mal rendit la bouteille à la rouquine. « Merci encore. On va vous laisser tranquille maintenant. »

« Pas de soucis. Je suis désolé pour votre ami. » Elle marqua un temps d’arrêt. « Tout est fini, alors ? La guerre est terminée ? »

« Je ne sais pas. » Mal se retourna et commença à partir, Vaz lui emboîtant le pas. « Mais c’est assez calme par ici pour la première fois, d’aussi longtemps que je puisse me rappeler. »

Ils firent quelques pas sur la route avant que les applaudissements ne commencent. C’était une chose très étrange. Vaz pivota, puis il les vit, une douzaine d’hommes et femmes en chasubles aux couleurs vives et en bottes, frappant des mains et les observant. Et il ne s’agissait pas simplement d’une réaction au commentaire de Mal à propos de la guerre, d’ailleurs. Les ouvriers les applaudissaient eux.

Personne ne prononça un mot. Vaz n’aurait pas réussi même s’il avait su quoi dire. Ils atteignirent le bout de la rue avant que Mal n’ouvre la bouche.

« C’était généreux de leur part. »

Vaz n’était pas sûr de savoir s’il parlait du jus de fruit ou des applaudissements. Mais peut-être que la guerre était bel et bien terminée. Partout où ils s’étaient arrêtés au cours des derniers jours, à chaque magasin et à chaque point de transit, l’atmosphère était un étrange mélange de crainte, de confusion et d’allégresse. Les civils se faisaient déjà à cette idée. Il s’était attendu à ce que ce soit comme dans les actualités lors de la fin de la Grande Guerre Patriotique, avec des gens dansant dans les rues et escaladant des lampadaires pour hisser des drapeaux, mais cette guerre n’avait duré que six ans, malgré des batailles très sanglantes. Les gens en 1945 – et 2090, 2103 et 2162 – pouvaient se rappeler à quoi ressemblait la paix, et savaient ce qui leur avait manqué.

Mais aujourd’hui il y avait deux générations qui ne pouvaient se souvenir d’un temps où la Terre n’était pas en guerre avec l’Alliance Covenant. Personne n’avait encore signé d’acte de capitulation ni de cessez-le-feu, cependant. Vaz ne prenait rien pour garanti.

Mal accéléra le pas et Vaz le suivit, décidant de ne pas lui dire qu’il avait une tâche de boue séchée sur son pantalon. Il le saurait plus tard. Ils firent demain tour en direction de la route intacte la plus proche pour appeler un taxi. Même dans une cité réduite à un tas de décombres, il y avait toujours possibilité de gagner de l’argent en transportant du personnel de l’UNSC, et le complexe Bravo-6 était l’un des rares endroits à avoir été épargné par l’attaque. Le chauffeur qui les embarqua leur lança juste un coup d’œil par le rétroviseur central et ne dit rien pendant un moment. Lorsqu’il croisa le regard de Vaz, il détourna les yeux.

« Etiez-vous là quand les Covenants ont attaqué ?, demanda Vaz, essayant de se montrer sociable.

« Ouais », acquiesça le chauffeur. « Caché dans les égouts. Je ne savais même plus où j’étais quand j’en ai émergé ». Il se lécha les lèvres. « Tout est fini, comme le répètent continuellement les infos ? Je veux dire que vous devez le savoir mieux que n’importe qui, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas », répondit Vaz. Mais l’Alliance a l’air de s’être divisée. Peut être que c’est la même chose ? »

Ça ne l’était pas, et il le savait. Cela signifiait seulement que les certitudes du Nous et Eux seraient remplacées par un ramassis de problèmes provenant de milieux imprévisibles, tout comme cela avait toujours été sur Terre. Les aliens étaient bien plus proches des humains que ce que tout le monde voulait admettre.

Mais, comme les humains, ils pouvaient tous être supprimés avec les armes adéquates, également. Cela ne changerait pas. Vaz était content qu’il y ait encore des choses auxquelles se rattacher.

« Prépares toi », dit Mal alors qu’ils montraient leurs papiers à l’agent de service. « Entraînes toi à faire ton grand et beau sourire pour Celle Qui Doit Être Obéie. Quoiqu’elle veuille, ce n’est que douleur. »

[1] En Français, TCAOs : Troupes de Choc Aéroportées Orbitales.</toggledisplay> En cours

Chapitre 2 (VF)

A venir

Infos officieuses

Évolueront dans le scénario :

Infos officielles

Scénario :

L'histoire se déroulera en 2553, après les événements de Halo 3 et après la Guerre Humain contre Covenant. Une équipe de Black Ops du CSNU dirigée par Sarah Osbun, une Spartan-II ayant échouée aux augmentations, composée des ODST Vaz et Mal et du civil Evan Phillips, qui est un des rares humains à parler le langage des Sangheilis, est envoyée pour une mission diplomatique sur Sanghelios. Durant leur périple, ils rencontreront les survivant de la Bataille d'Onyx. Ce roman traitera en profondeur l'implication morale du Service des Renseignements de la Navy et celui notamment du Dr. Catherine Elizabeth Halsey dans le programme SPARTAN-II. La culture des Sangheilis et l'impact de l'Alliance Covenant seront mis de l'avant. L'histoire aura aussi un lien avec le scénario de Halo 4.

Synopsis :

Avec la guerre Humain-Covenant terminée, l'univers est dans le chaos. L'ennemi qui donna à l'humanité un grand besoin d'entraînement et d'unité a été vaincu. Se relevant du traumatisme de ce long combat, de ce conflit dévastateur, le CSNU doit désormais se réclamer l'univers. Mais de nouveaux dangers, tant extraterrestres que humains, peuvent menacer toute chance de paix durable. Rejoignez un groupe d'anciens soldats et de nouveaux héros alors qu'ils commencent une mission pour pénétrer dans ce qui était autrefois le cœur de l'empire Covenant dans une tentative désespérée d'arrêter de vieux ennemis de se rébeller encore une fois.

Divers

  • Black Box ne possède pas un avatar humain. Il apparait sous la forme d'une boîte noir d’où son nom.
  • Des easters-egg concernant la série Red vs Blue seront présents dans le roman.
  • Frank O'Connor affirme que l'histoire prendra une tout autre tournure et qu'on verra une nouvelle facette dans la série Halo.
  • Eddie Smith est le dessinateur de la couverture.
  • Probable Campagne virale - OFFICE OF NAVAL INTELLIGENCE//SECTION 3 - DATA DROP


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