— Dimkee Hotay : Les Unggoys méritent les honneurs. C'est vrai quoi, on écope toujours des missions les plus dangereuses et tout ça sans verser une larme. Faut dire qu'on a pas vraiment le choix. Sans blague, un ami m'a raconté que si tu te met à chouiner alors que ton camouflage est activé, il se met à grésiller et tout le monde peut te voir taper dans ton coin. Alors le méchant instructeur Kig-Yar commence à crier et à me morde les jambes ! Aïe ! Et oui, voilà le genre d'honneur qu'on ramasse pour notre peine.
Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Je vais te confier un truc que j'ai appris à mes dépends : faut être gentil avec tout le monde. Pas seulement avec le responsable de la bouffe ! Parce que tu vois, si tu traites quelqu'un de tête de nœud une fois, ok, c'est drôle, ha, mais oui, très drôle même ! Mais si tu remet ça trois fois de suite, tout le monde va penser que t'es un sale con ! Même si tu l'as dit que six fois. Ou alors, bon, allez, va pour neuf, tout au plus.
Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : La voilà la grande question : les humains pondent-ils des œufs ? Je sais que tu donne ta langue au chat, alors je vais te dire : j'ai oublié la réponse ! Mais je me souviens que c'était une épreuve éliminatoire. Question suivante : comment respirent les humains ? Non, pas dans l'eau ! C'est bien connu : un humain dans l'eau, ça fait pas de vagues ! Hahahaha !
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Autrefois, je travaillais pour le Didacte. J'avais pas à me plaindre, j'étais au service de Jul 'Mdama, la plupart du temps. Un vrai blaireau. Il a failli tous nous faire tuer. Mais on y a échappé in extremis. C'est vrai quoi, vivant, c'est toujours mieux que mort, non ? Demande plutôt à mon pote Blorp, il est mort et ça lui plaît pas des masses. En tout cas, il m'a jamais soutenu le contraire. Enfin bref, à l'époque le Didacte répétait sans cesse que rien ne l'arrêterait. Peut-être qu'il n'attendait que ça et qu'il avait peur. J'espère qu'il a trouvé la paix intérieure. Moi, j'ai eu peur qu'on découvre que j'avais tiré sur Blorp, alors j'ai accusé le démon vert, je l'ai accusé de tout un tas de choses d'ailleurs. Ce type était le meilleur ! Il encaissait les balles sans broncher. Pas comme Blorp.
— Élite : Oh…
— Dimkee Hotay : Doisac… Doisac ! Doiiiisac ! Doi… sac ! La planète des Brutes, les gars. De tous les noms possibles, il a fallu qu'ils choisissent celui-là ! Doisac !
— Élite : Bah…
— Dimkee Hotay : Tu veux savoir à quoi je pense, là, tout de suite ? À l'époque, je servais les Covenants, et là tu vas me demander, et tu leur servait quoi ? Et bien je te le donne en mille : le p'tit dèj', bien sûr ! Ha, qu'est-ce qu'on se marre ! Enfin, quand même, du temps où– du temps où je savais encore ce que je disais, c'était le bon temps.
— Élite : Hein ?
— Dimkee Hotay : Combien de temps faut-il s'entraîner pour rejoindre les Lames de Sanghelios ? Parce que je me suis beaucoup entraîné aux divers styles de combat sous les ordres de l'Alliance Covenante. J'ai passé des semaines à manier les meilleures armes pour devenir le plus fort ! Et tu sais que le cerveau des Unggoys est conçu pour apprendre, pas vrai ? Grâce à nos synth… Nos syn… Nos synapses super-développés, on assimile au taquet ! La nature est bien faite : une semaine d'entraînement pour nous équivaut à un an pour un Sangheili ! De vrais génies, je te le dit !
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Tu causes pas des masses, toi. Tu te la joue méditation sangheilie ? Respire, l'honneur est dans la respiration, la stature et les coups de gueule. C'est ça que tu penses, ou tu es juste en train de pioncer, là ?
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Y'a un truc qui m'obsède depuis des années : supposons que tu es une gentille créature et que tu capture une vilaine créature, capable de contaminer tes semblables, est-ce que tu éliminerais la vilaine créature pour de bon ou la mettrais-tu quelque part en lieu sûr pour que les générations à venir la découvre un jour et la jette en pâture aux clébards ? Perso, je dis juste que je n'opterais peut-être pas pour la deuxième solution.
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Hé, je vais te confier un secret, un secret qui me pèse sur la conscience dès que j'y pense. Ce jour-là, moi et mes collègues Unggoys on était vraiment mal barrés. On était peut-être une vingtaine ou une cinquantaine, enfin je sais plus, bref, nombreux quoi. Le danger nous guettait de partout et une explosion risquait de se produire à tout instant. Il fallait qu'on s'échappe avant la nuit ! Mais le vaisseau était tout petit et il ne pouvait accueillir qu'un seul d'entre nous. Un seul, t'imagines ! Les autres étaient condamnés ! Quand j'ai annoncé la couleur, ils se sont tous mis à se battre comme des chiffonniers pour cette place. Certains ont même joué les héros en se sacrifiant pour les autres. Enfin bref, une vraie tragédie grecque. Au final, je suis le seul à avoir survécu : je suis monté à bord du vaisseau, et là, je me suis dit qu'il fallait vraiment être débile pour croire qu'il n'y avait qu'une seule place dans ce rafiot ! Et voilà : c'est mon plus grand regret. Mais nan, je déconne ! C'est ma plus grande fierté ! J'ai chargé quelques cailloux à bord pour me tenir compagnie, et on a fait la méga-teuf pendant toute la traversée !
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Pourquoi certains trucs changent d'apparence, parfois ? Comme les flingues ou l'Arbiter, par exemple ? Ou même toi ! T'as pas changé de teint, dernièrement ? À moins que mes yeux me jouent des tours. J'ai l'impression de voir des vaisseaux entiers changer radicalement sans que personne ne remarque rien. Et le Fossoyeur, il a pas toujours été aussi flippant, si ? Avant, c'était juste un gros pantin tout flasque. Je sais pas, ça vient peut-être de moi.
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : La nuit dernière, au lieu de dormir, les autres Unggoys et moi on parlait boutique. Mon pote Priple nous parlait de la fois où il avait plombé un Spartan. Sans blague, c'était vraiment super ! Le genre d'histoires qui te rend fier de faire la guerre, mais bien sûr on ne fait plus la guerre aux humains parce que l'Arbiter nous l'interdit, pas vrai ? Je te jure, c'était si incroyable qu'on a oublié l'ordre d'extinction des feux au moins huit fois de suite ! Et comme tout le monde hurlait, je me suis mis à hurler aussi, et tu sais comment ça fait de gueuler un bon coup à s'en faire péter les cordes vocales. C'est trop bon !
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Je me fais souvent la réflexion que vous avez une drôle de gueule, vous autres. Non, pas toi en particulier, les Sangheilis en général. Bon, alors toi aussi, forcément. Mais le prend pas mal ! Nous, les Unggoys, on passe notre vie à regarder vos gueules, et ça fait peur à voir ! On dirait quatre doigts hérissés de crocs qui s'agitent à droite, et qui s'agitent à gauche. D'ailleurs, vous n'avez pas de langue, comment vous faites pour faire des bruits de bouche ? Je parie que vous pouvez pas faire ça ! [Bruit de langue tirée] Hah !
— Élite : Uh-huh…
— Dimkee Hotay : Une nuit, alors que je fouinais en douce dans le [], enfin, je veux dire que je faisais juste une petite balade, quoi, mais ce Sangheili m'a aperçu. Et il a vu rouge. Il s'est mis à hurler, arguant qu'il n'y avait aucun honneur à jouer les cafards. Tu sais comment ils sont avec leurs histoires d'honneur, honneur par-ci, honneur par-là, insigne honneur, enfin tout le bla-bla. Oh mince, j'ai perdu le fil…
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Parfois, en apprenant de nouveaux trucs, on en oublie les anciens, ça t'arrive ? Moi, j'ai pas mon pareil pour charger des pistolets à plasma, lancer des grenades et me faire des amis, alors qu'avant les théories quantiques n'avaient pas de secret pour moi. Jusqu'à ce que je me recycle dans le lancer de grenades ! Hah, sage décision, car la guerre consiste avant tout à savoir atomiser l'ennemi au bon moment.
— Élite : Bah…
— Dimkee Hotay : Laisse tomber le Sangheili, OK ? Parle plutôt humain ! Je pige que dalle au Sangheili. Wort, wort, wort, c'est du charabia pour moi !
— Élite : Mh-hm…
— Dimkee Hotay : Tu as déjà servi sur un vaisseau en campagne ? Moi oui, pendant des années, mais je me souviens même plus de son nom. Faut dire aussi qu'ils sont tous plus alambiqués les uns que les autres. Imagine un peu les transmissions en plein combat, la cible est détruite avant même que le message soit passé, genre : chef ! Le pinacle de l'apogée ténébreux est pris pour cible ! Pew, pew ! Trop tard, il a explosé ! Mais pas de panique, voici le double caducée de la mort qui tue ! Et pshew ! Oh non, je retire ce que j'ai dit. Plus courts, les noms, plus courts. Bob, ou Flip, ce serait plus sûr.
— Élite : Bah…
— Dimkee Hotay : Les humains sont peut-être bien plus courageux que nous le pensons. Ils enchaînent les missions suicides à bord de leurs pigeons, pèlerins et autres percolateurs. On dirait des rochers auxquels on aurait collé des ailes. Je n'en ai jamais vu un atterrir correctement. Ni même volontairement. Mais peut-être que tous ces accidents relèvent d'une stratégie à long terme, pour nous faire comprendre qu'ils n'ont aucun égard pour leurs propres vaisseaux, et encore moins pour les nôtres. Pas con…
— Élite : Mh-hm…