Différences entre les versions de « Utilisateur:Harastie »
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Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear. | Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear. | ||
Un instant après son réveil, Traqueur crut qu’il était mort. Tout était sombre et froid et il ne pouvait pas bouger. De minuscules lumière clignotaient, remplissant son champ de vision. Puis une main invisible desserra sa prise et il put bouger ses bras. Il s'assis, se cogna la tête, se crispa et s'allongea de nouveau. Le choc le sonna et il étouffa un juron | Un instant après son réveil, Traqueur crut qu’il était mort. Tout était sombre et froid et il ne pouvait pas bouger. De minuscules lumière clignotaient, remplissant son champ de vision. Puis une main invisible desserra sa prise et il put bouger ses bras. Il s'assis, se cogna la tête, se crispa et s'allongea de nouveau. Le choc le sonna et il étouffa un juron. Mais personne ne pouvait l'entendre. Il était allongé, seul et enfermé dans un lit. En se levant un peu, il pouvait voir, à travers un auvent transparent, des rangées constituées de centaines d'autres lits dans une grande et longue chambre, froide, bleue et sombre. Ce qu'il put voire confirma que ces lits étaient occupés par des ha’’manush'' et des cha’’manush'' encore endormis, Traqueur lui, était réveillé. | ||
Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau Forerunner. Les précurseurs les avaient embarqués depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver. | Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau Forerunner. Les précurseurs les avaient embarqués depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver. | ||
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"Il faut s'attendre à des courbatures", dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Traqueur grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners fassent à nouveau attention à lui. Il voulait partir. | "Il faut s'attendre à des courbatures", dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Traqueur grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners fassent à nouveau attention à lui. Il voulait partir. | ||
La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de | La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de Forerunners, elle semblait inquiète. Elle voulait peut-être être gentille. Il ne faisait confiance à rien de tout cela, pas tout de suite. Il ne savait que trop bien de quoi les Forerunners étaient capables. Ils avaient autrefois réduit les humains à la quasi-extinction. Quel sort cruel nous réservaient-ils cette fois ? "Tu es Traqueur," dit-elle. L'éclat se répandit autour de lui. Son corps était apaisé, mais pas son esprit. C'est le nom qu'utilisaient ses amis, mais il ne lui avait pas donné la permission de l’utiliser. "J'ai une triste nouvelle, Traqueur. Nous n'en avons sauvé que quelques-uns de votre espèce, chamanush." | ||
Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler K'chamanush. Ainsi, la femme Forerunner ne savait pas tout. Chakas aurait compris. N'importe quel humain sur Erde-Tyrene aurait su exprimer son respect pour ceux qui sont partis. Mais à quelle distance ? Trop loin pour l'atteindre ? S'il mourait sur ce vaisseau, retrouverait-il les morts ? Il haussa les épaules. | Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler K'chamanush. Ainsi, la femme Forerunner ne savait pas tout. Chakas aurait compris. N'importe quel humain sur Erde-Tyrene aurait su exprimer son respect pour ceux qui sont partis. Mais à quelle distance ? Trop loin pour l'atteindre ? S'il mourait sur ce vaisseau, retrouverait-il les morts ? Il haussa les épaules. | ||
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"J'ai déjà été dans ces endroits", dit-il en chantonnant. "Nous pouvons faire confiance aux Biotechniciens, ils servent la Dame." Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur avait dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants se tournaient vers lui pour obtenir des conseils. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé le jeune Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Traqueur se gonfla de fierté en y repensant. | "J'ai déjà été dans ces endroits", dit-il en chantonnant. "Nous pouvons faire confiance aux Biotechniciens, ils servent la Dame." Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur avait dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants se tournaient vers lui pour obtenir des conseils. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé le jeune Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Traqueur se gonfla de fierté en y repensant. | ||
Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Traqueur émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeurs des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements | Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Traqueur émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeurs des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements des portes étaient également étranges. Tissé d'une fibre cuivrée et brillante, discordante et fausse. Il était ravi. Typique. Les précurseurs avaient étudié les villages humains et les avaient ensuite copiés sans comprendre comment ils étaient utilisés ou de quoi ils étaient faits. Ils gouvernaient le ciel, mais ne savaient rien de ce qui se cachait en dessous. | ||
Les terres entourant le village étaient également fausses. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Les buissons fleuris poussaient à partir du sol. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était bizarre aussi. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil dont il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il avait rencontré Novelastre. Cette immense fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Traqueur vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement Forerunner, faux, immense au-delà de son entendement, impossible ! | Les terres entourant le village étaient également fausses. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Les buissons fleuris poussaient à partir du sol. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était bizarre aussi. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil dont il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il avait rencontré Novelastre. Cette immense fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Traqueur vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement Forerunner, faux, immense, au-delà de son entendement, impossible ! | ||
A côté du faux soleil, presque obscurci par cette brillance, il pouvait distinguer de sombres spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant trempant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erde-Tyrene. Certains l'avaient appelé le lait brillant trempé dans la rivière céleste, et disaient que c'était le rassemblement de toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Trial, elle le regarda. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement. | A côté du faux soleil, presque obscurci par cette brillance, il pouvait distinguer de sombres spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant trempant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erde-Tyrene. Certains l'avaient appelé le lait brillant trempé dans la rivière céleste, et disaient que c'était le rassemblement de toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Trial, elle le regarda. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement. | ||
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Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du bijou apparurent devant ses yeux et il vit pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes qui s'étendent jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ceux qu’il connaissait avait disparu ! Des corps recroquevillées n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haïssait tous, il haïssait la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. Un moment en vie et l'instant d'après…. Même pas mort, juste parti ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre dans l’autre monde sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider. Il ne pouvait pas imaginer autant de chansons à la fois ! Quand son heure sera venue, quand il sera mort, y aurait-il encore quelqu'un qui connaîtra ses vrais noms, qui pourra chanter sa chanson ? Les esprits qui le protégeaient et le comprenaient, et intervenaient entre eux et ceux qui marchaient mais qui n'avaient jamais vécu, et ceux qui étaient morts cruellement. Est-ce qu’il reverra ces personnes dans l’au-delà ? Ou est-ce que leurs esprits étaient détruits comme leurs corps ? Les esprits peuvent-ils mourir ? Étaient-ils en train de s'estomper et de se décomposer, même maintenant, dans cette grande spirale de soleils et de terre ? Un mauvais rêve, tout est à l'envers, tout est rempli de pensées sombres. Dissous, brisés, esprits perdus, gémissant dans les ténèbres, s'étirant dans l'agonie ! Et Traqueur ne pouvait pas descendre dans les grottes et apprendre quoi faire grâce à ce qui avait été peint à cet endroit ! Il se tortillait, salivant sur ses lèvres comme s'il était fou. Les autres étaient tombés et pleuraient aussi. Trial n’essaya pas de les réconforter. | Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du bijou apparurent devant ses yeux et il vit pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes qui s'étendent jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ceux qu’il connaissait avait disparu ! Des corps recroquevillées n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haïssait tous, il haïssait la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. Un moment en vie et l'instant d'après…. Même pas mort, juste parti ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre dans l’autre monde sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider. Il ne pouvait pas imaginer autant de chansons à la fois ! Quand son heure sera venue, quand il sera mort, y aurait-il encore quelqu'un qui connaîtra ses vrais noms, qui pourra chanter sa chanson ? Les esprits qui le protégeaient et le comprenaient, et intervenaient entre eux et ceux qui marchaient mais qui n'avaient jamais vécu, et ceux qui étaient morts cruellement. Est-ce qu’il reverra ces personnes dans l’au-delà ? Ou est-ce que leurs esprits étaient détruits comme leurs corps ? Les esprits peuvent-ils mourir ? Étaient-ils en train de s'estomper et de se décomposer, même maintenant, dans cette grande spirale de soleils et de terre ? Un mauvais rêve, tout est à l'envers, tout est rempli de pensées sombres. Dissous, brisés, esprits perdus, gémissant dans les ténèbres, s'étirant dans l'agonie ! Et Traqueur ne pouvait pas descendre dans les grottes et apprendre quoi faire grâce à ce qui avait été peint à cet endroit ! Il se tortillait, salivant sur ses lèvres comme s'il était fou. Les autres étaient tombés et pleuraient aussi. Trial n’essaya pas de les réconforter. | ||
Ils étaient en train de se rappeler de tout, et cela prendra du temps, et ce sera douloureux. Traqueur l'avait déjà compris. Sans les gens dans cet endroit, ces lieux de terres et d’eau, les animaux qui y vivaient encore pourraient s'y installer. Des rats et des souris, des oiseaux. Les vignes pousseraient et grimperaient sur les murs, mais les animaux ne | Ils étaient en train de se rappeler de tout, et cela prendra du temps, et ce sera douloureux. Traqueur l'avait déjà compris. Sans les gens dans cet endroit, ces lieux de terres et d’eau, les animaux qui y vivaient encore pourraient s'y installer. Des rats et des souris, des oiseaux. Les vignes pousseraient et grimperaient sur les murs, mais les animaux ne connaîtraient ni leur nom ni leur place et se comporteraient mal, et les vignes seraient seulement de mauvaises herbes en désordre. Cela ne pouvait pas être l'œuvre de la Dame, mais cela s'était quand même produit ! Et cela signifiait que la Dame n'avait aucun pouvoir réel. Elle était venue les voir à leur naissance, mais sa promesse n’était en fait qu’un mensonge. | ||
Trial se tenait debout, immobile, regardant, les laissant sentir et absorber. Finalement, Traqueur se leva et étendit les bras, puis haussa les épaules. | Trial se tenait debout, immobile, regardant, les laissant sentir et absorber. Finalement, Traqueur se leva et étendit les bras, puis haussa les épaules. | ||
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Les huttes étaient chauffées et abritées des intempéries, même si le temps était doux. Il y avait des vrais lits à l'intérieur, et des tables où tous pouvaient s'asseoir. La nourriture n'était pas servie dans les huttes, mais les fontaines d’eau à l’intérieur avaient mauvais goûts. L'eau de la rivière peu profonde était potable, ce qui n'était pas toujours le cas à Erde-Tyrene, surtout lorsque les troupeaux d’herbivores tentaient de passer à gué tous à la fois. Et les crocodiles se régalaient d'eux, puis il y avait du sang et de la saleté. Mais cette rivière, n’avait pas de troupeaux, ni de crocodiles. C'est étrange ce que ça peut manquer. | Les huttes étaient chauffées et abritées des intempéries, même si le temps était doux. Il y avait des vrais lits à l'intérieur, et des tables où tous pouvaient s'asseoir. La nourriture n'était pas servie dans les huttes, mais les fontaines d’eau à l’intérieur avaient mauvais goûts. L'eau de la rivière peu profonde était potable, ce qui n'était pas toujours le cas à Erde-Tyrene, surtout lorsque les troupeaux d’herbivores tentaient de passer à gué tous à la fois. Et les crocodiles se régalaient d'eux, puis il y avait du sang et de la saleté. Mais cette rivière, n’avait pas de troupeaux, ni de crocodiles. C'est étrange ce que ça peut manquer. | ||
Les bâtiments plus grands entre les groupes de huttes d'acier étaient remplis de tables plus basses où la nourriture apparaissait quand personne ne regardait. Assez de nourriture pour tout le monde. "Personne n'aura plus jamais faim", dit Trial. Elle espérait sans doute que ça compenserait pour les autres choses. Les précurseurs avaient toujours imaginé que Traqueur et les autres humains étaient un peu | Les bâtiments plus grands entre les groupes de huttes d'acier étaient remplis de tables plus basses où la nourriture apparaissait quand personne ne regardait. Assez de nourriture pour tout le monde. "Personne n'aura plus jamais faim", dit Trial. Elle espérait sans doute que ça compenserait pour les autres choses. Les précurseurs avaient toujours imaginé que Traqueur et les autres humains étaient seulement un peu mieux que les animaux. Assez heureux si leur ventre était plein. Tous sauf la Dame qui avait compris, et qui était maintenant…. Il lui chantera une chanson quand il aura le temps. Traqueur renifla la nourriture, mais encore une fois, ce n'était pas particulièrement intéressant. Rien de ce qu'il aimait manger à la maison. C'était marron, collant, grumeleux. Pas d'insectes, de vers ou de petits oiseaux pour agrémenter les choses. Le ventre plein peut-être, mais sans bonheur. Son peuple n'était pas des animaux. | ||
Après que Trial les ait initiés aux bâtiments alimentaires, les Biotechniciens rassemblèrent les humains, petits et grands, et leur expliquèrent que leurs nouveaux généplans les aideraient à comprendre quelles plantes étaient bonnes à manger et lesquelles pourraient les aider s'ils tombaient malades. Traqueur renifla encore. C'était sa spécialité, enseigner aux autres les utilisations cachées des plantes et des herbes. Ces précurseurs ne pensaient pas à l'apprentissage, seulement à la connaissance. Un grand humain se renseigna sur la chasse. Il n'y avait pas d'animaux dans cette partie de l'Arche, répondirent les Biotechniciens. Chant de Verdure, vint alors au milieu d'eux, écoutant et regardant. Il essaya d'attirer son attention. Elle ne le remarqua. Pas du tout comme la Dame. Elle l’avait favorisé. "Combien de temps resterons-nous ici ?" demanda un autre humain, une grande femme au visage rond et à la peau d'olive, que Traqueur n'avait jamais rencontrée auparavant. "Jusqu'à ce que les choses soient préparées sur Erde-Tyrene," répondit Chant de Verdure. "Et jusqu'à ce que nous soyons certains que le danger soit écarté." Elle regarda autour d'elle, ses yeux rencontrèrent ceux de Traqueur, et elle sourit ! Ou essaya de le faire. Elle sait qui je suis ! pensa Traqueur. Et cette pensée le ravi. | Après que Trial les ait initiés aux bâtiments alimentaires, les Biotechniciens rassemblèrent les humains, petits et grands, et leur expliquèrent que leurs nouveaux généplans les aideraient à comprendre quelles plantes étaient bonnes à manger et lesquelles pourraient les aider s'ils tombaient malades. Traqueur renifla encore. C'était sa spécialité, enseigner aux autres les utilisations cachées des plantes et des herbes. Ces précurseurs ne pensaient pas à l'apprentissage, seulement à la connaissance. Un grand humain se renseigna sur la chasse. Il n'y avait pas d'animaux dans cette partie de l'Arche, répondirent les Biotechniciens. Chant de Verdure, vint alors au milieu d'eux, écoutant et regardant. Il essaya d'attirer son attention. Elle ne le remarqua. Pas du tout comme la Dame. Elle l’avait favorisé. "Combien de temps resterons-nous ici ?" demanda un autre humain, une grande femme au visage rond et à la peau d'olive, que Traqueur n'avait jamais rencontrée auparavant. "Jusqu'à ce que les choses soient préparées sur Erde-Tyrene," répondit Chant de Verdure. "Et jusqu'à ce que nous soyons certains que le danger soit écarté." Elle regarda autour d'elle, ses yeux rencontrèrent ceux de Traqueur, et elle sourit ! Ou essaya de le faire. Elle sait qui je suis ! pensa Traqueur. Et cette pensée le ravi. |
Version du 15 juillet 2019 à 10:17
Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear.
Un instant après son réveil, Traqueur crut qu’il était mort. Tout était sombre et froid et il ne pouvait pas bouger. De minuscules lumière clignotaient, remplissant son champ de vision. Puis une main invisible desserra sa prise et il put bouger ses bras. Il s'assis, se cogna la tête, se crispa et s'allongea de nouveau. Le choc le sonna et il étouffa un juron. Mais personne ne pouvait l'entendre. Il était allongé, seul et enfermé dans un lit. En se levant un peu, il pouvait voir, à travers un auvent transparent, des rangées constituées de centaines d'autres lits dans une grande et longue chambre, froide, bleue et sombre. Ce qu'il put voire confirma que ces lits étaient occupés par des ha’’manush et des cha’’manush encore endormis, Traqueur lui, était réveillé.
Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau Forerunner. Les précurseurs les avaient embarqués depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver.
"Comment vous sentez-vous ?" demanda une voix. Il sursauta, puis regarda à sa gauche et vit une femelle Forerunner. Elle ressemblait un peu à la Biocréatrice qui est venu dans ses rêves, mais ce n’était pas elle. Personne d'autre ne pouvait être la Dame.
L’auvent du lit s’ouvrit, Traqueur en sortit lentement, avec une grande dignité. C'était sérieux. Il devait faire preuve de force et de calme. Il devait faire attention. Comme toutes les Forerunners, cette femelle était beaucoup plus grande que les Floriens, plus grande dans tous les aspects que n'importe quel humain. Son armure était décorée de glands argentés qui brillaient à ses moindres gestes. Scintillante comme la pluie sur un feu de camp, elle lui tendit la main. Il se retira, mais elle était rapide, de sa main jaillit un joyau liquide brillant et pulsant. Elle manipula ce rayonnement avec le sixième doigt de son autre main.
Traqueur regarda autour de lui, les paupières tremblantes, mais ne vit aucun moyen de s'échapper. Constatant ce fait, il décida qu'il était peut-être temps d'apprendre pourquoi il était vivant, pourquoi tous ces humains étaient vivants, qui était ici, et qui ne l'était pas. Il y avait eu le jardin, les retrouvailles, la séparation, la douleur, tout dans la douleur ! Mais assez de ça. Il s'étira les articulations et se frotta les bras. Sa fourrure était propre, trop propre. Ils lui avaient fait quelque chose ! La Forerunner le surveillait de près. Il n'aimait pas l'examen minutieux de ces grands animaux. « Courbature » se plaignit-il sur un ton mesuré. Les menaces et les fanfaronnades étaient inutiles ici, il le savait très bien.
"Il faut s'attendre à des courbatures", dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Traqueur grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners fassent à nouveau attention à lui. Il voulait partir.
La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de Forerunners, elle semblait inquiète. Elle voulait peut-être être gentille. Il ne faisait confiance à rien de tout cela, pas tout de suite. Il ne savait que trop bien de quoi les Forerunners étaient capables. Ils avaient autrefois réduit les humains à la quasi-extinction. Quel sort cruel nous réservaient-ils cette fois ? "Tu es Traqueur," dit-elle. L'éclat se répandit autour de lui. Son corps était apaisé, mais pas son esprit. C'est le nom qu'utilisaient ses amis, mais il ne lui avait pas donné la permission de l’utiliser. "J'ai une triste nouvelle, Traqueur. Nous n'en avons sauvé que quelques-uns de votre espèce, chamanush."
Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler K'chamanush. Ainsi, la femme Forerunner ne savait pas tout. Chakas aurait compris. N'importe quel humain sur Erde-Tyrene aurait su exprimer son respect pour ceux qui sont partis. Mais à quelle distance ? Trop loin pour l'atteindre ? S'il mourait sur ce vaisseau, retrouverait-il les morts ? Il haussa les épaules.
"Nous n'avons jamais été nombreux, dit-il en regardant autour de lui en levant les yeux au ciel, "Combien somme nous maintenant ? Dans la direction de la femelle, les lumières de la chambre brillaient plus fort. Il vit que d'autres Forerunners examinaient les dormeurs, pour la plupart de plus gros humains. Il essaya de compter, mais eux aussi n'étaient pas nombreux. Et ces Précurseurs étaient tous des Biotechniciens, il n'y avait aucun combattant, aucun comme le Didacte. Si peu de gens.
"Combien reste-t-il de votre peuple ?" demanda Traqueur d'une voix basse, ne sachant pas ce qu'il voulait entendre. Elle ne lui dit rien. Peut-être qu’elle ne voulait pas entendre la vérité. Peut-être qu'elle ne le savait pas.
"Je m'appelle Grandie par les épreuves du changement", dit-elle. "Celui qu'on appelle Traqueur peut m'appeler Trial." Au moins, elle essayait de suivre les formules de politesse. Il pinça ses lèvres. "Trial," dit-il prononçant ce nom assez bien. Il leva la main droite et tendit les doigts pour qu'elle le touche. Elle sourit. Qu'elle puisse sourire le frappa étrangement. Il n'avait jamais vu la Dame sourire, pas dans ses rêves. Le Didacte n'avait jamais souri non plus. Novelastre, cependant, avait été capable de faire une sorte de rictus avec ses lèvres. Celle-ci, Trial, était peut-être jeune, comme Novelastre. Elle ne sait peut-être pas grand-chose, mais elle était apparemment responsable.
Après quelques hésitations, elle tendit prudemment les doigts pour toucher les siens. Avec une grimace et un claquement de dents, il saisit son poignet et lui griffa rapidement le dos de la main avec son ongle épais. La Biotechnicienne ne broncha pas. Pas au début. L'égratignure s'était vite refermée, mais Traqueur avait senti son sang pendant un moment. Sa peau était fraîche, même froide. Mais elle était faite de chair, ce n’était ni une machine, ni un esprit.
"Il y a des mots et des idées que tu dois connaître’’, dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. Oh oh…, pensa-t-il.
"Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres.’’ Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans la moindre égratignure. Maintenant comme dans tous les autres moments difficiles, il devait être intelligent et penser pour tout son peuple.
La lumière du bijou s'éleva autour de sa tête, pénétra dans ses yeux et ses oreilles, se répandit à travers son cou dans sa poitrine et son corps. Il leva les bras et vit ses veines briller. Elles étaient si nombreuses, si vivantes, si belles ! Et Traqueur n'avait pas peur. La lueur s’estompa et sa peau redevint opaque. Il s’étira. Il était différent, mais seulement un peu. Il ne se rappelais plus de la douleur. Cela l'inquiétait. Qu'est-ce qu'il oublierait d'autre ? "Où sommes-nous ?" demanda-t-il. Trial ferma tristement le lit vide comme si elle savait que c'était la dernière fois qu'il serait utilisé.
"Nous sommes dans un établissement médical bien au-dessus de la deuxième Arche, loin de la galaxie, dit-elle, un endroit sûr. Les humains resteront ici pendant qu'on se prépare. Puis, vous retournerez à Erde-Tyrene."
"Et où iront les Forerunners ?"
Sa tristesse s'aggrava. "Nous allons bientôt réveiller le reste des chamanush et les préparer. S'il te plaît, viens avec moi."
Traqueur suivi Trial alors que les Biotechniciens soulevaient les auvents des lits et réveillaient chaque dormeur avec l'éclat de lumière. Ils ouvrirent les yeux, leurs veines brillèrent, ils devinrent un peu différents aussi. Il y avait une trentaine de k'chamanush tout compte fait, pas un grand groupe, mais cela lui convenait. Comme toujours, peu nombreux et petits, et fiers de cela.
"Ils sont prêts maintenant," dit Trial, "Ils ont besoin que tu sois fort." Évidemment. Traqueur pris la position d'un leader, il salua les nouveaux réveillés avec un chant de perte et de rétablissement. Cette chanson était puissante, sans aucune descente. Rien que cela leur disait ce qu'ils avaient besoin de savoir : ils étaient toujours en difficulté, toujours pas libres. Leurs vies n'étaient toujours pas entre leurs mains.
Il en avait déjà rencontré certains qu'il avait connus sur Erde-Tyrene. D'autres qu'il avait rencontrés pendant son séjour chez les Forerunners, mais aussi certains qu'il ne connaissait pas du tout. Ils semblaient tous étonnés d'être en présence des Biotechniciens qui ressemblaient énormément à la Dame qui était venue à eux avant leur naissance. Mais elle n'était pas là.
Avec les nouveaux généplans et la nouvelle connaissance se répandant dans son corps, Traqueur essaya de mettre de l'ordre dans ses souvenirs les plus récents et de voir plus clairement ce qu'ils impliquent.
Ce n'est pas bon.
Un changement énorme.
Lorsque le grand vaisseau est arrivé à l'Arche, les Biotechniciens ont rassemblé tous les humains et les ont guidés à travers l'immense cale caverneuse jusqu'à un groupe de plus petits vaisseaux ronds et argentés comme des gros poissons. À l'intérieur du vaisseau de Traqueur, il faisait noir, il y avait énormément de monde qui faisaient des bruits étranges. Les k'chamanush se tenaient nerveusement l'un l'autre, se serraient les mains et se lamentaient. Traqueur essayait de les calmer en sifflotant une chanson.
"J'ai déjà été dans ces endroits", dit-il en chantonnant. "Nous pouvons faire confiance aux Biotechniciens, ils servent la Dame." Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur avait dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants se tournaient vers lui pour obtenir des conseils. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé le jeune Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Traqueur se gonfla de fierté en y repensant.
Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Traqueur émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeurs des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements des portes étaient également étranges. Tissé d'une fibre cuivrée et brillante, discordante et fausse. Il était ravi. Typique. Les précurseurs avaient étudié les villages humains et les avaient ensuite copiés sans comprendre comment ils étaient utilisés ou de quoi ils étaient faits. Ils gouvernaient le ciel, mais ne savaient rien de ce qui se cachait en dessous. Les terres entourant le village étaient également fausses. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Les buissons fleuris poussaient à partir du sol. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était bizarre aussi. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil dont il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il avait rencontré Novelastre. Cette immense fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Traqueur vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement Forerunner, faux, immense, au-delà de son entendement, impossible !
A côté du faux soleil, presque obscurci par cette brillance, il pouvait distinguer de sombres spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant trempant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erde-Tyrene. Certains l'avaient appelé le lait brillant trempé dans la rivière céleste, et disaient que c'était le rassemblement de toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Trial, elle le regarda. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement.
"C'est la galaxie", répondit Trial. Sa confusion était douloureuse.
"Vous m’avez donné des mots mais je ne les sens toujours pas !" Dit Traqueur. Autour de lui, les autres, son peuple et les plus grands humains perdus dans l'immensité, commencèrent à gémir. Trial regarda autour d'elle avec un visage sévère, et tapota ses mains ensemble. Les gémissements cessèrent. Impressionnant, pensa Traqueur. Elle n'est pas si jeune.
"Ici, il y a tous les soleils et tous les mondes que nous connaissons, y compris celui que vous connaissiez, dit-elle. "Où nous sommes, l'Arche, est bien loin de ces soleils. Il n'y a aucune raison de crier, vous êtes en sécurité ici. Nous sommes tous en sécurité ici, protégés de tout ce qui s'est passé." Traqueur décida d’essayer. Il regarda l'axe des galaxies, essayant de mieux comprendre. Les autres le regardaient, certains craintifs, gémissant pendant qu'il essayait de tout assimiler. C'est génial ! Tellement sombre, et beau ! D'ici, c'est comme si c'était un rêve, un grand endroit, dans lequel il n'était qu'une toute petite partie.
C'était peut-être le rêve de la Dame.
Il pourrait vivre avec ça.
Il pourrait vivre dans le rêve de la Dame.
Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du bijou apparurent devant ses yeux et il vit pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes qui s'étendent jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ceux qu’il connaissait avait disparu ! Des corps recroquevillées n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haïssait tous, il haïssait la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. Un moment en vie et l'instant d'après…. Même pas mort, juste parti ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre dans l’autre monde sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider. Il ne pouvait pas imaginer autant de chansons à la fois ! Quand son heure sera venue, quand il sera mort, y aurait-il encore quelqu'un qui connaîtra ses vrais noms, qui pourra chanter sa chanson ? Les esprits qui le protégeaient et le comprenaient, et intervenaient entre eux et ceux qui marchaient mais qui n'avaient jamais vécu, et ceux qui étaient morts cruellement. Est-ce qu’il reverra ces personnes dans l’au-delà ? Ou est-ce que leurs esprits étaient détruits comme leurs corps ? Les esprits peuvent-ils mourir ? Étaient-ils en train de s'estomper et de se décomposer, même maintenant, dans cette grande spirale de soleils et de terre ? Un mauvais rêve, tout est à l'envers, tout est rempli de pensées sombres. Dissous, brisés, esprits perdus, gémissant dans les ténèbres, s'étirant dans l'agonie ! Et Traqueur ne pouvait pas descendre dans les grottes et apprendre quoi faire grâce à ce qui avait été peint à cet endroit ! Il se tortillait, salivant sur ses lèvres comme s'il était fou. Les autres étaient tombés et pleuraient aussi. Trial n’essaya pas de les réconforter.
Ils étaient en train de se rappeler de tout, et cela prendra du temps, et ce sera douloureux. Traqueur l'avait déjà compris. Sans les gens dans cet endroit, ces lieux de terres et d’eau, les animaux qui y vivaient encore pourraient s'y installer. Des rats et des souris, des oiseaux. Les vignes pousseraient et grimperaient sur les murs, mais les animaux ne connaîtraient ni leur nom ni leur place et se comporteraient mal, et les vignes seraient seulement de mauvaises herbes en désordre. Cela ne pouvait pas être l'œuvre de la Dame, mais cela s'était quand même produit ! Et cela signifiait que la Dame n'avait aucun pouvoir réel. Elle était venue les voir à leur naissance, mais sa promesse n’était en fait qu’un mensonge.
Trial se tenait debout, immobile, regardant, les laissant sentir et absorber. Finalement, Traqueur se leva et étendit les bras, puis haussa les épaules.
"Ça a changé", lui dit-il.
"Oui," dit-elle.
"Et ton peuple ?", dit-il d’une voix rauque.
Les généplans lui ont permis de voir ça aussi.
Au-dessus des endroits où il y avait de la terre et de l'eau, les grands vaisseaux Forerunners flottaient à jamais dans le ciel, vides, leurs équipages partis. Ils ont aussi tué les Forerunners ! Impossible d'en imaginer la taille et la portée. Trop vaste pour être compris... Assez ! Traqueur se concentra sur les autres vaisseaux, les autres humains émergeant dans ce monde faux et étrange. Ils sortaient des vaisseaux en compagnie d'autres Biotechniciens, regardant le village, faisant face à leurs propres généplan en poussant leurs propres gémissements de consternation. Pas à la maison.
Traqueur s'essuya les lèvres. "Nous sommes fatigués," dit-il. "Nous avons besoin de manger et de dormir." Trial le regarda avec tristesse et peut-être aussi avec admiration. Il était intelligent, ce Florien, ce petit homme. Pas étonnant que la Bibliothécaire l'ait favorisé. Il s'est adapté. Vite.
Ils eurent droit à un peu de repos et de temps pour s'adapter avant d'entrer dans le nouveau village. La nourriture fût apportée par des machines. Ce n'était pas très bon, mais c’était suffisant pour remplir leurs ventres. D'où il était accroupit au sommet de la colline, Traqueur put voir d'autres villages dispersés dans le paysage, et d'autres vaisseaux arriver pour débarquer leurs cargaisons d’humains. Il se tournait d'horizon en horizon. . Les côtés de ce grand endroit tombaient dans l'obscurité ou s’allongeait dans le ciel comme un Halo. Cette pensée lui rappela le dernier Halo sur lequel il se trouvait auparavant et il s'inquiéta de nouveau de ce qui avait effrayé les Forerunners, pourquoi ce halo avait été fait.
Il s'essuya les mains et se leva à côté de Trial qui attendait patiemment. "Le Flood est parti maintenant, n'est-ce pas ?", demanda-il. "Oui," dit-elle. Elle commença à dire quelque chose, mais elle ne termina pas. Il y avait quelque chose qu’elle ne voulait pas me dire.
Les Biotechniciens guidèrent ensuite les humains en groupes à travers le village comme des enfants. Traqueur vu assez vite que les Biotechniciens étaient sous la responsabilité d'une grande femme. Elle s'appelait Chant de Verdure.
"C'est la nouvelle Biocréatrice,’’ expliqua Trial.
"Mais elle n'est pas la Dame," dit Traqueur.
"Non, la Dame l'a nommée. Chant de Verdure fait son travail maintenant."
Les huttes étaient chauffées et abritées des intempéries, même si le temps était doux. Il y avait des vrais lits à l'intérieur, et des tables où tous pouvaient s'asseoir. La nourriture n'était pas servie dans les huttes, mais les fontaines d’eau à l’intérieur avaient mauvais goûts. L'eau de la rivière peu profonde était potable, ce qui n'était pas toujours le cas à Erde-Tyrene, surtout lorsque les troupeaux d’herbivores tentaient de passer à gué tous à la fois. Et les crocodiles se régalaient d'eux, puis il y avait du sang et de la saleté. Mais cette rivière, n’avait pas de troupeaux, ni de crocodiles. C'est étrange ce que ça peut manquer.
Les bâtiments plus grands entre les groupes de huttes d'acier étaient remplis de tables plus basses où la nourriture apparaissait quand personne ne regardait. Assez de nourriture pour tout le monde. "Personne n'aura plus jamais faim", dit Trial. Elle espérait sans doute que ça compenserait pour les autres choses. Les précurseurs avaient toujours imaginé que Traqueur et les autres humains étaient seulement un peu mieux que les animaux. Assez heureux si leur ventre était plein. Tous sauf la Dame qui avait compris, et qui était maintenant…. Il lui chantera une chanson quand il aura le temps. Traqueur renifla la nourriture, mais encore une fois, ce n'était pas particulièrement intéressant. Rien de ce qu'il aimait manger à la maison. C'était marron, collant, grumeleux. Pas d'insectes, de vers ou de petits oiseaux pour agrémenter les choses. Le ventre plein peut-être, mais sans bonheur. Son peuple n'était pas des animaux.
Après que Trial les ait initiés aux bâtiments alimentaires, les Biotechniciens rassemblèrent les humains, petits et grands, et leur expliquèrent que leurs nouveaux généplans les aideraient à comprendre quelles plantes étaient bonnes à manger et lesquelles pourraient les aider s'ils tombaient malades. Traqueur renifla encore. C'était sa spécialité, enseigner aux autres les utilisations cachées des plantes et des herbes. Ces précurseurs ne pensaient pas à l'apprentissage, seulement à la connaissance. Un grand humain se renseigna sur la chasse. Il n'y avait pas d'animaux dans cette partie de l'Arche, répondirent les Biotechniciens. Chant de Verdure, vint alors au milieu d'eux, écoutant et regardant. Il essaya d'attirer son attention. Elle ne le remarqua. Pas du tout comme la Dame. Elle l’avait favorisé. "Combien de temps resterons-nous ici ?" demanda un autre humain, une grande femme au visage rond et à la peau d'olive, que Traqueur n'avait jamais rencontrée auparavant. "Jusqu'à ce que les choses soient préparées sur Erde-Tyrene," répondit Chant de Verdure. "Et jusqu'à ce que nous soyons certains que le danger soit écarté." Elle regarda autour d'elle, ses yeux rencontrèrent ceux de Traqueur, et elle sourit ! Ou essaya de le faire. Elle sait qui je suis ! pensa Traqueur. Et cette pensée le ravi.
Malgré les explications des mots du joyaux que les généplans leur ont donnés, les humains semblaient toujours perdus et effrayés. Ils avaient été enlevés de leurs maisons, arrachés à tout ce qu'ils savaient et emmenés dans ce lieu physique, mais irréel. Et si peu ! Bien que Traqueur ne pût compter le nombre de personnes sans utiliser ses doigts et ses orteils, et sans compter les multiples avec des entailles sur ses dents, il pouvait juger de l'immensité du lieu. Même avec tous les autres villages ici sur l'Arche, il n'y avait pas moyen que ce soit toute la population de Erde-Tyrene. Cet endroit avait été beaucoup trop grand, avec beaucoup de monde. Bien plus qu'il ne l'avait jamais rencontré. Maintenant, ils avaient été réduits à cela. Les Forerunners avaient-ils calculé combien en prendre, combien en laisser derrière eux pour être détruits ? Combien avaient été tués par le Flood ou la maladie ?
Trial et Chant expliquèrent que les Forerunners vivraient loin du village, dans une haute tour dépassant d'une fausse montagne. Un trône d'où l'on peut surveiller ses animaux de compagnie, pensa Traqueur, les précurseurs étaient arrogants, même dans leurs derniers jours. Mais sa position à l'égard de la nouvelle Biocréatrice s'était assouplie. Il se demandait à quel point elle ressemblerait à la Dame qu'elle deviendrait, avec le temps.
Plus tard, la vie s'était transformée en routine. Les gens avaient emménagé dans leurs maisons et s'étaient habitués aux sortes de grumeaux bruns qu'on leur donnait à manger. Ils marchaient de village en village dans l'espoir de trouver des amis et de la famille disparus. Habituellement, ces espoirs étaient anéantis, mais Vinnevra était dans le village voisin et quand Traqueur la trouva, ils s’embrassèrent, puis reculèrent, gênés par le spectacle. Vinnevra demanda ensuite pour Chakas. Traqueur n'eut pas le courage de lui dire ce qu'il avait vu. Il y avait d'autres races ici aussi. Certains grands et forts, d'autres petits et larges. Il y avait même le San'Shyuum qu'il avait rencontré avec Chakas et Novelastre il y a si longtemps.
Beaucoup d’autres étranger dont Traqueur ne connaissait pas les noms. Tout un éventail de races et de peuples se mélangeant. Ce n'était pas si différent de l'au-delà après tout.
Beaucoup de larmes étaient versées dans les huttes la nuit. Certaines à cause de la tristesse, d'autres encore à cause de la peur. Traqueur réconforta l'autre k'chamanush et leur dit que la nouvelle Dame veillerait sur eux comme l'ancienne, même s'il ne le croyait pas encore. Ils avaient besoin de réconfort. Les Forerunners restaient la plupart du temps dans leur tour. Ils dirent qu'ils avaient besoin de temps pour planifier le retour. L'ombre nocturne du soleil tournant ne tombait jamais tout à fait à travers sa crête et il se montrait toujours avec une lueur argentée brillante contre l'espace noir au-dessus.
Lorsque de nouveaux Biotechniciens sont venus dans les villages pour être présentés aux humains survivants et pour vérifier leur santé, les nouveaux arrivants semblaient aussi perdus et stupéfaits que tous les autres. Peut-être n’avaient-ils pas encore reçu leurs nouveaux généplans. Le troisième jour, un visiteur vînt à la cabane de . D'abord, une odeur vaguement familière lui vînt à travers la pendaison cuivrée. Des mains fortes séparèrent le rideau et un grand et encombrant Forerunner mâle s'avança en portant l'armure d'un Serviteur-Guerrier. La fourrure de Traqueur se hérissa. C'était le Didacte ? Non. Visuellement similaire, mais l'odeur était très différente. Celui-ci était-
"Novelastre", dit Traqueur en levant lentement sa main pour saluer. Puis, encore plus lentement, en étirant ses doigts. "Tu as changé." Le Forerunner caressa avec acharnement les doigts de Traqueur. "Mais tu es à peu près le même, Traqueur dit-il en se penchant légèrement pour passer sous le toit de la hutte. Il s’agenouilla par terre.
"C'est bon de vous voir en vie," dit Traqueur, luttant pour que son ton corresponde aux mots, "Trop de morts." Cette nouvelle forme, plus grande et plus semblable au Didacte que ce qu'ils avaient vu sur l'autre Arche le rendait nerveux.
"Beaucoup trop", dit Novelastre en lui.
"Vous avez viré les Halos," dit Traqueur en gardant son visage impassible pour masquer la colère qu'il ressentait.
"Il n'y avait pas le choix, pas au dernier moment. Il fallait le faire."
Cela explique certains composants de l’odeur désagréable du Forerunner. La culpabilité.
"Tu as changé, Novelastre. Là où j'ai vu la curiosité, je vois maintenant la guerre. Les Forerunners jouaient avec des vies comme de simples jetons. Tu as choisi de mettre fin au jeu."
Novelastre ferma les yeux et tendit les mains ensemble : "Tu as changé aussi. Ton discours..."
"Les généplans. Je ne suis plus Traqueur maintenant. Moi aussi, j'ai besoin d'un nouveau nom."
"Oh, tu es toujours Traqueur. Toujours rapide à juger, et à juger juste. Oui, j'ai mis fin à la partie, dit-il. "Ce qu'il nous reste, nous le devons à ma femme. Si tous les Forerunners avaient possédé sa sagesse, les choses n'en seraient jamais arrivées là."
"La Dame ?" Traqueur grimaça au concept, se rappelant sa rencontre avec Novelastre et la Dame, après les terribles événements sur le premier Halo. Difficile d'imaginer qu'il puisse se marier, mais c'est ainsi qu'il en est arrivé à la tristesse.
"Est-elle toujours en vie ?"
Novelastre baissa la tête. "Je ne crois pas."
"Apporte le chagrin", dit Traqueur. La Dame pouvait encore vivre dans les rêves et dans le passé, ses rêves avaient souvent été plus réels et plus beaux que la vie. "Nous avons tous perdu tant de choses," dit Novelastre.
Ils prirent un moment pour se souvenir des disparus.
"Si tu étais devenu le Didacte, dit Riser, alors peut-être ton jugement aurait-il été obscurci par le sien. Sa haine pour notre peuple, son esprit vous a guidé, pas le tiens."
"Non," dit Novelastre, "En fin de compte, le choix m'appartenait, et je le referais, mon vieil ami." Il referma les yeux, recueillant ses pensées. Traqueur était ravi.
"Alors que ton esprit soit ainsi. Regarde autour de toi... Content ?!"
"Je suis désolé, Traqueur. Je l'aurais fait autrement si ça avait été possible." Il se leva et écarta les tentures, puis s'arrêta et regarda en arrière dans la direction de Traqueur.
"Je vais bientôt diriger une cérémonie. Une condamnation. J'espère qu'elle apportera un peu de justice, un peu de finalité. Je serais honoré si vous vous joigniez à moi."
Traqueur hocha la tête.
"Punition ?"
"D'une certaine façon."
"Justice Forerunners", grogna-t-il, "Nous verrons ce que cela signifie."