Hunt the Truth/04 VF
Thomas Wu : Je ne devrais pas être en train de vous parler.
Benjamin : Attendez, Thomas, attendez–
Thomas: Non. Laissez-nous tranquilles. [Raccroche]
Benjamin : Oh… Non… Nononononononon, pas possible, pas possible! Je viens pas de…
<<< Si vous cherchez un peu de discrétion en ligne, chatternet est un bon choix. Pas parfait, mais définitivement plus compliqué à écouter pour le gouvernement. Waypoint, par contre, est complètement ouvert. On dit que l'ONI dispose de logiciels sur le réseau capable d'écouter n'importe quelle conversation à l'échelle galactique. Et dès que vous dites certaines choses, la conversation est repérée. >>>
Benjamin : Putain, mais qu'est-ce que j'ai foutu ?!
<<< Ce que je viens de faire : continuer sans autorisations une interview avec un survivant des camps de guerre, l'accuser d'avoir menti, réussi à lui faire avouer son mensonge, et soulevé la possibilité que mon employeur, la plus puissante agence militaire de l'histoire, est coupable de corruption ou de coercition. Et le tout sur Waypoint. Je me sentais sur le point de vomir. >>>
Benjamin : Attends, attends, attends, attends, attends, attends…
<<< Je me faisais peut-être des idées. J'ai repassé la conversation. [La première phrase de Wu est repassée en fond] Si ils repéraient les conversations, pourquoi auraient-ils repéré celle-là ? La phrase semblait suspecte, mais pas sans contexte. Ça dépendait du ton de la voix. Je restais assis, étourdit par l'émotion, réfléchissant à la complexité possible de l'algorithme. J'essayais de me faire plus malin qu'une légion de machines. Mais bon sang, Ben, c'était trop tard ! Ces mots avaient été prononcés. Ces données analysées. J'avais été repéré ou ignoré. Je n'avais aucune idée de ce qui allais se passer. Je suis Benjamin Giraud, et bienvenue dans la Traque de la Vérité. >>>
Mshak : Benjamin !
<<< Je n'avais jamais été aussi heureux d'entendre Mshak Miradi. Je lui ait fait vérifier la confidentialité de notre conversation trois fois. >>>
Benjamin : Tu es sûr ?
Mshak : Calmos, on est au niveau de sécurité « chapeau en alu », ha ha ha ! Sérieusement, on est complètement sûrs.
<<< Mshak avait sûrement compris que j'étais désespéré pour que je le contacte après un mois de théories ignorées. >>>
Benjamin : Qu'est-ce que se passe, là-bas ?
Mshak : Content que tu ai demandé : des schémas se dessinent, il y a plein de bavardages dans les bars militaires, des soldats bourrés et mécontents, qui se plaignent tout haut. Le hellnet est noir de monde.
<<< Voilà que Mshak parle. J'ai pensé un temps qu'il y avait réellement un groupe de personnes qui utilisaient ce terme, mais il s'est avéré que ce n'était que Mshak. >>>
Mshak : Mon pronostic : ça gronde dans les rangs. Armée, ODST, Marines, tous unis, des gros bras avec des poings levés.
<<< Quand les soldats deviennent amers, ils ne font plus attention à ce qu'ils disent. Plus ils sont frustrés, plus leurs langues sont déliées. C'est ce qui est en train de se passer. >>>
Mshak : Et le meilleur, c'est que ça devient de plus en plus simple de les repérer dans la Purée-de-poix.
<<< Ah, la Purée-de-poix. Cet énorme amas de données siphonné depuis les réseaux non sécurisés, l'outil de base de tout théoricien du complot. C'est légal car le nombre astronomique de données le rend inutilisable. Mais Mshak à ça pour lui d'avoir été capable de tirer d'en tirer des informations utiles. C'est assez incroyable. J'ai demandé la raison de la grogne au sein des rangs. >>>
Meshach : MJ Un-Un-Sceptre.
<<< Ça veut dire « le Major » en Mshak. >>>
Mshak : Il fait sa petite tambouille dans son coin, loin des regards. On pourrait croire que les troufions n'en auraient rien à cirer, mais en fait non. Les trombones sonnent la note sombre et les rangs grognent, l'armée n'est qu'une grosse masse ronchonnante.
<<< Certains mettraient en doute les motivations et l'allégeance du Major. Certains ont même utilisé le mot « Traître ». >>>
Benjamin : Sérieusement ? D'accord, il désobéit peut-être aux ordres, mais de là à l'accuser de trahison ? Le type qui a sauvé l'humanité plusieurs fois ? C'est–
Mshak : Au final, voilà la question à se poser : MJ est quasiment le président de l'armée, on l'a chargé de protéger la galaxie, on boulot qui requiert une mobilité absolue. Mais ça fait beaucoup de pouvoir pour un seul homme, la dichotomie est là : un pouvoir que nous sommes sensé lui confier.
<<< Mshack n'avait pas tort. Dès qu'il s'agissait de notre sécurité, les questions de pouvoir et de responsabilités finissaient souvent dans l'ombre. Les civils sont tenus à l'écart de ces secrets. Qui est où, que font-ils, et d'après Mshak, cette ignorance pourrait se retourner contre nous. >>>
Mshak : Il y a quelque chose qui se prépare loin dans l'espace, Benjamin. Ça pourrait être des événements dissociés, mais ça peut aussi être quelque chose de très mauvais.
<<< Mshak disait beaucoup de choses, mais il ne parlait jamais sans savoir. Je lui ait demandé ce dont il parlait. >>>
Mshak : Des fluctuations magnétiques, des perturbations du sous-espace, des corruptions épidémiques de données, tout ça, c'est réel, discret mais ça a de réelles conséquences. Des ondes à l'échelle de systèmes planétaires ! Je ne suis pas sûr, mais pour être honnête–
Benjamin : Attends Mshak, ne quitte pas.
<<< Alors que Mshak dépeignait cette horrible réalité, l'interrompre était la dernière chose que je voulais, mais je devais faire face à une réalité tout aussi terrifiante et immédiate. Un événement était apparu sur mon calendrier, envoyé par Sully, sans message. >>>
Giraud : Oh non…
<<< Mon estomac se transforma en une boule de plomb. J'avais un vol à prendre pour les quartiers de l'ONI à Boston dans trois heures, ils m'appelaient là-bas. Ça n'était jamais arrivé. J'ai dis au revoir à Mshack, et il était maintenant certain que ma conversation avec Thomas Wu avait été écoutée. Le temps d'arriver sur Terre, j'étais une incarnation du stress. J'avais passé chaque heure de vol à repasser les événements dans ma tête : les histoires conflictuelles, les possibilités de ce qui se passait à Boston, je ressemblais et me sentais comme un mort. La seule chose dont j'étais sûr était Petra Janecek. Je l'avais contactée avant de partir pour qu'on se rencontre avant que j'arrive au campus de l'ONI, et heureusement, elle a dit oui. Petra et moi travaillons dans le même milieu : nous aidons le gouvernement à polir son image. Je l'avais vu pour la dernière il y a six ans, à la Nouvelle Mombasa, ce jour-là. Nous y étions tous les deux, nous avons tous les deux vu le Major. Après, quand je me suis retiré plus loin dans la galaxie, Petra est resté et s'est fait un nom. J'espérais qu'elle me tendrait une main amicale. Alors je me suis passé de l'eau sur le visage pour me remettre d'aplomb et l'ai rejoint dans un pub proche. >>>
Petra Janecek : Pour un type qui revient d'un pèlerinage de six ans dans l'espace profond, tu es à l'heure, impressionnant.
<<< Elle n'a pas changé. Elle savait que j'avais décroché le job concernant le Major, et elle n'aimais pas ça. Elle attendait toujours son face-à-face avec lui. Je me suis retenu de rire, mais elle a continué sa petite crise de jalousie. >>>
Petra : D'accord, laisse-moi deviner le titre de ton article : « le passé de l'héroïsme ».
Giraud : Un truc du genre.
Petra : Je m'y attendais. À quoi ça ressemble un travail pour Sully maintenant, suivre une liste de sources approuvées par l'ONI ?
Giraud : En effet.
Petra : Mais tu pourrais tout aussi bien le faire depuis ton cailloux perdu dans l'espace profond. Alors que fais-tu là ?
<<< Vous l'avez deviné : Petra en est vite venu aux faits. >>>
Giraud : Sully m'a fait venir.
Petra : Sully ? T'as fait venir ?
Giraud : Oui, c'est de ça dont je voulais te parler.
<<< Je lui ait parlé de ma discussion avec Thomas Wu, comment elle se heurtait à d'autres sources alors qu'il était sensé être une des sources principales de Sully. Mais ça ne l'a pas intrigué, elle a même semblé trouver ça mignon. >>>
Petra : Wow, wow, Ben Giraud, déjà revenu dans la course ?
Giraud : Non, non, c'est que j'ai fait ça sur Waypoint.
<<< C'est là que j'ai eu son attention. >>>
Giraud : Je crois que j'ai été repéré.
Petra : Tu crois…
Giraud : J'ai été appelé par Sully quelques heures après.
<<< Son expression et son ton n'avaient pas changé, mais son regard était en feu. >>>
Petra : Ben…
Giraud : J'ai foiré, Petra.
Petra : Comment ça–
Giraud : L'histoire s'écroulait, il y avait des incohérences entre les sources, et–
Petra : Des incohérences ? Avec des sources de l'ONI ?
Giraud : Non, avec les miennes.
Petra : Tu as été trouvé des sources dans les colonies extérieures ?
Giraud : Oui, oui, j'avais des vieux amis, Sully ne devait pas se douter que j'avais ce genre de ressources–
Petra : Je ne crois pas non plus. Ben, tu était un chien-chien du gouvernement, puis tu disparais au fin fond de l'espace, où tu es sensé être coupé de tout. C'est pour ça qu'ils ton choisi. Tu es sensé être reconnaissant, remuer la queue et aller chercher, pourquoi est-ce que tu es allé pisser sur le tapis ? Tu as oublié comment ce monde tournait ?
Giraud : Non, non, je sais pas, mais ça va mal, Petra–
Petra : Ben…
Giraud : Et ce n'est pas de l'histoire ancienne, il se passe des choses dans les colonies extérieures, des choses terribles, je parlais à un de ces gars la semaine dernière–
Petra : Mshak Miradi, je sais.
Giraud : Je. Comment tu sais ça ?
Petra : J'ai été une véritable journaliste ces six dernières années. Bref, je vois ce que tu veux dire–
Giraud : On pourrait révéler tout ça, Petra !
Petra : Bon, OK, cow-boy–
Giraud : Sérieusement, c'est énorme ! Je ne sais même pas par où commencer pour raccorder les éléments de l'histoire que je suis sensé écrire ! Mes sources disent que le Major est mort à six ans, des sources falsifiées, des enfants génétiquement augmentés–
Petra : Oui, c'est complètement fou un tel tarif pour un voyage sur la côte !
<<< Petra a subitement commencé à parler, fort, de la plage en enfonçant ses ongles dans la peau de mon avant-bras. J'étais confus alors qu'elle racontait n'importe quoi en regardant son terminal de données. J'étais complètement perdu. Alors j'ai compris, et je me suis figé. Ils écoutaient. J'ai remarqué des caméras fixées sur nous, ils étaient partout ici. Il y avait une surveillance audio constante, maintenant ? Était-ce même possible ? Elle regarda son terminal encore une fois. >>>
Petra : Ben ?
Giraud : On nous observe ?
Petra : On nous observait pour les dernières 45 secondes, ils ont toujours des yeux partout alors prend un air moins dramatique. Parle de ce que tu veux, mais fait comme si tu parlais du temps, et si je me met à parler du temps, tu me suis, d'accord ?
<<< Apparemment, le système ne commençait à écouter que si il détectait certains signaux visuels : expressions faciales, langage corporel, tout ce qui semble intense, comme mon dernier emportement. La vidéo vous repère et isole momentanément votre conversation. Le charabia de Petra venait de me sauver. >>>
Petra : [souffle] Bon, écoute, je te crois quand tu dis que la véritable histoire est horrible. Mais ce que tu veux faire, c'est de l'amateur alors que tu peux faire du professionnel.
Giraud : Mais j'ai–
Petra : Sérieusement, qu'est-ce que tu vas faire, Ben ? Sauter sur le scoop ? Tu es resté hors de la boucle trop longtemps pour faire ça.
Giraud : Pas tout seul, mais avec ton aide, et celle d'autres personnes–
Petra : Vraiment, j'aime l'idée de foutre tout ça par terre, mais pas aujourd'hui et, je vais être brutale : surtout pas avec toi.
<<< C'était brutal. J'étais énervé. Mais je savais qu'elle avait raison. >>>
Petra : Ben. Prend le fric, fais le job.
Giraud : Bon sang, merde, je suis sensé y aller…
Petra : Dis à Sully que tu avais quelques degrés dans le sang, que tu t'en est pris à lui sans raison, joue au con. Tu n'es même pas sûr d'avoir été repéré, cette rencontre pourrait être une totale coïncidence.
Giraud : Ils m'ont fait venir à ce moment, c'est tellement bizarre…
Petra : Ça ira, le pire qui peut–
Giraud : Ils n'avaient jamais appelé…
Petra : Ben. Le pire qui peut arriver, c'est qu'ils annulent tout et te mettent à la porte. Ce sera tout. Je les vois mal… Non, ce sera tout. Sois un bon chien, reste en vie. L'addition est pour moi.
Giraud : Merci Petra…
Petra : Et avant d'y aller, je te conseille de donner tout ce que tu as à quelqu'un de confiance. Juste au cas où…
<<< C'était l'unique touche d'attention que je pouvais attendre d'elle. J'ai immédiatement commencer à préparer mes fichiers pour les envoyer à Ray alors que je tournais l'avenue vers l'ONI. Le campus était parfaitement implanté dans la ville : une cour, des immeubles noirs, des chênes, de l'herbe, un trottoir, … C'était un campus. Seul le trottoir était différent. Deux fois plus large que les autres dans la même rue. Et la moitié intérieure était fait de pierre noire. Une large bordure d'environ un mètre autour du complexe. Je me suis avancé droit vers cette bande d'obsidienne, mais quelque chose était bizarre dans la cour devant moi. Il manquait quelque chose. J'ai regardé dans les deux directions sur le trottoir. Il n'y avait aucune barrière et aucun garde. Plein de passants, qui ne prêtaient pas attention au complexe, à l'exception d'une chose : aucun, pas un seul des travailleurs à la peau blanche, acheteurs, parents et enfants, ne marchait près de la moitié noire du trottoir. Sur un trottoir de quelques mètres, ils marchaient tous sur une seule file. Je me suis tourné vers le campus et ait écouté. Aucun oiseau. Voilà ce qui manquait. Aucun oiseau dans les arbres. En fait, il n'y avait aucun son dans l'air. Rien ne bougeait. Je restais à la limite de l'obsidienne. Je n'avais pas le choix. Je transférais les fichiers vers le disque dur de Ray, prenait une longue inspiration, et traversait la ligne noire.
Rejoignez-moi pour le prochain épisode de la Traque de la Vérité. >>>