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"Il y a des mots et des idées que tu dois connaître’’, dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. Oh oh…, pensa-t-il.  
"Il y a des mots et des idées que tu dois connaître’’, dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. Oh oh…, pensa-t-il.  
"Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres.’’ Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans la moindre égratignure. Les choses étaient très différentes maintenant comme dans d'autres moments difficiles, il aurait dû être intelligent, et souple, et penser pour tout son peuple.
"Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres.’’ Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans la moindre égratignure. Les choses étaient très différentes maintenant comme dans d'autres moments difficiles, il aurait dû être intelligent, et souple, et penser pour tout son peuple.
La lumière du bijou s'éleva autour de sa tête, pénétra dans ses yeux et ses oreilles, se répandit à travers son cou dans sa poitrine et son corps. Il leva les bras et vit ses veines briller. Elles étaient si nombreuses, si vivantes, si belles ! Et Riser n'avait pas peur. La lueur s’estompa et sa peau redevint opaque. Il s’étira. Il était différent, mais seulement un peu. Il ne se rappelais plus de la douleur. Cela l'inquiétait. Qu'est-ce qu'il oublierait d'autre ? "Où sommes-nous ?" demanda-t-il. Trial ferma tristement le lit vide comme si elle savait que c'était la dernière fois qu'il serait utilisé.
"Nous sommes dans un établissement médical bien au-dessus de la deuxième Arche, loin de la galaxie, dit-elle, un endroit sûr. Les humains resteront ici pendant qu'on se prépare. Puis, vous retournerez à Erde-Tyrene."
"Et où iront les Forerunners ?"
Sa tristesse s'aggrava. "Nous allons bientôt réveiller le reste des chamanush et les préparer. S'il te plaît, viens avec moi."
Riser suivi Trial alors que les bio créateurs soulevaient les auvents des lits et réveillaient chaque dormeur avec l'éclat de la lumière. Ils ouvrirent les yeux, leurs veines brillèrent, ils devinrent un peu différents aussi. Il y avait une trentaine de k'chamanush tout compte fait, pas un grand groupe, mais cela lui convenait. Comme toujours, peu nombreux et petits, et fiers de cela.
"Ils sont prêts maintenant," dit Trial, "Ils ont besoin que tu sois fort." Évidemment. Riser pris la position d'un leader, il salua les nouveaux réveillés avec un chant de perte et de rétablissement. Cette chanson était puissante, sans aucune descente. Rien que cela leur disait ce qu'ils avaient besoin de savoir : ils étaient toujours en difficulté, toujours pas libres. Leurs vies n'étaient toujours pas entre leurs mains.
Il en avait déjà rencontré certains qu'il avait connus sur Erde-Tyrene. D'autres qu'il avait rencontrés pendant son séjour chez les Forerunners, mais aussi certains qu'il ne connaissait pas du tout. Ils semblaient tous étonnés d'être en présence des Bio créateurs qui ressemblaient énormément à la Dame qui était venue à eux avant leur naissance. Mais elle n'était pas là.
Avec les nouveaux généplans et la nouvelle connaissance se répandant dans son corps, Riser essaya de mettre de l'ordre dans ses souvenirs les plus récents et de voir plus clairement ce qu'ils impliquent.
Ce n'est pas bon.
Un changement énorme.
Lorsque le grand vaisseau est arrivé à l'Arche, les Bio créateurs ont rassemblé tous les humains et les ont guidés à travers l'immense cale caverneuse jusqu'à un groupe de plus petits vaisseaux ronds et argentés comme des gros poissons. À l'intérieur du vaisseau de Riser, il faisait noir, il y avait énormément de monde qui faisaient des bruits étranges. Les k'chamanush se tenaient nerveusement l'un l'autre, se serraient les mains et se lamentaient. Riser essayait de les calmer en sifflotant une chanson.
"J'ai déjà été dans ces endroits", dit-il en chantonnant. "Nous pouvons faire confiance aux Bio créateurs, ils servent la Dame." Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants se tournaient vers lui pour obtenir des conseils. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé les jeunes Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Riser se gonfla de fierté en y repensant.
Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Riser émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeurs des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements de portes étaient également étranges. Tissé d'une fibre cuivrée et brillante, discordant et fausse. Il était ravi. Typique. Les précurseurs avaient étudié les villages humains et les avaient ensuite copiés sans comprendre comment ils étaient utilisés ou de quoi ils étaient faits. Ils gouvernaient le ciel, mais ne savaient rien de ce qui se cachait en dessous.
Les terres entourant le village étaient également fausses. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Les buissons fleuris poussaient à partir du sol. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était bizarre aussi. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil dont il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il a rencontré Novelastre. Cette immense fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Riser vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement Forerunner, faux, immense au-delà de son entendement, impossible !
A côté du faux soleil, presque obscurci par cette brillance, il pouvait distinguer de sombres spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant trempant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erde-Tyrene. Certains l'avaient appelé le lait brillant trempé dans la rivière céleste, et disaient que c'était le rassemblement de toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Trial, elle le regarda. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement.
"C'est la galaxie", répondit Trial. Sa confusion était douloureuse.
"Vous m’avez donné des mots mais je ne les sens toujours pas !"  Dit Riser. Autour de lui, les autres, son peuple et les plus grands humains perdus dans l'immensité, commencèrent à gémir. Trial regarda autour d'elle avec un visage sévère, et tapota ses mains ensemble. Les gémissements cessèrent. Impressionnant, pensa Riser. Elle n'est pas si jeune.
"Ici, il y a tous les soleils et tous les mondes que nous connaissons, y compris celui que vous connaissiez, dit-elle. "Où nous sommes, l'Arche, est bien loin de ces soleils. Il n'y a aucune raison de crier, vous êtes en sécurité ici. Nous sommes tous en sécurité ici, protégés de tout ce qui s'est passé." Riser décida d’essayer. Il regarda l'axe des galaxies, essayant de mieux comprendre. Les autres le regardaient, certains craintifs, gémissant pendant qu'il essayait de tout assimiler. C'est génial ! Tellement sombre, et beau ! D'ici, c'est comme si c'était un rêve, un grand endroit, dans lequel il n'était qu'une toute petite partie.
C'était peut-être le rêve de la Dame.
Il pourrait vivre avec ça.
Il pourrait vivre dans le rêve de la Dame.
Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du bijou apparue devant ses yeux et il vit pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes qui s'étendent jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ceux qu’il connaissait avait disparu ! Des corps recroquevillées n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haïssait tous, il haïssait la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. Un moment en vie et l'instant d'après…. Même pas mort, juste parti ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre dans l’autre monde sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider.

Version du 11 juillet 2019 à 14:52

Traduction Halo Rebirth

Rebirth. Par Erik Bear et Greg Bear.

Un instant après son réveil, Riser crut qu’il était mort. Tout était sombre et froid et il ne pouvait pas bouger. De minuscules lumière clignotaient, remplissant son champ de vision. Puis une main invisible desserra sa prise et il put bouger ses bras. Il s'assis, se cogna la tête, se crispa et s'allongea de nouveau. Le choc le sonna et il étouffa un juron du fond de sa gorge. Mais personne ne pouvait l'entendre. Il était allongé, seul et enfermé dans un lit. En se levant un peu, il pouvait voir, à travers un auvent transparent, des rangées constituées de centaines d'autres lits dans une grande et longue chambre, froide, bleue et sombre. Ce qu'il put voire confirma que ces lits étaient occupés par des ha’’manush et des cha’’manush encore endormis, Riser lui, était réveillé. Lentement, atteignant les endroits où il pouvait se gratter, examinant sa peau, sa fourrure, ses côtes et ses membres supérieurs, il se rappela où il se trouvait : dans le ventre d'un vaisseau Forerunner. Les précurseurs les avaient capturés depuis la grande Arche, disant que c'était le seul moyen de les sauver, de tout sauver. "Comment vous sentez-vous ?" demanda une voix. Il sursauta, puis regarda à sa gauche et vit une femelle Forerunner. Elle ressemblait un peu à la bio créatrice qui est venu dans ses rêves, mais ce n’était pas elle. Personne d'autre ne pouvait être la Dame. L’auvent du lit s’ouvrit, Riser en sortit lentement, avec une grande dignité. C'était sérieux. Il devait faire preuve de force et de calme. Il devait faire attention. Comme toutes les Forerunners, cette femelle était beaucoup plus grande que les Floriens, plus grande dans tous les aspects que n'importe quel humain. Son armure était décorée de glands argentés qui brillaient à ses moindres gestes. Scintillante comme la pluie sur un feu de camp, elle lui tendit la main. Il se retira, mais elle était rapide, de sa main jaillit un joyau liquide brillant et pulsant. Elle manipula ce rayonnement avec le sixième doigt de son autre main. Riser regarda autour de lui, les paupières tremblantes, mais ne vit aucun moyen de s'échapper. Constatant ce fait, il décida qu'il était peut-être temps d'apprendre pourquoi il était vivant, pourquoi tous ces humains étaient vivants, qui était ici, et qui ne l'était pas. Il y avait eu le jardin, les retrouvailles, la séparation, la douleur, tout dans la douleur ! Mais assez de ça. Il s'étira les articulations et se frotta les bras. Sa fourrure était propre, trop propre. Ils lui avaient fait quelque chose ! La Forerunner le surveillait de près. Il n'aimait pas l'examen minutieux de ces grands animaux. « Courbature » se plaignit-il sur un ton mesuré. Les menaces et les fanfaronnades étaient inutiles ici, il le savait très bien. "Il faut s'attendre à des courbatures", dit la Forerunner, parlant sa langue comme si elle la parlait depuis sa naissance. La peur de Riser grandissait. Il ne voulait pas que les Forerunners fassent à nouveau attention à lui. Il voulait partir. La chambre lui rappelait la galerie des fantômes sur le Halo. Trop froid, trop propre, sans odeur. Les bras de la Forerunner se hérissèrent et il s'éloigna de la grande femelle jusqu'à ce que ses pieds arrivent au bord de la plate-forme. La Forerunner se rapprocha. D'après le peu qu'il comprenait des expressions de Forerunner, elle semblait inquiète. Elle voulait peut-être être gentille. Il ne faisait confiance à rien de tout cela, pas tout de suite. Il ne savait que trop bien de quoi les Forerunners étaient capables. Ils avaient autrefois réduit les humains à la quasi-extinction. Quel sort cruel nous réservaient-ils cette fois ? "Tu es Riser," dit-elle. L'éclat se répandit autour de lui. Son corps était apaisé, mais pas son esprit. C'est le nom qu'utilisaient ses amis, mais il ne lui avait pas donné la permission de l’utiliser. "J'ai une triste nouvelle, Riser. Nous n'en avons sauvé que quelques-uns de votre espèce, chamanush." Elle n’avait pas utilisé le bon mot. Si la plupart des gens de son espèce étaient maintenant morts, ou perdus, ou loin de tout centre spirituel, les noms auraient dû changer pour refléter une telle perte. Si tant de membres de son peuple étaient morts, ils devraient maintenant s’appeler K'chamanush. Ainsi, la femme Forerunner ne savait pas tout. Chakas aurait compris. N'importe quel humain sur Erde-Tyrene aurait su exprimer son respect pour ceux qui sont partis. Mais à quelle distance ? Trop loin pour l'atteindre ? S'il mourait sur ce vaisseau, retrouverait-il les morts ? Il haussa les épaules. "Nous n'avons jamais été nombreux, dit-il en regardant autour de lui en louchant, "Combien maintenant ? Dans la direction de la femelle, les lumières de la chambre brillaient plus fort. Il vit que d'autres Forerunners examinaient les dormeurs, pour la plupart de plus gros humains. Il essaya de compter, mais eux aussi n'étaient pas nombreux. Et ces Précurseurs étaient tous des bio créateurs, il n'y avait aucun combattant, aucun comme le Didacte. Si peu de gens. "Combien reste-t-il de votre peuple ?" demanda Riser d'une voix basse, ne sachant pas ce qu'il voulait entendre. Elle ne lui dit rien. Peut-être qu’elle ne voulait pas entendre la vérité. Peut-être qu'elle ne le savait pas. "Je m'appelle Grandie par les épreuves du changement", dit-elle. "Celui qu'on appelle Riser peut m'appeler Trial." Au moins, elle essayait de suivre les formules de politesse. Il pinça ses lèvres. "Trial," dit-il prononçant ce nom assez bien. Il leva la main droite et tendit les doigts pour qu'elle le touche. Elle sourit. Qu'elle puisse sourire le frappa étrangement. Il n'avait jamais vu la Dame sourire, pas dans ses rêves. Le Didacte n'avait jamais souri non plus. Novelastre, cependant, avait été capable de faire une sorte de rictus avec ses lèvres. Celle-ci, Trial, était peut-être jeune, comme Novelastre. Elle ne sait peut-être pas grand-chose, mais elle était apparemment responsable. Après quelques hésitations, elle tendit prudemment les doigts pour toucher les siens. Avec une grimace et un claquement de dents, il saisit son poignet et lui griffa rapidement le dos de la main avec son ongle épais. La Bio créatrice ne broncha pas. Pas au début. L'égratignure s'était vite refermée, mais Riser avait senti son sang pendant un moment. Sa peau était fraîche, même froide. Mais elle était faite de chair, ce n’était ni une machine, ni un esprit. "Il y a des mots et des idées que tu dois connaître’’, dit seulement la femme en retirant sa main. Elle la secoua un peu, ce qui lui fit plaisir, et il ricanât. Puis elle eut l'air sombre. Oh oh…, pensa-t-il. "Vous avez déjà des connaissances, dit-elle, une nouvelle sorte de généplan. En voici d'autres.’’ Le joyau rayonnant grandit. Il essaya de repousser sa lumière, mais quelque chose le maintenait en place. Il leva les yeux vers son visage sérieux et se força à se rendre sans la moindre égratignure. Les choses étaient très différentes maintenant comme dans d'autres moments difficiles, il aurait dû être intelligent, et souple, et penser pour tout son peuple. La lumière du bijou s'éleva autour de sa tête, pénétra dans ses yeux et ses oreilles, se répandit à travers son cou dans sa poitrine et son corps. Il leva les bras et vit ses veines briller. Elles étaient si nombreuses, si vivantes, si belles ! Et Riser n'avait pas peur. La lueur s’estompa et sa peau redevint opaque. Il s’étira. Il était différent, mais seulement un peu. Il ne se rappelais plus de la douleur. Cela l'inquiétait. Qu'est-ce qu'il oublierait d'autre ? "Où sommes-nous ?" demanda-t-il. Trial ferma tristement le lit vide comme si elle savait que c'était la dernière fois qu'il serait utilisé. "Nous sommes dans un établissement médical bien au-dessus de la deuxième Arche, loin de la galaxie, dit-elle, un endroit sûr. Les humains resteront ici pendant qu'on se prépare. Puis, vous retournerez à Erde-Tyrene." "Et où iront les Forerunners ?" Sa tristesse s'aggrava. "Nous allons bientôt réveiller le reste des chamanush et les préparer. S'il te plaît, viens avec moi." Riser suivi Trial alors que les bio créateurs soulevaient les auvents des lits et réveillaient chaque dormeur avec l'éclat de la lumière. Ils ouvrirent les yeux, leurs veines brillèrent, ils devinrent un peu différents aussi. Il y avait une trentaine de k'chamanush tout compte fait, pas un grand groupe, mais cela lui convenait. Comme toujours, peu nombreux et petits, et fiers de cela. "Ils sont prêts maintenant," dit Trial, "Ils ont besoin que tu sois fort." Évidemment. Riser pris la position d'un leader, il salua les nouveaux réveillés avec un chant de perte et de rétablissement. Cette chanson était puissante, sans aucune descente. Rien que cela leur disait ce qu'ils avaient besoin de savoir : ils étaient toujours en difficulté, toujours pas libres. Leurs vies n'étaient toujours pas entre leurs mains. Il en avait déjà rencontré certains qu'il avait connus sur Erde-Tyrene. D'autres qu'il avait rencontrés pendant son séjour chez les Forerunners, mais aussi certains qu'il ne connaissait pas du tout. Ils semblaient tous étonnés d'être en présence des Bio créateurs qui ressemblaient énormément à la Dame qui était venue à eux avant leur naissance. Mais elle n'était pas là. Avec les nouveaux généplans et la nouvelle connaissance se répandant dans son corps, Riser essaya de mettre de l'ordre dans ses souvenirs les plus récents et de voir plus clairement ce qu'ils impliquent. Ce n'est pas bon. Un changement énorme. Lorsque le grand vaisseau est arrivé à l'Arche, les Bio créateurs ont rassemblé tous les humains et les ont guidés à travers l'immense cale caverneuse jusqu'à un groupe de plus petits vaisseaux ronds et argentés comme des gros poissons. À l'intérieur du vaisseau de Riser, il faisait noir, il y avait énormément de monde qui faisaient des bruits étranges. Les k'chamanush se tenaient nerveusement l'un l'autre, se serraient les mains et se lamentaient. Riser essayait de les calmer en sifflotant une chanson. "J'ai déjà été dans ces endroits", dit-il en chantonnant. "Nous pouvons faire confiance aux Bio créateurs, ils servent la Dame." Tout le monde avait besoin de se calmer, alors il leur dit ce qu'ils avaient besoin d'entendre. Les survivants se tournaient vers lui pour obtenir des conseils. Il était habitué. Il avait dirigé une grande partie de la ville de Marontik autrefois. Il avait formé les jeunes Chakas à l'art du vol et de la tromperie, et il avait mordu le Didacte ! La poitrine de Riser se gonfla de fierté en y repensant.

Le vaisseau ouvrit ses portes sur une colline surplombant l'orée d'un village étrange. Riser émergea le premier, étira théâtralement ses membres et renifla l'air. Les autres restèrent en arrière. Des groupes de huttes métalliques avaient été disposés au hasard le long d'une rivière peu profonde et sinueuse. Des chemins de terre entouraient les huttes, mais il n’y avait pas l’odeur des animaux ou des habitants, ni l’odeurs des flatulences et de la sueur. L'odeur de la vie. Les revêtements de portes étaient également étranges. Tissé d'une fibre cuivrée et brillante, discordant et fausse. Il était ravi. Typique. Les précurseurs avaient étudié les villages humains et les avaient ensuite copiés sans comprendre comment ils étaient utilisés ou de quoi ils étaient faits. Ils gouvernaient le ciel, mais ne savaient rien de ce qui se cachait en dessous. Les terres entourant le village étaient également fausses. De grands arbres à feuilles minces qu'il ne reconnaissait pas se dressaient ici et là, sans bosquets, sans enthousiasme. Ils étaient eux-mêmes des étrangers ici. Les buissons fleuris poussaient à partir du sol. Encore une fois, il n'en avait jamais vu auparavant. Leurs fleurs sortaient de tiges jaunes touffetées qui se balançaient dans la brise stérile. Tout était trop propre, trop frais. Comme juste avant un orage. La lumière était bizarre aussi. Il leva les yeux vers le soleil. Pas du tout comme le soleil dont il était habitué, ni aucun des soleils qu'il a vu depuis qu'il a rencontré Novelastre. Cette immense fausse lumière s'accrochait et pivotait sur le côté pour projeter des ombres nocturnes sur des terres lointaines. Riser vacilla, étourdi. Des terres s'élevaient de tous les côtés, comme les pétales d’une fleur. Typiquement Forerunner, faux, immense au-delà de son entendement, impossible ! A côté du faux soleil, presque obscurci par cette brillance, il pouvait distinguer de sombres spirales tourbillonnantes qui brillaient d'un pouvoir fantomatique. Comme du lait dégoulinant trempant dans de la boue noire sous le clair de lune. Ces tourbillons devaient être très grands et très éloignés. Il avait déjà vu quelque chose dans ce genre sur Erde-Tyrene. Certains l'avaient appelé le lait brillant trempé dans la rivière céleste, et disaient que c'était le rassemblement de toutes les lumières spirituelles errantes, mais ce n’était pas la même chose. Ce n'était pas du tout la même chose. Rien de familier ! Il donna un coup de coude à Trial, elle le regarda. "Qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il en pointant du doigt les tourbillons. Les autres l’écoutèrent attentivement. "C'est la galaxie", répondit Trial. Sa confusion était douloureuse. "Vous m’avez donné des mots mais je ne les sens toujours pas !" Dit Riser. Autour de lui, les autres, son peuple et les plus grands humains perdus dans l'immensité, commencèrent à gémir. Trial regarda autour d'elle avec un visage sévère, et tapota ses mains ensemble. Les gémissements cessèrent. Impressionnant, pensa Riser. Elle n'est pas si jeune. "Ici, il y a tous les soleils et tous les mondes que nous connaissons, y compris celui que vous connaissiez, dit-elle. "Où nous sommes, l'Arche, est bien loin de ces soleils. Il n'y a aucune raison de crier, vous êtes en sécurité ici. Nous sommes tous en sécurité ici, protégés de tout ce qui s'est passé." Riser décida d’essayer. Il regarda l'axe des galaxies, essayant de mieux comprendre. Les autres le regardaient, certains craintifs, gémissant pendant qu'il essayait de tout assimiler. C'est génial ! Tellement sombre, et beau ! D'ici, c'est comme si c'était un rêve, un grand endroit, dans lequel il n'était qu'une toute petite partie. C'était peut-être le rêve de la Dame. Il pourrait vivre avec ça. Il pourrait vivre dans le rêve de la Dame. Puis quelque chose dans sa tête s’illumina et les nouveaux généplans firent surgir des souvenirs à la fois anciens et nouveaux. Les mots et les images du bijou apparue devant ses yeux et il vit pour la première fois, la désolation. Des villages désertés, des fermes abandonnées, des routes qui s'étendent jusqu'aux maisons vides. Le grand monde nettoyé et balayé comme si la peste avait envahi les huttes ! Tout ceux qu’il connaissait avait disparu ! Des corps recroquevillées n’ayant même pas eu le temps de pourrir ! Se dissolvant, s'enfonçant dans la terre ! Il pleura. Pas même des os à enterrer ou à brûler ! Pendant un moment, il les haïssait tous, il haïssait la Dame ! Il grogna et sa fourrure se hérissa. Les autres pleurnichaient et reculaient. Avaient-ils souffert ? Il espérait que ce fût rapide. Un moment en vie et l'instant d'après…. Même pas mort, juste parti ! Il se demandait si tous les morts pouvaient se rendre dans l’autre monde sans quelqu'un comme lui pour chanter leurs noms et les guider.